En marge du 22ème Salon international de l'artisanat traditionnel qui s'est tenu du 13 au 19 mars dernier, un atelier de travail sur le thème «l'artisanat traditionnel au service des projets hôteliers» a été organisé par l'Anart au pavillon A du Palais des expositions des Pins maritimes à Alger. Pour en parler, plusieurs conférenciers étaient au programme dont on citera, le directeur général de l'artisanat au ministère du Tourisme et de l'Artisanat, Sofiane Zoubir, directeur des investissements, Barchiche Faïza, directrice général de l'Anart et des représentants de Chambres des arts et métiers. La salle était comble et l'intérêt manifeste. Dans sa communication d'ouverture, Sofiane Zoubir commencera par établir le lien étroit entre le tourisme et l'artisanat. «L'un se nourrit de l'autre et ils sont tenus de s'accompagner pour leur réussite», dira-t-il. Il ajoutera qu'«ils sont intrinsèquement liés et pas seulement au moment de l'exploitation des établissements, mais depuis la conception jusqu'à sa finalisation en passant par l'étape de l'aménagement et de la décoration». En effet, l'art et la manière des artisans peuvent, voire, doivent être sollicités à toutes les étapes de la réalisation du projet hôtelier. Et c'est pour cela que «nous allons mettre en relation les investisseurs avec les artisans dans des filières liées à la conception et la réalisation des hôtels» révèlera le directeur des investissements. A son exploitation, l'hôtelier devrait dédier un espace pour la commercialisation du produit artisanal. Sofiane Zoubir citera l'exemple de la CAM de Médéa qui a assuré l'équipement d'un hôtel par des artisans et celui d'une usine à Oran qui fabrique des équipements destinés exclusivement aux hôtels. «C'est en cela que l'artisanat s'impose comme un acteur de l'économie durable sur lequel on peut compter.» concluera-t-il. Le relayant et abondant dans le même sens, Faïza Barchiche fera part de l'expérience de l'Anart dans ce domaine. «En 2007, dira-t-elle, nous avons été sollicités par le Groupe HTT dans le cadre de la modernisation du centre de vacances de Zéralda et plus particulièrement le réaménagement des bungalows.» «L'intérêt de l'Anart, dans ce projet est de faire intervenir les artisans qui ont une expérience avérée dans le domaine, d'une part et, d'autre part, apposer l'empreinte artisanale dans l'aménagement et la décoration dans les infrastructures hôtelières alliant tradition et modernité.» Il s'agissait de reprendre les travaux de Fernand Pouillon portant notamment sur la céramique, le revêtement du sol, la boiserie pour un total de 10 lots avoisinant les 10 millions de dinars. Les interventions pendant les débats abondent dans le même sens. S'ils expriment le même intérêt pour ce projet de partenariat «hôtellerie-artisanat», les intervenants apportent toutefois un bémol. «La situation, actuellement, est peu reluisante, affirmera Kendriche, artisan à Bouira. Nous vivons l'ère du steak frites dans une assiette chinoise», signifiant par là que même l'art culinaire algérien est marginalisé dans les hôtels au profit de la cuisine étrangère. Par ailleurs, «est-ce que l'artisanat et les artisans disposent actuellement des moyens requis pour intervenir efficacement, durablement et sur l'ensemble des projets, nombreux, actuellement en cours?», comme il soulignera dans son intervention. Surtout que, de l'avis de tous, il demeure encore de nombreuses lacunes en matière de moyens et de qualification. Et quand bien même, ces moyens étaient mobilisés, pourrait-on obliger un investisseur à faire appel aux artisans quand les prix sont l'un des premiers si ce n'est le premier paramètre pour le choix d'un prestataire. L'intérêt de l'hôtellerie ne date pas en réalité, d'aujourd'hui. La céramique de Boumehdi à l'hôtel El Djazaïr en est la meilleure preuve. Les expositions permanentes d'artisanat dans ce même établissement et à l'hôtel El Aurassi sont des traditions anciennes et bien établies. Ils confirment que le tourisme et l'artisanat sont étroitement liés. Un destin commun.