Plébiscité avec 74% des voix, Vladimir Poutine est réélu pour un 4e mandat Vladimir Vladimirovitch Poutine est aux portes de l'Histoire, non pas parce qu'il est assurément cet homme fort tant décrié par les médias occidentaux qui le haïssent autant que son peuple le vénère, mais parce qu'il incarne, aux yeux de beaucoup d'autres peuples, une certaine espérance. Tandis que les scrutateurs internationaux attendaient avec impatience les «chiffres de l'abstention», ultime argument pour disqualifier le vainqueur de cette élection présidentielle russe, le score de Vladimir Poutine a retenti comme une salve sans précédent puisqu'il a obtenu 76,7% des suffrages. Ce score le conforte dans un contexte de crise avec les pays occidentaux et il traduit, après une vingtaine d'années de présence aux commandes de la Russie, un vote de confiance des électeurs russes qui le propulsent jusqu'en 2024 avec un quatrième mandat.Très vite, ses détracteurs, infatigables, ont posé la question de savoir s'il allait rempiler au terme de cette législature, c'est-à-dire à 72 ans, et sa réponse a été, comme à son habitude, empreinte d'une ironie très poutinienne: «Vous devez plaisanter. Qu'est-ce que je dois faire? Rester ici jusqu'à mes 100 ans? Non, bien sûr que non.» Avec plus de 56 millions de voix, il l'emporte très loin devant ses rivaux alors que le taux de participation, malgré les prédictions des mauvais augures, a été légèrement au-dessus de celui de 2012 avec 64, 7%. Bien entendu, on trouvera tous les arguments spécieux pour tenter de contester ce chiffre comme ces attaques sur le «bourrage des urnes, la mobilisation coercitive des électeurs» et autres arguties. Les médias «spécialisés» n'ont pas lésiné sur les critiques, parlant de «milliers d'irrégularités» avant de reconnaître, la mort dans l'âme, que Vladimir Poutine a été largement réélu et qu'il n'y a pas eu d'abstention massive. C'était faire peu cas de l'opinion russe, dans un contexte international marqué par une véritable Guerre froide qui n'a rien à envier aux pires moments du bras de fer entre l'ex-Urss et les puissances occidentales. Plus les attaques et les reproches abondent, souvent de manière superfétatoire, plus la majorité des Russes serre les rangs autour de son chef d'Etat, conscient que l'hallali est sonné parce que la stratégie est bonne. Poutine, depuis une dizaine d'années, a rendu confiance et fierté nationale à la Russie et il a marqué de son sceau le retour de son pays sur la scène internationale, notamment en Syrie où il a tenu bon malgré une pluie d'accusations à l'emporte-pièce. Car quand on veut noyer son chien, il ne suffit pas toujours de l'accuser de la rage. Encore faut-il la lui inoculer, insidieusement! Fort heureusement pour la Syrie, la Russie est restée de marbre face à un déluge d'accusations dont la mauvaise foi le dispute au... cynisme. Et le «maître du Kremlin», comme on se plaît à dire, peut légitimement remercier ses concitoyens, mobilisés pour la «renaissance de la Fédération de Russie, contre vents et marées».Plus que jamais, Vladimir Poutine est aux portes de l'Histoire, non pas parce qu'il est assurément cet homme fort tant décrié par les médias occidentaux qui le haïssent autant que son peuple le vénère, mais parce qu'il incarne, aux yeux de beaucoup d'autres peuples encore sous le joug de l'oppression et de l'exploitation, une certaine espérance. Il ne faut pas s'y tromper, l'acharnement avec lequel sa politique est combattue va bien au-delà des seuls enjeux européens, comme en Ukraine et en Crimée, ou moyen-orientaux, comme en Syrie et, à un degré moindre, en Libye. La peur de ses détracteurs est que cette embellie ne se poursuive jusqu'à mettre à genoux la volonté de puissance nietzschéenne des Etats-Unis et de leurs affidés, un temps devenus seuls maîtres du monde au point d'imposer leur diktat avec un mépris et une arrogance absolus. Le peuple palestinien, dont le martyre perdure depuis des décennies, en sait quelque chose! On connaît les causes de la vindicte, qu'il s'agisse de la crise ukrainienne, du conflit syrien, de l'ingérence supposée dans l'élection présidentielle américaine ou, récemment, de l'affaire de l'empoisonnement d'un ex-agent double au Royaume-Uni. Poutine qui s'exprime fort peu sur ces questions, a qualifié, hier, les accusations britanniques de «grand n'importe quoi»! Et tout porte à croire, en effet, que la manoeuvre vise, de manière ostentatoire, la prochaine Coupe du monde dont il faut empêcher la Russie de tirer un quelconque bénéfice. Dans la foulée, il a proposé une coopération que Londres va s'empresser de rejeter, tout en réclamant des preuves tangibles à même d'étayer ces accusations circonstanciées. Autre sujet qui est négligé par les observateurs: les scores somme toute conformes aux estimations des sondages qu'ont obtenus les autres candidats. Principal adversaire de Poutine, le représentant du Parti communiste, Pavel Groudinine, surnommé le roi de la fraise parce qu'il active, entre autres, dans cette production sanctionnée par une ancienne ferme d'Etat où les acquis sociaux font saliver un grand nombre de Russes, totalise 11,9% des voix, un record par rapport à celui de son prédécesseur, Guennadi Ziouganov (73 ans), un dinosaure de la politique qui, après quatre tentatives présidentielles, flirtait difficilement avec le mur des 5% de suffrages. Loin derrière, on trouve l'ultranationaliste Vladimir Jirinovski avec 5,66% des voix et la tempétueuse représentante de l'opposition libérale, Ksénia Sobtchak avec 1,67%. «Nous allons travailler tout aussi dur, d'une manière tout autant responsable et efficace», a proclamé Vladimir Poutine devant ses partisans, convaincu que la victoire est due à «la reconnaissance que beaucoup de choses ont été faites dans des conditions très difficiles». On s'en doute aisément, la première puissance à féliciter le chef du Kremlin aura été la Chine qui, par la voix du président Xi Jinping, a salué hier une relation sino-russe «à son meilleur niveau historique». Le président vénézuélien Nicolas Maduro a, lui aussi, promptement félicité M. Poutine, tandis que le président iranien, Hassan Rohani, saluait une «victoire décisive». Mais aucune capitale occidentale ne l'a encore fait jusque dans l'après-midi. La chancelière allemande, Angela Merkel, a déclaré qu'elle «allait bientôt le faire», expliquant le manque d'ardeur par le fait que des sujets de discorde sont sur la table, notamment l'Ukraine et la Crimée, tout en admettant que Moscou pèse lourdement sur la scène européenne. Preuve que, quelles que soient les réticences occidentales, la réélection de Vladimir Poutine impose la prise en compte d'une Russie peut-être difficile, mais sûrement incontournable dans l'arène internationale.