Plus de 100 millions de Russes sont appelés à voter à l'élection présidentielle ce dimanche, pour désigner un candidat qui dirigera la Russie pour six nouvelles années. Sans beaucoup de suspense, les dés semblent pipés pour les sept autres candidats qui veulent défier un Poutine conquérant et assuré de sortir victorieux. Pour certains hommes d'Etat, le pouvoir est comme une drogue. Ils ne peuvent pas s'en passer. Et Vladimir Poutine en fait partie. En se présentant pour la troisième fois à l'élection présidentielle russe qui aura lieu ce dimanche, l'homme fort du Kremlin est quasiment assuré de l'emporter face à des adversaires peu connus et inexpérimentés. S'appuyant sur sa popularité et sur son bilan plutôt favorable sur la scène internationale, l'ancien espion du KGB, qui était en poste à Dresde en 1985, devrait, sauf grande surprise, se réveiller lundi matin dans les habits de président de la Russie. Un sondage réalisé par un institut russe, VTsIOM, le crédite de 71,5% d'intentions de vote, se plaçant très loin devant ses adversaires, dont certains n'apparaissent même pas sur les radars des instituts de sondage. De taille moyenne, sportif, regard froid, ne souriant que rarement, Vladimir Poutine est au pouvoir depuis 2000, soit en tant que Premier ministre soit comme président. Il ne cesse de se partager depuis 18 ans les rôles avec l'actuel chef du gouvernement, Dimitri Medvedev, avec qui il gère le pays. La coupe du monde de football, une véritable tribune pour Poutine Se positionnant au-dessus de la mêlée et refusant de participer au moindre débat avec ses adversaires, Vladimir Poutine se présente comme candidat indépendant, une manière pour lui de se montrer en grand rassembleur d'une Russie revenant subrepticement sur la scène mondiale. L'organisation de la Coupe du monde de football, l'un des événements sportifs les plus suivis au monde, devrait être pour lui la meilleure occasion pour affirmer la grandeur de son pays, qui a annexé la Crimée en 2014 et permis à Bachar Al Assad de sauver son régime après avoir été menacé par l'Etat islamique et l'opposition démocratique syrienne. Pour garder tout de même un contact avec ses électeurs, Vladimir Poutine a effectué des déplacements symboliques, comme celui qui l'a mené récemment à la ville de Sébastopol en Crimée «libérée». Jouant sur les images et les symboles, Vladimir Poutine s'est laissé filmer alors qu'il plongeait dans l'eau glacée à l'occasion de l'Epiphanie orthodoxe, ou en faisant de la musculation et du tir. En faisant ainsi, l'homme du Kremlin a voulu frapper les esprits et rassurer ses concitoyens qu'il reste toujours l'homme qu'il faut pour la Russie et celui qui est capable de tenir tête à Donald Trump. Engagé sur de nombreux dossiers (Syrie, Iran, Coupe du monde, Crimée, G8…), Vladimir Poutine a tout simplement étouffé ses 7 adversaires qui n'arrivent pas à sortir la tête de l'eau. D'ailleurs, les instituts de sondage ne donnent à aucun eux au-delà de 7% à 10% d'intentions de voix. Les russes toujours traumatisés par les images d'Eltsine malade Et même si de nouveaux candidats, pas connus de l'establishment russe, se sont présentés, comme la charmante vedette de la télévision russe Ksenia Sobtchak ou le communiste Pavel Groudinine, ils n'arrivent pas à faire de l'ombre à un Poutine conquérant et pesant sur tous les grands dossiers du monde. Traumatisés par les années de Boris Eltsine, qui était toujours malade et saoul, les Russes voient en Poutine l'homme qui garantit la stabilité et qui défend leurs intérêts face aux autres grandes puissances, en premier lieu les Etats-Unis et la Chine. C'est pour cette raison que le maître du Kremlin est quasiment sûr d'être élu lundi prochain. Ce scénario est crédibilisé par l'absence d'Alexeï Navalny, le seul candidat qui pouvait concurrencer Vladimir Poutine. M. Navalny a vu sa candidature invalidée par la commission électorale sous prétexte d'une «condamnation judiciaire». Certes, il n'aurait eu aucune chance de battre M. Poutine, mais il aurait pu au moins proposer un autre projet de société que celui que défend Vladimir Poutine. Habitué des meetings antirégime, M. Navalny a appelé ses partisans au boycott du scrutin. Cet appel risque de gêner considérablement le président russe qui, même s'il ne craint pas ses adversaires, s'inquiéterait tout de même d'un taux d'abstention élevé. A titre d'exemple, en 2016, 52% de Russes ont boycotté les législatives. Mais ce scénario ne semble pas prêt de se répéter dimanche prochain. Après que le Parlement ait modifié la date de la présidentielle au 18 mars pour la faire correspondre avec l'anniversaire de l'annexion de la Crimée, c'est au tour des Russes de vouloir lui offrir un plébiscite électoral.