A cette tension qui oppose le chef de file de l'Opep à un de ses membres influents se sont greffées les menaces de sanctions du président américain contre le Venezuela. Un cocktail explosif. Les prix du pétrole ont fait un bond spectaculaire. Plus de 1 dollar de gain en cours d'échanges. Les tensions géopolitiques y ont mis leur grain de sel. Les cours du pétrole ne sont, en effet, pas restés indifférents aux échanges verbaux entre Riyadh et Téhéran. Comment pourraient-ils l'être. Cette prise de bec met aux prises deux protagonistes dont l'un, l'Arabie saoudite chef de file de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole n'est ni plus ni moins qu'un des premiers producteurs mondiaux d'or noir alors que le second, la République islamique d'Iran, membre tout aussi influent du cartel produit actuellement près de 4 millions de barils par jour. De la dynamite pour le marché pétrolier. «La hausse des tensions entre l'Arabie saoudite et l'Iran, la menace de nouvelles sanctions des Etats-Unis sur le Venezuela» soutiennent les prix du pétrole, a résumé Tamas Varga, analyste chez PVM. Il ne pensait pas aussi bien dire. Hier, vers 16h00 heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai valait 67,46 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 1,41 dollar par rapport à la clôture de lundi. A New York le baril de «light sweet crude» (WTI) pour le contrat d'avril, dont c'est le dernier jour de cotation, prenait 1,50 dollar pour s'afficher à 63,63 dollars. Les prémices de ce rebond se sont dessinées à la fin de la semaine dernière. Les investisseurs se sont notamment inquiétés de la tension croissante et persistante entre le premier exportateur mondial, l'Arabie saoudite, et un autre membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), l'Iran, indiquait-on. Il y avait de quoi rendre plus que susceptible la République des mollahs puisque la télévision américaine devait diffuser dimanche soir une interview du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane dans laquelle il compare le guide suprême iranien Ali Khamenei à Adolf Hitler. «Ce n'est pas vraiment un signe d'apaisement», avait indiqué l'analyste d'Again Capital, John Kilduff. «L'Arabie saoudite ne veut pas se doter d'une arme nucléaire, mais si l'Iran développe une bombe nucléaire, nous suivrons la même voie le plus vite possible, sans l'ombre d'un doute», avait averti le prince saoudien dans une interview accordée à CBS. A ces tensions géopolitiques qui ne laissent pas indifférents les cours de l'or noir, il faut ajouter la situation en Syrie où les armées américaine et russe sont diamétralement impliquées. «Les marchés sont dans l'expectative et il y a effectivement de quoi. Les capitales occidentales pourraient chercher à former un front commun contre Moscou, relançant les craintes d'un dérapage dans les relations géopolitiques, sur un terrain comme la Syrie par exemple, où les armées américaine et russe s'opposent de plus en plus», ont souligné de leur côté des analystes parisiens. Il faudra certainement s'attendre à ce que le prince héritier saoudien qui a été reçu hier, par le président des Etats-Unis ne redouble d'agressivité contre les responsables iraniens, ennemis jurés des Etats-Unis. Donald Trump n'a pas exclu de revoir la position de son pays pour relancer l'affaire du nucléaire iranien. «Il va falloir s'attendre à ce que les commentaires agressifs contre l'Iran s'accumulent durant le séjour (aux Etats-Unis, Ndlr) du prince», a prévenu Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix. Le successeur de Barack Obama qui caresse le rêve de mettre une nouvelle fois l'Iran sous embargo, ne se fera pas prier pour ajouter de l'huile sur le feu. Le baril a peut-être fini de broyer du noir.