Le baril mantient sa remontée Les cours de l'or noir ont fini pas loin des 64 dollars vendredi à Londres, malgré une augmentation du nombre de puits actifs aux Etats-Unis. L'ascension du baril va-t-elle être contrariée. La probabilité n'est pas à écarter. La menace est sérieuse. La production américaine est toujours aussi vigoureuse. Elle a atteint un record de 9,62 millions de barils par jour d'après le dernier bilan hebdomadaire du département américain de l'Energie. Cela n'a pas empêché le pétrole de terminer la semaine à ses plus hauts niveaux depuis juillet 2015 tout en accusant, il faut le souligner, un léger recul. Sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier a reculé de 26 cents pour finir à 63,52 dollars. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en décembre, référence américaine du brut, a perdu pour sa part 43 cents pour clôturer à 56,74 dollars sur le New York Mercantile Exchange. Un prix du pétrole à ce niveau pourrait continuer à soutenir l'activité américaine signalent les observateurs. Le nombre de puits de pétrole actifs aux Etats- Unis a progressé de 9, rattrapant ainsi la baisse marquée observée la semaine précédente (-8 puits) indique le dernier décompte hebdomadaire de la société Baker Hughes. Pas de quoi fouetter un chat mais le phénomène risque tout de même de s'amplifier. Certains spécialistes ne l'excluent pas. «C'est une progression substantielle et un renversement de la tendance que l'on observe depuis plusieurs semaines», a estimé James Williams de Wtrg. «On peut s'attendre à ce que le mouvement perdure au moins jusqu'à la fin-janvier. Les prix du pétrole montent depuis plusieurs mois et l'activité des puits met en général 2 à 3 mois pour répondre à cette hausse de prix», a-t-il ajouté. Une analyse qui est contrebalancée par le contexte géopolitique au Moyen-Orient et le risque potentiel d'escalade militaire entre l'Arabie saoudite et la République islamique d'Iran. A l'origine, la démission du Premier ministre libanais, Saâd Hariri, annoncée à partir de Riyadh. Le chef libanais du Hezbollah a accusé, vendredi dernier, le Royaume wahhabite de le «détenir» et d'avoir demandé à Israël, l'ennemi juré du mouvement chiite, de frapper le Liban. «Ce qu'il y a de plus dangereux, et qui ne nous fait certainement pas peur, c'est inciter Israël à frapper le Liban. Ceci n'est pas une analyse, mes frères et soeurs et tous les Libanais qui écoutent: je ne suis pas en train d'analyser une situation, je parle de faits» a déclaré Hassan Nasrallah. La tension est montée d'un cran. Riyadh, a demandé à ses ressortissants de quitter le pays du Cèdre. Et cela fait redouter le pire. «Le fait qu'il (le prince saoudien Mohammed Ben Salmane) ait demandé à ses ressortissants de quitter le Liban fait craindre une riposte contre le Hezbollah, allié de l'Iran», a estimé Phil Flynn de Price Futures Group. «Les événements de cette semaine ont montré que ce n'est pas seulement la stratégie de l'Arabie saoudite concernant sa production qui joue sur les prix du pétrole, mais également sa politique intérieure et étrangère», a observé Stephen Brennock, analyste chez PVM. L'Iran et l'Arabie saoudite deux poids lourds de l'Opep pesant à eux deux près de 14 millions de barils par jour. Un affrontement armé même de courte durée enflammerait le marché. Les prix sont actuellement aiguillonnés par Riyadh. En plus d'avoir opéré une vaste opération anticorruption qui s'est soldée par l'arrestation de princes, de ministres et d'hommes d'affaires, l'Arabie saoudite s'est prononcée en faveur de la prolongation de l'accord de la baisse de la production des pays Opep - non-Opep qui doit prendre fin en mars 2018. Mohammed ben Salmane Al Saoud, prince héritier d'Arabie saoudite et vice-Premier ministre, s'est prononcé en faveur de la reconduction de l'accord de la baisse de la production de 1,8 million de b/j jusqu'à la fin de l'année 2018. «Oui, bien sûr», avait répondu le prince lorsqu'on lui a demandé, si l'Arabie saoudite soutenait la reconduction de cet accord lors d'une interview le 25 octobre dernier sur Bloomberg News. Le baril a bondi à ses niveaux de juillet 2015. Apparemment il compte bien y rester...