Les cours du pétrole ont engrangé une troisième séance consécutive de hausse vendredi, portés par la crainte d'un regain de tensions géopolitiques au Moyen-Orient. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a terminé à 66,21 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 1,09 dollar par rapport à la clôture de jeudi. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour le contrat d'avril a pris 1,15 dollar pour clôturer à 62,34 dollars. Les cours ont soudainement grimpé en fin de séance européenne, sans a priori d'élément déclencheur particulier. "Des facteurs techniques ont pu participer à cette soudaine hausse", a avancé John Kilduff d'Again Capital. "Mais c'est surtout le signe d'une forte nervosité des marchés à l'approche du week-end", a-t-il ajouté. Les investisseurs s'inquiètent notamment de la tension croissante entre le premier exportateur mondial, l'Arabie saoudite, et un autre membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), l'Iran. La télévision américaine "va diffuser dimanche soir une interview du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane dans laquelle il compare le guide suprême iranien Ali Khamenei à Adolf Hitler", a souligné M. Kilduff. "Ce n'est pas vraiment un signe d'apaisement." "L'Arabie saoudite ne veut pas se doter d'une arme nucléaire, mais si l'Iran développe une bombe nucléaire, nous suivrons la même voie le plus vite possible, sans l'ombre d'un doute", a aussi prévenu le responsable saoudien dans cette interview accordée à CBS, dont l'intégralité sera diffusée dimanche. La situation en Syrie où se poursuit l'offensive du régime du président syrien Bachar al-Assad dans la Ghouta orientale, le dernier fief des rebelles près de Damas, "est potentiellement une autre source de forte instabilité pour la région", a indiqué Andy Lipow de Lipow Oil Associates. "Dans ce contexte, les investisseurs ne veulent pas partir en week-end en misant sur une baisse des cours", a-t-il noté. Les prix continuaient aussi selon M. Lipow a profité de la révision jeudi par l'Agence internationale de l'Energie de ses prévisions de demande mondiale. Un élément encourageant au moment où les marchés se demandent comment gérer la croissance continue des extractions américaines de brut. Vendredi, la société américaine Baker Hugues a encore fait état d'une hausse du nombre de puits actifs aux Etats-Unis de 4 unités à 800 puits, signal d'une production à venir encore plus abondante.
Recul en Asie Le pétrole reculait légèrement vendredi en Asie après avoir pris quelques couleurs quand l'Agence internationale de l'Energie (AIE) a revu à la hausse ses prévisions de demande mondiale de brut. Vers 03h00 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en avril, cédait trois cents à 61,16 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en mai, perdait six cents, à 65,06 dollars. "Le marché du brut fait le yo-yo", a constaté Stephen Innes, analyste chez Oanda, évoquant des "signes de croissance de la demande mondiale de pétrole" qui le disputent aux craintes quant à la production américaine de pétrole de schiste. Selon le dernier rapport mensuel de l'AIE, la demande mondiale de pétrole devrait atteindre cette année 99,3 millions de baril, soit 1,5 million de plus qu'initialement anticipé. Un signal positif pour les ventes d'or noir dans les prochains mois. "Les dernières informations venues de l'AIE impliquent que le rééquilibrage du marché fonctionne. Mais les gains sont limités à cause des projections sur la production de pétrole de schiste pour 2018 et au-delà", a-t-il ajouté. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) vient de revoir à la hausse dans son rapport mensuel sa prévision de production de pétrole aux Etats-Unis pour 2018. Les pays producteurs de l'Opep, associés à dix autres producteurs non membres du cartel dont la Russie, s'étaient accordés fin 2016 pour limiter leur production afin de rééquilibrer le marché. Mais les marchés craignent que ces efforts ne soient réduits à néant par l'offre américaine.