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"De l'attachement à la terre ancestrale..."
AVANT-PREMIÈRE MONDIALE DE «LES SEPT REMPARTS DE LA CITADELLE»
Publié dans L'Expression le 21 - 03 - 2018

img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P180321-14.jpg" alt=""De l'attachement à la terre ancestrale..."" /
En présence de l'équipe du film, Ahmed Rachedi a présenté hier, en avant-première à l'opéra d'Alger Boualem Bessaih, son tout nouveau film adapté du livre éponyme du même nom.
Ahmed Rachedi s'est taillé un casting sans grande surprise, puisque l'on a pu reconnaître beaucoup des anciens comédiens qui ont déjà joué dans ses précédents films ou qui ont apparu récemment dans d'autres longs-métrages algériens, à l'instar de Hassan Kachach, Youcef Sehairi, Ahmed Rezzak et encore Mustapha Laribi. Le réalisateur du film Z, le seul à obtenir rappelons-le, un Oscar en 1976, a présenté une copie non pas terminée de son film, mais plutôt une «première version de réalisateur» d'une durée de 180 mn, une prouesse en soi! Car si le film est beau de par sa qualité d'images et des effets spéciaux, déployant une force d'artillerie en armements en tous genres, il pèche justement par la longueur de certaines de ses séquences... Le film raconte en fait, l'histoire d'un règlement de compte personnel sur fond de guerre d'Algérie. Cette dernière s'avérera plus grande et plus noble. Ceci pour la moralité de l'histoire. «Lucien et Thebti, les personnages principaux du film, sont nés de l'imagination de l'auteur. Mais là, s'arrête la fiction, car l'arrière-plan, le contexte historique, l'atmosphère générale sont d'une encre récente, vraie et hélas sanglante», laisse entrevoir le synopsis, dont le temps historique évoque le drame de l'année 1954 et le début de l'échec de l'armée coloniale. Que ce soit pour l'un ou l'autre des antagonistes du film, tout se joue au niveau de cette terre, symbole de tout un pays pour lequel on doit se battre jusqu'à ce que mort s'ensuive pour le (re) conqérir ou le sauvegarder. Le film qui évoque la vendetta sur fond de razzia des bidonvilles et du massacre de milliers de civils, femmes, hommes et enfants, fait référence aux méthodes de dépossession et de spoliation des terres, dont fait montre le colon pour gagner du terrain et affirmer son plein pouvoir et sa suprématie sur l'indigène. Le film produit par l'Algérie (Cadc) a fait déployer d'énormes moyens et cela se voit à l'écran. Sur ce plan-là, pas de problème. Cela nous rappellera par endroits, quelques scènes spectaculaires et héroïques des grands films américains, tels Apocalypse now, ou Platoon. Esthétiquement le film est beau et les acteurs qui jouent bien, accrochent la lumière et sont bien rendus à l'écran. Cependant, le film semble par instant, tourner en rond et sa fin reportée par trois fois. Le film parle de la vocation de moujahid certes, mais aborde un volet très peu traité au cinéma, les harkis idéaux qui ont servi la France, tout en pensant que l'école éloignera les Algériens de la rébellion. Convaincu du bien-fondé de ses arguments, ce père, alias Mustapha Laribi dissertant dans une longue joute avec son fils n'en constitue pas moins le bouc émissaire à cette histoire. L'un, affirmant son attirance vers la France dans un français châtié alors que le jeune fils tente de développer son antithèse dans un arabe plutôt classique, pas très crédible. Ce dialogue sans fin s'apparentera ici hélas, à un pur tract politique, nous éloignant de la réflexion que peut générer une oeuvre d'art. Des dialogues qui méritent aussi un peu de coupe. On se demande le pourquoi de cette longue séquence théâtrale dans ce film, qui aurait pu se passer largement de quelques scènes bien ennuyeuses, comme celle de ce moujahid/comédien qui se mettra à raconter des blagues au milieu de son cercle d'amis, sans fin... Notons que Thebti et Lucien, le «fellagha» et le colon, après s'être livré un combat à mort, après avoir tous les deux parcouru un long chemin de braises, se retrouvent enfin face-à-face et surtout chacun face à lui-même. Chacun devant ses limites et ses contradictions, sa force lucide et sa fragilité humaine. Se lève alors le vent qui fera voler en même temps que le feu, les quelques feuilles d'un livre aux pages blanches dont le reste de l'histoire se devra de s'écrire, malgré eux, malgré nous, envers et contre tous...Ahmed Rachedi a réussi sa sortie avec cette belle image. Gageons que les raccourcis que fera le réalisateur de son film, comme promis, aéreront mieux le fil de son histoire...Lors du débat qui a suivi le film, Ahmed Rachedi fera remarquer: «Ce film, c'est la réalité, mais vu avec un regard cinématographique et aoristique. Notre métier ce n'est pas d'écrire l'Histoire mais d'ouvrir une brèche, selon nos convictions personnelles. Le film a été tourné dans 14 wilayas. C'est donc un film purement algérien au sens propre du terme. La chose que le colonisateur a bien compris, c'est l'attachement de l'Algérien à la terre ancestrale. Nous étions un des rares pays au monde, où il y avait un million de militaires et un million de colons et le militaire doit protéger le colon...» et l'acteur qui interprète le rôle du docteur Lucien, à savoir Jean-Christophe Rauzy de soutenir: «La notion de terre dont a parlé Ahmed Rachedi est extrêmement importante. Le docteur Lucien dit aussi à sa fille qu'il va être privé de sa terre. Cette terre dont il pensait qu'elle lui appartenait, elle ne lui appartient pas. Quand je regarde les images, je préfère être acteur qu'être dans la peau de ce personnage, car effectivement il y a plein de cruauté chez ce docteur, y compris vis-à-vis de sa fille. Mon père était un homme qui ne comprenait pas cette présence française en Algérie. Donc moi, je suis vierge de tout ça. Je trouve qu'en France on est toujours en train de se voiler la face. C'est important que les choses continuent à être dites par ceux qui les ont vécues. Il est important qu'il y ait des films sur ce regard, sur cette histoire qui concerne tous les Algériens mais aussi les Français s'ils venaient à accepter leur faute. Il faut continuer à faire des films comme ça.» Présente à la projection-presse hier, Shahinez Mohamedi, directrice du Cadc, et productrice du film, fera savoir qu'un calendrier d'exploitation est en train d'être mis en place par le ministère de la Culture.
Outre Annaba et Constantine, le film «Les sept remparts de la Citadelle», ainsi que d'autres films algériens seront bientôt à l'affiche dans les salles, les semaines à venir.


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