Encore des victimes du monoxyde de carbone Entre 2010 et 2017, plus de 400 morts et des milliers de blessés étaient à déplorer sur l'ensemble du territoire. Des dizaines, voire des centaines de personnes continuent de perdre la vie à cause du monoxyde de carbone. Un seul responsable: les chauffe-bains et les chauffages. Mais est-ce la seule cause? Deux victimes ont été enregistrées hier à Constantine. Des jeunes filles de 26 et 34 ans ont été retrouvées sans vie, alors qu'un adulte de 60 ans et six autres personnes âgées de 3 à 49 ans ont été sauvées de justesse par les services de la Protection civile, dont la cellule de communication avait adressé des communiqués de presse à notre rédaction. Des cas similaires ont été enregistrés à Douéra au niveau d'Alger. Il s'agit de deux médecins résidentes et une vétérinaire. Deux autres ont été transportées à l'hôpital de la même localité. Le rythme des décès par le monoxyde de carbone en Algérie devient plus qu'inquiétant. Le phénomène est de plus en plus imposant en période de froid. Entre 20 et 30 morts sont signalés annuellement dans les 16 wilayas relevant de la région Est. Trois personnes ont trouvé la mort, asphyxiées par le monoxyde de carbone à Constantine durant les neuf premiers mois de l'année 2017, contre 10 morts enregistrés en quatre ans dans cette même wilaya. A Alger, 18 personnes sont décédées par asphyxie au monoxyde de carbone du 17 janvier jusqu'en novembre 2017. A chaque période les intempéries qui affectent l'ensemble des régions du pays, y compris le Sud avec des chutes de neige sont souvent accompagnées de drames. Des familles entières ont été décimées par les gaz émanant d'appareils de chauffage à gaz ou à mazout, ou des chauffe-bains. Ce phénomène en Algérie date de 2010. Entre 2010 et 2015, au moins 200 morts et des milliers de blessés sont à déplorer sur l'ensemble du territoire. En 2016, par exemple, le monoxyde de carbone a tué 102 personnes. Selon un bilan de la Protection civile, qui couvre la période du 1er janvier au 18 décembre 2016, 1 300 personnes ont été secourues après avoir été intoxiquées par le monoxyde de carbone. Le principal accusé reste l'appareil de chauffage ou le chauffe-bain. Cependant, les vraies raisons résident dans ces appareils de contrefaçon. 8 ans après que ce phénomène s'est bien installé au pays les ministères du Commerce, ou de l'Industrie ne jugent pas urgent d'agir pour stopper ces armes tueuses. A l'évidence, on ne prend pas en compte l'enquête menée en 2015 rendant responsable ces appareils contrefaits, pourtant le ministère du Commerce avait promis d'entreprendre des mesures draconiennes contre l'importation d'appareils de contrefaçon non conformes aux normes exigées. «Conduite entre fin 2014 et début 2015, cette enquête, menée à la suite d'une hausse inquiétante des cas d'accidents mortels liés à l'inhalation du monoxyde de carbone, avait conclu que sur un total de 158 échantillons d'appareils importés ou fabriqués localement testés, 155 étaient non conformes, soit près de 98% des appareils contrôlés», rapporte le site maghrebemergent.info qui ajoute, citant un document du ministère, suite à cette enquête «le nombre de décès par inhalation de gaz a atteint des proportions alarmantes ces dernières années. Le monoxyde de carbone, qualifié de tueur silencieux, est la principale cause d'intoxication accidentelle en milieu domestique». Le même site ajoute que «sur la base de ce constat, le ministère du Commerce a donc décidé de soumettre les appareils de chauffage à gaz à un contrôle systématique, tant au niveau des frontières que sur le marché national. Les principales infractions constatées par le laboratoire régional du Centre algérien du contrôle de la qualité et de l'emballage (Cacqe) de Constantine portent, notamment sur l'absence du scellage des organes de pression (81 cas), le mode de raccordement au gaz (58), l'absence de prise de pression (47) et les températures des parties externes (19). Des ordres stricts ont été, dès lors, donnés aux services des douanes pour le contrôle des appareils de chauffage à gaz importés, et aux directions du commerce et de l'industrie et des mines pour vérifier la production nationale d'appareils de chauffage à gaz». Malheureusement, on continue de tuer des innocents dont le seul tort est d'avoir voulu se chauffer.