Un paradoxe qui pousse à l'interrogation. De nombreux projets d'investissements et qui plus est, des plus intéressants pour l'économie du pays n'ont pu voir le jour, faute d'assiette de terrain, correspondant à leurs besoins, alors qu'un recensement fait ressortir que de nombreuses parcelles octroyées au titre du foncier industriel sont restées en friche. Devant cet état des lieux, le gouvernement est fermement décidé à récupérer le foncier industriel non exploité à ce jour. Le ministre de l'Industrie et des Mines, Youcef Yousfi, vient une nouvelle fois de le confirmer. En effet, ce dernier a indiqué lors d'une plénière du Conseil de la nation qui s'est déroulée jeudi dernier, consacrée aux questions orales, que l'éxécutif compte récupérer tout le foncier octroyé par l'Etat dans le cadre de la concession, dont les projets prévus ne sont pas toujours lancés, en vue de les attribuer aux vrais investisseurs. Il a même avancé que «cette mesure vise d'une part à récupérer les assiettes destinées à l'investissement mais détournées par les bénéficiaires de leur vocation initiale et d'autre part, garantir le foncier industriel au profit des investisseurs». On peut croire que le gouvernement est parti en guerre contre tous ceux qui ont bénéficié d'un terrain au titre du foncier industriel depuis fort longtemps, mais qui à ce jour n'ont pas engagé les débuts des travaux nécessaires à leur projet. C'est d'autant plus dans le sens où le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nouredine Bedoui avait lors d'une de ses sorties sur le terrain, appelé les responsables locaux concernés à entamer des démarches avec la justice, en vue de récupérer les assiettes foncières octroyées auparavant aux faux investisseurs. Une initiative tout à fait légitime, dès lors qu'un examen des résultats de l'évaluation de la situation des zones industrielles et des zones d'activités, réalisée en 2017 par les soins du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales et de celui du ministère de l'Industrie et des Mines a fait ressortir l'existence de 15 140 parcelles destinées à l'investissement, attribuées mais non exploitées et 13 977 parcelles couvrant une superficie de 5 530 ha au niveau des zones industrielles et des zones d'activités non attribuées. «Cet état des lieux, inconcevable, remet en cause de façon catégorique, la gestion d'octroi du foncier industriel en usage jusqu'ici», jugent de nombreux observateurs proches du dossier. Notons que l'Etat, pour garantir le foncier au profit des investisseurs, a décidé de permettre au secteur privé de créer et gérer des zones industrielles. Autrement dit, d'attribuer aux particuliers des périmètres pour les aménager et les mettre à la disposition des industriels. Notons au passage que des expériences réussies plaident pour cette option: notamment celle du Club des entrepreneurs de la Mitidja (Ceimi) qui gère efficacement la zone industrielle de Blida. Faut-il rappeler à propos de cette mesure que le Premier ministre avait expliqué lors d'une de ses sorties médiatiques qu'elle «vise notamment à lever les contraintes administratives dont se plaignent beaucoup d'investisseurs qui ne parviennent pas à trouver des terrains pour la réalisation de leurs projets». C'est pour dire enfin qu'en récupérant le foncier industriel non exploité, on peut s'attendre à un retour en force de l'investissement à moins que la bureaucratie fasse encore des siennes.