Les deux Corées se concerteront étroitement pour s'assurer de ne pas «répéter le passé malheureux qui a vu tourner court de précédents accords intercoréens», a assuré Kim Jong-Un. Les dirigeants des deux Corées se sont engagés, hier, à oeuvrer en faveur de la dénucléarisation en promettant qu'il n'y aurait plus de guerre sur la péninsule, lors d'un sommet historique dans la Zone démilitarisée. Après une poignée de main très symbolique avec le président sud-coréen Moon Jae-in à la frontière, le leader nord-coréen Kim Jong-Un a affirmé que la Corée était «au seuil d'une histoire nouvelle». Premier dirigeant nord-coréen à fouler le sol sud-coréen depuis la guerre (1950-1953), il s'est dit «submergé par l'émotion» après avoir franchi la bordure de béton de quelques centimètres de haut qui figure la démarcation dans le village de Panmunjom. En fin de journée, il a repassé la frontière et est rentré en Corée du Nord. Après avoir signé la Déclaration, MM. Kim et Moon se sont donné l'accolade, au terme d'une journée de chaleureux témoignages d'amitié entre deux hommes qui ont partagé en soirée un banquet en compagnie de leurs épouses. Les deux voisins ont indiqué qu'ils chercheraient à rencontrer les Etats-Unis, peut-être aussi la Chine «en vue de déclarer la fin de la guerre et établir un régime de paix permanent et solide» sur la péninsule. Ce sommet, qui doit être le prélude d'un face-à-face très attendu entre M. Kim et le président américain Donald Trump, a suscité un concert de louanges dans les capitales étrangères. «Des choses positives se passent mais seul le temps permettra de juger!», a déclaré le président américain dans un tweet saluant en même temps «une rencontre historique». «LA GUERRE EN COREE VA SE TERMINER!», a-t-il également écrit, avant de remercier son homologue chinois Xi Jinping pour son «aide précieuse». La Chine a mis en exergue le «courage» de MM. Kim et Moon, le Premier ministre japonais Shinzo Abe a évoqué «un pas positif, vers une résolution d'ensemble de plusieurs questions concernant la Corée du Nord et le Kremlin a accueilli «des nouvelles très positives». Quant à la Russie, elle a salué un développement «positif» en espérant que les efforts de Pyongyang soient appréciés comme il se doit. Les deux Corées se concerteront étroitement pour s'assurer de ne pas «répéter le passé malheureux qui a vu tourner court de précédents accords intercoréens», a assuré de son côté Kim Jong Un, dont le comportement a été scruté avec attention par les téléspectateurs du monde entier. «Il pourrait y avoir sur le chemin des retours de bâton, des difficultés et des frustrations», a poursuivi le dirigeant trentenaire. «Mais on ne peut parvenir à la victoire sans douleur». En attendant, Nord et Sud ont décidé que M. Moon se rendrait à l'automne à Pyongyang pour ce qui sera le quatrième sommet intercoréen. Depuis son arrivée au pouvoir fin 2011, M. Kim a présidé à une accélération fulgurante des programmes nucléaire et balistique nord-coréens. En 2017, il a mené son essai nucléaire le plus puissant et testé des missiles balistiques (ICBM) capables d'atteindre le territoire des Etats-Unis. M. Moon a alors saisi la branche d'olivier olympique pour lancer le dialogue avec Pyongyang, le sommet intercoréen servant de base à la réunion entre le Nord et Washington. Première démonstration de la détente intercoréenne, M. Moon est même, à l'invitation impromptue de M. Kim, brièvement passé du côté nord-coréen de la frontière. Les deux hommes se sont ensuite rendus à pied à la Maison de la paix, structure de verre et de béton située dans la partie sud de Panmunjom, où fut signé l'armistice. «Je suis venu ici déterminé à donner un signal de départ, au seuil d'une histoire nouvelle», a lancé M. Kim, dont le pays est accusé de violations généralisées des droits de l'homme. M. Kim était accompagné par Kim Yo Jong, sa soeur et proche conseillère, ainsi que par son responsable des relations intercoréennes. M. Moon était flanqué du patron du renseignement et de son directeur de cabinet. Dans le passé, le concept de «dénucléarisation de la péninsule» a pu signifier pour Pyongyang le départ des 28 500 militaires américains stationnés au Sud et le retrait du parapluie nucléaire américain, choses impensables pour Washington.