Il semble qu'en multipliant les opérations aériennes dans les zones contrôlées par les Houthis, l'Arabie saoudite entend poursuivre l'option militaire dans un conflit qui a déjà fait 10 000 morts et provoqué, selon les organisations de l'ONU, une crise humanitaire sans précédent. Une semaine après avoir indiqué qu'elle avait anéanti plusieurs responsables de la rébellion houthie, la coalition emmenée par l'Arabie saoudite au Yémen a récidivé avec une frappe qui constitue un nouveau revers quelques jours après l'assassinat du chef politique des insurgés. Selon des médias saoudiens, les raids de vendredi dernier ont entraîné la mort de plusieurs dizaines de rebelles dont deux commandants au niveau de la capitale Sanaa contrôlée par la rébellion houthie. Depuis mars 2015, la coalition conduite par l'Arabie saoudite intervient militairement au Yémen en soutien au gouvernement reconnu de Abd Rabbo Mansour Hadi confrontée à la contestation houthie soutenue par l'Iran. Celle-ci s'est emparée en quelques mois de combats de vastes pans du territoire yéménite, à commencer par la capitale. Selon la télévision Al Azkhbnaria, les frappes ont eu lieu à Sanaa et elles ont été confirmées par les insurgés sans autres détails. Mais ces derniers auraient ensuite riposté avec le tir de huit missiles en direction de la capitale saoudienne Riyadh et d'autres zones du territoire saoudien dont quatre auraient été interceptés par la défense aérienne saoudienne à hauteur de la ville frontalière de Jizane. Si la coalition n'a pas fait état pour l'instant de victimes, à la suite de ces tirs, un porte-parole de la Défense civile saoudienne de cette ville, le colonel Abdalah al Qahtani, a néanmoins déploré la mort d'un civil saoudien atteint par des éclats. Il semble qu'en multipliant les opérations aériennes dans les zones contrôlées par les Houthis, l'Arabie saoudite entend poursuivre l'option militaire dans un conflit qui a déjà fait 10 000 morts et provoqué, selon les organisations de l'ONU, une crise humanitaire sans précédent. Toujours est-il que la chaîne al Akhbaria a annoncé la mort de 50 rebelles houthis dont deux commandants au lendemain des raids de vendredi soir, dont l'un visait tout particulièrement le siège du ministère de l'Intérieur où se déroulait les funérailles de Saleh al Sammad, chef du Conseil politique suprême de la rébellion houthie, tué le 19 avril dernier lors d'un raid revendiqué par la coalition. Hier, en milieu de journée, à Sanaa, des milliers de partisans des Houthis ont défilé dans les rues pour les funérailles de M. Sammad, numéro deux des rebelles tué avec six de ses compagnons. Le corbillard était escorté par une escouade de combattants en tenue militaire et de six véhicules recouverts de l'emblème yéménite. Il s'agissait là d'un moment particulier, car Saleh al Sammad est le plus haut responsable politique houthi tué à Hodeida, dans l'ouest du Yémen, par la coalition depuis le début du conflit. Pour l'Arabie saoudite, il s'agit là d'un «grand succès» qui ne signifie pas cependant que la rébellion houthie soit durablement affectée. En outre, celle-ci a accru de manière significative le nombre de missiles balistiques qu'elle tire fréquemment en direction de l'Arabie saoudite depuis la première salve, il y a de cela six mois. Cette escalade de part et d'autre intervient au moment où débarque à Riyadh le nouveau secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo pour sa première prise de contact avec les dirigeants saoudiens, précédé par la déclaration du président Trump qui tweetait vendredi dernier que «les Arabes doivent se préparer à payer énormément plus s'ils veulent que les Etats-Unis les protégent face à la menace iranienne». En outre, il sera également question du maintien des forces américaines en Syrie, décidé à «contrecoeur» par Trump mais dont le financement doit aussi incomber au «partenaire» saoudien. Il semble que cette donne soit à l'origine de la recrudescence des violences enregistrées au Yémen durant les dernières 48 heures et qui font le bonheur des «négociateurs» américains accueillis chaleureusement à Riyadh.