En une année, le conflit a fait plus de 6000 morts et 2 millions et demi de personnes déplacées. Il est né de l'offensive des milices houthies, issues de la minorité zaïdite (branche du chiisme) et en rébellion ouverte contre les autorités de Sanaa. Il y a un an, le 26 mars 2015, la coalition des pays arabes, façonnée par l'Arabie saoudite, a engagé une guerre contre le Yémen convoité par la rébellion houthie. Mercredi dernier, l'envoyé spécial de l'ONU, Ismail Ould Cheikh Ahmed, a annoncé, «après d'intenses consultations avec le président Mansour Hadi et des responsables yéménites à Riyadh, ainsi qu'avec les délégations d'Ansar Allah [les Houthis] et le Congrès général du peuple à Sanaa» un accord de cessation des hostilités à compter du 10 avril, suivi d'autres pourparlers le 18 avril, au Koweït. Mais entre-temps que de morts et de souffrances pour le Yémen, pays parmi les plus pauvres du monde, soumis à des bombardements aveugles qui sont «excusés» par le Pentagone au motif que les pilotes saoudiens ont «une formation insuffisante qui ne leur permet pas de voler autrement qu'à haute altitude». Ainsi a-t-on justifié le bombardement d'un souk, voici quelques jours, au cours duquel des dizaines de civils, dont des enfants, ont été tués? Depuis un an qu'il dure, ce conflit a fait plus de 6000 morts et 2 millions et demi de personnes déplacées. Il est né de l'offensive des milices houthies, issues de la minorité zaïdite (branche du chiisme) et en rébellion ouverte contre les autorités de Sanaa, qui ont conquis des pans importants du territoire. Partis en juillet 2014 de Saâda, leur fief dans le nord, ils ont pris la capitale, Sanaa, en 2 mois, avant de poursuivre vers le Sud, où ils ont envahi Aden, deuxième ville du pays, contraignant le président Abd Rabbo Mansour Hadi, reconnu par la communauté internationale, à se réfugier en Arabie saoudite. L'offensive des Houthis, soutenus par l'Iran et une partie de l'armée fidèle à l'ancien président Ali Abdallah Saleh, a irrité fortement l'Arabie saoudite qui décida d'intervenir militairement au nom de la «résistance à l'expansionnisme perse». Là, le Royaume wahhabite a mobilisé une coalition de pays arabes, pour les premiers raids aériens contre les milices houthies. En plus du soutien aérien aux forces de Hadi, Riyadh et les Emirats fournissent des équipements militaires ultramodernes et l'intendance à plusieurs milliers de soldats. Entrés dans ce bourbier, les groupes terroristes tentent de s'imposer les uns aux autres, dans une situation déjà compliquée. Al-Qaîda dans la péninsule Arabique (Aqpa), née de la fusion en 2009 des branches saoudienne et yéménite d'Al Qaïda, a profité de l'effondrement du pouvoir en 2011, pour asseoir sa domination dans le sud du pays. Dirigée depuis un an par le Yéménite Qassem Al-Rimi, qui a succédé à Nasser Al-Wahishi, tué dans une attaque de drone américain, Aqpa axe ses opérations contre les Houthis mais perd du terrain en faveur de Daesh. Celui-ci a signé ses premiers attentats, le 20 mars 2015, contre plusieurs mosquées chiites à Sanaa (142 morts), puis le 6 octobre, avec quatre attaques suicides (15 morts) contre le siège du gouvernement et des sites militaires de la coalition arabe. Compte tenu de cette situation complexe et des nombreux échecs précédents, les capitales concernées accueillent prudemment la trêve annoncée car durant les deux tentatives de négociation en juin et décembre, et la trêve de cinq jours, les combats n'ont jamais cessé. Sauf que le travail de médiation de l'ONU a un mérite, celui de persévérer.