Les partis de l'opposition ont raté encore une fois l'occasion de se constituer en une force de frappe contre la coalition. Une séance houleuse. Le vote du projet de loi sur la santé, qui a suscité la colère des syndicats et des partis, s'est déroulé, hier, sur fond de tension. Le projet, tant contesté depuis deux ans, a fini par connaître son acheminement le plus normalement possible. Malgré son rejet par l'ensemble des partis de l'opposition, la coalition a réussi à le porter haut la main en assurant un soutien fort au ministre Mokhtar Hasbellaoui. Les députés sont venus en renfort pour faire barrage à toute éventuelle action. Sachant qu'il s'agit d'un moment redoutable, qui intervient à une phase où le mouvement des médecins résidents a pris une dimension politique, les élus de la coalition ont volé à la rescousse du gouvernement. Ils étaient au nombre de 283 députés et plus de 51 procurations, de quoi assurer largement le quorum. Le FLN, le RND, le MPA, TAJ et même les indépendants se sont tous mobilisés pour un oui. Jamais un projet n'a suscité autant de bruit. Son gel et le départ de l'ancien ministre Abdelmalek Boudiaf n'ont en aucun cas apaisé les syndicats, lesquels ont continué à contester ce projet allant jusqu'a paralyser les hôpitaux à plusieurs reprises, mais en vain. La tutelle a eu le dernier mot en décrochant l'accord de l'Assemblée populaire nationale. Alors que tout le monde pensait qu'elle allait faire marche arrière, la tutelle a maintenu coûte que coûte son projet. Le Parti des travailleurs, qui a mené une campagne tambour battant contre ce projet, était sur la défensive. Les représentants de Louisa Hanoune ont défendu bec et ongles les principes de la gratuité des soins pour tous les citoyens à travers le pays en insistant sur l'engagement de l'Etat à assurer une prise en charge aux personnes malades. Malgré le fait que les partis de l'opposition ont rejeté ce projet, le Parti des travailleurs était le seul à avoir tenu tête, pendant plus de six heures de temps, en tirant la sonnette d'alarme sur les conséquences d'une telle loi sur les citoyens. «Ce projet de loi consacre plus d'avantages au privé au détriment du public ce qui mène à alerter qu'il y a péril sur le principe de la gratuité des soins», a martelé Ramdane Youcef Taâzibt en interpellant à maintes reprises le ministre sur la situation critique du secteur. Avec 48 amendements, le PT a réussi quand même à imposer des changements sur le texte. Sur un total de 73 amendements proposés, la commission de la santé, des affaires sociales, du travail et de la formation professionnelle au niveau de l'APN n'a retenu que 22 amendements dont la plupart appartiennent au Parti des travailleurs. Or, cela ne l'a pas mené à accepter le projet. Le Parti des travailleurs a voté contre ce projet en lançant carrément un appel au président de la République pour le retirer. «Le projet de loi sur la santé n'est ni social ni national ni constitutionnel», ont-ils soutenu, tout en brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «Remise en cause du caractère social de l'Etat» ou encore «Remise en cause de la gratuité des soins». Le RCD de Mohcen Belabas et l'alliance Adala-Nahda-Bina ont égaement voté contre le projet. Contrairement à lui, les autres partis ont exprimé autrement leur refus. Le FFS a carrement quitté la séance en guise de contestation. Le vieux parti de l'opposition a appelé au retrait de ce projet. «Le projet de loi sur la santé contredit le caractère social de l'Etat algérien car l'article 343 stipule que le citoyen et la sécurité sociale financent les soins, ce qui signifie un désengagement total de l'Etat», a déploré Djamel Baloul. Ce député a appelé à «l'ouverture d'un débat national autour de cette question pour élaborer un projet consensuel. Munis de pancartes, les députés du FFS réclament: «Nous demandons le retrait immédiat de ce projet de loi». Pour sa part, le Front El-Moustakbel s'est abstenu du vote. Khaled Tazaghart a estimé que ce projet de loi met fin à la gratuité des soins. Ce dernier a également appelé à l'ouverture d'un débat autour d'un sujet consensuel de la santé. ce qu'il y a lieu de relever est le fait que les partis de l'opposition ont raté encore une fois l'occasion de se constituer en une force de frappe contre la coalition. Certes, ils ont tous plaidé pour le retrait du projet de loi, mais en rangs dispersés.