La loi a été votée haut la main Alors que le PT a rejeté le projet, l'Alliance de l'Algérie verte a opté pour le retrait et le FFS pour le boycott. Pour autant le projet de la LF 2017 est passé comme une lettre à la poste. Ambiance électrique à l'APN. La séance de vote du projet de loi de finances 2017 hier, a connu une tension sans précédent. L'opposition était dans tous ses états. Sit-in et des pancartes à la main, le décor d'une contestation était placé bien avant le début de la séance de vote. «Non à une loi qui étrangle le citoyen», «nous rejetons le projet de loi de finances 2017», «nous ne voulons pas que le peuple paie les frais de la crise», «non à la détérioration du pouvoir d'achat», lit-on dans les nombreuses pancartes brandies par les différents députés de l'opposition devant l'entrée du Parlement. Le Parti des travailleurs, l'Alliance de l'Algérie verte et le Front de la justice et du développement (PJD) se sont donné le mot pour dénoncer le contenu du projet de loi dont les conséquences, disent-ils, seront catastrophiques sur les citoyens. Leurs représentants ont investi, ensuite, l'hémicycle pour afficher leur position sur le projet en question devant les caméras des chaînes télévisées. Les députés du Parti des travailleurs qui ont vu la plupart des 30 amendements proposés rejetés par la commission des finances se sont battus jusqu'au bout. «Vous voulez affamer le peuple avec ces mesures», a martelé Ramdane Taâzibt, chef du groupe parlementaire du PT. «Arrêtons d'offrir des privilèges au patronat et de pénaliser le simple citoyen», a-t-il lâché en tirant toutefois la sonnette d'alarme sur le front social qui est en pleine ébullition. Son collègue Smaïl Kouadria lui a emboîté le pas. «Au lieu de faire payer les pauvres, allez chercher l'argent du fisc et les fonds détournés dans les fausses déclarations qui dépassent les 10 milliards de dollars», a-t-il clamé en déplorant l'instauration d'une taxe même sur la location des studios, laquelle a été maintenue dans le projet. Ce dernier estime que «c'est honteux pour un gouvernement qui laisse des milliards lui échapper et court derrière des miettes». Des altercations ont été enregistrées entre les députés du PT et celui du RND, Chabane Belkacem. Ce dernier a relevé l'absence de telles positions lors de l'examen du projet de loi par la commission des finances. «Nous n'avons pas vu des réactions de l'opposition qui se prétend défendre le peuple au sein de la commission», a-t-il affirmé devant l'assistance. Ce qui a soulevé l'ire du Parti des travailleurs dont des représentants se sont levés pour contester ces propos. Le président de l'Assemblée avait du mal à calmer les esprits. Les députés de l'Alliance de l'Algérie verte n'ont pas été tendres avec le gouvernement. «Nous sommes contre cette orientation politique qui se fait sur le dos des citoyens», a déclaré Youcef Khababa, député d'Ennahda. «Nous rejetons ce projet de loi qui va ruiner le portefeuille des Algériens et affaiblir leur pouvoir d'achat», a soutenu de son côté, Fattah Rebaie. Selon lui, «le gouvernement a tendance à recourir souvent aux solutions faciles pour remplir ses caisses». Ces derniers ont tenu à faire connaître leur position avant de quitter les lieux. Hassen Aribi, député du FJD, a également dénoncé les dispositions contenues dans ce projet de loi. «Cette loi va punir et affamer le peuple algérien, c'est la raison pour laquelle je la refuse, et je dégage, pour ma part, toute responsabilité quant à ses conséquences», a-t-il dit. Le Front des forces socialistes a complétement boycotté la séance du vote. Le chef du groupe parlementaire, chaffaa Bouaiche a donné un point de presse dans le hall de l'APN pour exprimer la position du parti. «Le FFS considère que cette loi est une tentative de faire face à une débâcle économique et politique en recourant au plus haïssable des procédés qui consiste à faire payer les couches sociales les plus démunies», a-t-il affirmé. Le FFS estime qu'au lieu d'aller chercher les milliards détournés dans la surfacturation, les transferts illégaux de devises à l'étranger et la fraude fiscale, le gouvernement préfère s'attaquer au pouvoir d'achat des Algériens déjà fragilisé par l'inflation et la dépréciation du dinar. Or, si les partis de l'opposition ont avancé les mêmes arguments et les mêmes positions, ces derniers ont raté encore une fois l'occasion de constituer une force de frappe en adoptant une position commune. Alors que le PT a rejeté le projet, l'Alliance de l'Algérie verte a opté pour le retrait et le FFS pour le boycott. Sur les 66 amendements, un seul a été retenu, à savoir la prise en charge de 65% de la facture d'électicité pour les gens du Sud.