La décision du Président apportera sûrement l'accalmie que tout le monde souhaitait Sur instruction du président de la République, un amendement portant sur le report de deux ans de l'application du départ à la retraite sans condition d'âge, soit jusqu'à 2019, a été introduit. Sage décision du président de la République qui est intervenu, hier, pour mettre fin à un conflit qui a empoisonné, des mois durant, les rapports entre le partenaire social et le gouvernement. Le départ à la retraite sans condition d'âge sera maintenu momentanément. Sur instruction du président de la République, un amendement portant sur le report de l'application du départ à la retraite sans condition d'âge a été introduit hier dans le projet d'amendement de la loi en question. Trêve donc au front social mis sur le gril depuis des semaines. Une accalmie qui est la bienvenue en ces moments de doute, de crise financière et à la veille d'une échéance électorale déterminante pour le pays. Est-il possible en effet d'organiser des élections dans un contexte social bouillonnant? Surtout que les promoteurs d'une explosion sociale n'attendent qu'une opportunité pour mettre le feu aux poudres. Le président Bouteflika a anticipé sur les évènement en coupant la poire en deux: la voix des travailleurs a été entendue et les acquis du gouvernement préservés. N'est-ce pas que c'est le rôle du chef de l'Etat? Bouteflika a exercé ainsi son rôle d'arbitre, de recours suprême quand toutes les autres voies sont bouchées. Le ministre du Travail et de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mohammed El-Ghazi l'a déclaré à l'ouverture de la séance de vote du projet de loi. Une décision qui a été vivement soutenue par les partis de la majorité. Cela va certainement soulager une grande partie des travailleurs qui aspirent partir en retraite après 32 ans de service, à condition d'avoir 58 ans en 2017 et 59 en 2018. Ceux qui auront 59 ans en 2019 ne pourront plus bénéficier de cette disposition puisque l'âge de la retraite arrêté à 60 ans va rentrer en vigueur. Le projet d'amendement a été voté à la majorité avec un seul amendement apporté par le gouvernement. Sur les 21 amendements proposés par les partis de l'opposition, aucun n'a été retiré. La décision du président de la République vise à apaiser la tension au sein du front social qui est en plein ébullition depuis l'annonce de la suppression de la retraite anticipée. Or, cette décision n'a pas été du goût des partis de l'opposition lesquels ont voté contre ce projet d'amendement. «C'est du bricolage, cette solution ne va en aucun cas régler les choses», a soutenu Smail Kouadria qui qualifie cette solution d'ambiguë. «Ce projet remet en cause un acquis qui est le départ en retraite après 32 ans de service», a-t-il soutenu. «Le projet a failli être adopté dans sa forme initiale, c'est le président de la République qui a pris la peine d'introduire un amendement» et a déploré «l'attitude des députés lesquels sont restés indifférents aux appels des syndicats et des travailleurs», a-t -il reconnu tout en gardant espoir en la volonté du président de la République à retirer ce projet de loi. «Nous allons interpeller le président de la République pour annuler ce projet», a-t-il affirmé tout en précisant que son parti a voté contre ce projet car il est injuste. L'Alliance de l'Algérie verte a également voté contre ce projet de loi. «L'amendement apporté au projet ne répond pas aux attentes des travailleurs», a affirmé Youcef Khababa d'Ennahda. Selon lui, cette décision a démontré l'échec de l'Exécutif dans le traitement de cette question en recourant au président de la République. Khebaba craint que cette mesure vide davantage la Fonction publique. Ce député a rappelé que l'annonce de la suppression de la retraite anticipée a provoqué une véritable hémorragie dans le secteur de la santé et de l'éducation. Le groupe parlementaire du FFS a complètement boycotté la séance. «L'amendement introduit ne changera en rien dans la forme», a soutenu Chaffaa Bouaiche, chef du groupe parlementaire du FFS. Selon lui, «cette décision a été prise sous la pression des syndicats et des députés». Le FFS considère que toute décision doit associer le partenaire social. De son côté le député indépendant Osmani, a soutenu que cette solution n'est pas l'idéale et ne répond pas aux attentes des travailleurs.