ces immigrants ayant fait l'objet de l'esclavage et de la traite humaine dans des chantiers marocains Certains rescapés ont déclaré avoir pris place à bord d'une embarcation à partir de la ville marocaine de Nador, leur projet était de rallier les côtes espagnoles. S'éternisant dans son silence sur la culture du cannabis, le Royaume marocain fait mine de ne rien savoir sur l'immigration clandestine, quitte à laisser à l'abandon les candidats à l'Eldorado incertain en ne sécurisant pas ses plages transformées en «salles d'embarquement». D'autant plus que ces plages sont investies par des barons spécialisés dans la traite humaine en proposant des «départs» en casquant rubis sur l'ongle. C'est la politique à la marocaine observée vis-à-vis des sujets d'actualité et sa culture constante basée essentiellement sur le laisser-aller. C'est ce que l'on peut déduire des aveux faits par des rescapés du drame survenu la semaine dernière et qui a provoqué la mort de 15 Africains, pendant que 19 autres ont été secourus par les gardes-côtes à quelques miles de la plage de Cap Falcon, relevant de la commune de Aïn El Türck. Certains rescapés ont déclaré qu'ils se trouvaient parmi les 38 personnes à avoir pris place à bord d'une embarcation à partir de la ville marocaine de Nador. Dans leur projet, les candidats au paradis incertain avaient ambitionné de rallier les côtes espagnoles. Un tel témoignage n'est pas trop sibyllin. Des rescapés, racontant leur calvaire à l'APS, ont été directs en n'insinuant pas que le Maroc ne réagit en rien pour faire face aux spécialistes dans le «commerce» du trépas. Pis encore, cette mort n'est pas facturée affectueusement ne serait-ce qu'en prenant en compte la misère de ces immigrants ayant fait l'objet de l'esclavage et de la traite humaine dans des chantiers marocains dans le but d'amasser une petite fortune pour la remettre dans les mains de ces charognards leur faisant miroiter l'espoir de vivre des jours meilleurs dans les pays européens. Il n'en est rien de cet Eldorado. Ces Africains, pris en charge par le foyer social de Misserghine, n'ont pas la peau dure pour se voir fixer le prix à payer chacun contre une traversée qui pourrait les conduire à trépasser en pleine mer. La traversée est tarifiée à la marocaine: verser à l'avance 2000 euros par personne avant d'être livrés aux aléas de la nature, la mer et la mort à petit feu loin des siens. Ces déclarations faites par ces immigrants laissent pantois plus d'un, et plus précisément les organisations et associations spécialisées dans la défense des causes humaines. Se référant aux déclarations des survivants, ayant souffert pendant de longs jours suite au naufrage de leur embarcation, des défenseurs de ces causes humaines ont désigné le Maroc en tant qu'instigateur d'une telle tragédie en ne luttant pas contre l'immigration clandestine. Souvenons-nous en. Dans un passé pas très récent, l'organisation humanitaire espagnole, SOS Racismo, a assuré avoir identifié 2400 clandestins africains à bord des bus affrétés par les autorités marocaines pour les transporter de force aux confins du désert marocain, aux frontières algériennes ou mauritaniennes. SOS Racismo ne sait pas ce que les deux tiers d'entre eux sont ensuite devenus. Celle-ci n'en a localisé qu'un millier, des jeunes surtout, mais aussi quelques femmes accompagnées d'enfants, abandonnés sans eau ni nourriture, dans le secteur où erraient déjà quelque 500 migrants d'Afrique subsaharienne refoulés après l'assaut des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. Dans son intervention, le premier conseiller de l'ambassade de Guinée au Maroc, n'a trouvé que chaussures, vêtements, bouteilles d'eau et nourriture en désordre et à l'abandon, là où 70 de ses compatriotes en perdition lui avaient donné rendez-vous, à Bouarfa, au sud-est du Maroc. Le spectacle est, tel qu'il a été rapporté par des chaînes TV, affolant, beaucoup plus qu'à un départ précipité, il donne à penser que la petite troupe des Guinéens a été dépouillée de tout, avant d'être livrée au désert. Cela concorde en tout cas aux multiples descriptions des ONG qui expliquent comment, depuis quelques jours, les forces marocaines ratissent la région pour se débarrasser des clandestins en les jetant, sans nourriture, par-dessus la frontière. Humanitaires, diplomates et médias internationaux ont vu passer des autobus pleins d'Africains, menottés les uns aux autres, des larmes de colère et d'humiliation dans les yeux. Ce n'était pas la première fois que les grillages de Melilla renvoyaient des clandestins à leur désespoir et les marches de la mort dans le désert ne sont pas nouvelles, elles non plus. Mais cette fois, les ratés de la politique d'endiguement de l'immigration clandestine viennent éclabousser opinions et bonnes consciences. Le Maroc est gangrené par ce phénomène qui est, certes transfrontalier, mais la piété et la pitié sont deux qualités bafouées sur le territoire de Mohammed VI. Sinon comment interpréter le fait que des réseaux foisonnent le territoire de Sa Majesté. C'est tout simplement la traite humaine. Le Maroc, accablé, aurait recensé «environ 300 réseaux de trafic de personnes». «Nous voudrions renouveler notre engagement en faveur des droits de l'homme et des valeurs de liberté et d'égalité, car nous sommes fermement convaincus que le respect des droits de l'homme et des Conventions internationales qui consacrent ces droits n'est pas un luxe ou une mode à laquelle on se sacrifie, mais une nécessité dictée par les exigences de l'édification et du développement.[...] Nous considérons, pour notre part, qu'il n'y a point d'opposition entre les exigences du développement et le respect des droits de l'homme, de même qu'il n'y a pas d'antagonisme entre l'islam, qui a consacré la dignité humaine, et les droits de l'homme. C'est pourquoi nous estimons que le prochain siècle sera le siècle du respect des droits de l'homme ou ne le sera pas». Voilà une déclaration faite par le roi Mohammed VI à l'occasion de la célébration de l'anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'homme. Que nenni! Le broyage du vendeur de poisson de Hoceïma est révélateur du respect, par le Maroc, des droits de l'homme. Une chose est sûre, l'Algérie a, depuis la nuit des temps, été à la hauteur des événements en corrigeant le tort commis par le Maroc, l'esprit du bon voisinage l'impose. C'est ainsi que les 19 ressortissants de pays africains, secourus la semaine dernière, à quelques miles de la plage de Cap Falcon, bénéficient d'une prise en charge sanitaire et psychologique au niveau du centre de Dar Rahma de Misserghine, dans la wilaya d'Oran. Les 19 rescapés sont originaires du Sénégal, du Mali, du Liberia et de la Guinée. Ils ont exprimé leur satisfaction quant à la prise en charge psychologique et sanitaire dont ils sont bénéficiaires.