La Chine soutient matériellement les réfugiés sahraouis à qui elle offre un chèque en bonne et due forme. Allons-nous entendre alors la diplomatie marocaine accuser la Chine de soutenir le terrorisme? Membre influent du Conseil de sécurité de l'ONU, la Chine vient de délivrer un message fort à même de calmer l'effervescence que veut imprimer le Maroc à toute la région d'Afrique du Nord. Simple dans son énoncé, mais dense dans sa portée politique. Le message en question se résume à ces quelques lignes contenues dans un communiqué envoyé, hier, à notre rédaction par le Croissant-Rouge algérien: «Dans le cadre de la solidarité avec les réfugiés sahraouis, l'ambassadeur de la République de Chine à Alger, offre aujourd'hui un chèque au président du Croissant-Rouge sahraoui au siège du Croissant-Rouge algérien à Alger.» Première vérité: la Chine soutient matériellement les réfugiés sahraouis à qui elle offre un chèque en bonne et due forme. Allons-nous entendre alors la diplomatie marocaine accuser la Chine de soutenir le terrorisme? Pourquoi ne pas le faire puisque le Maroc tient une preuve matérielle? Le Royaume marocain va-t-il rompre ses relations diplomatiques avec la Chine? Pour moins de preuves, le Maroc a annoncé, il y a huit jours, sa décision de rompre ses relations diplomatiques avec l'Iran à «cause du soutien de son allié le Hezbollah au Polisario». Hélas, la joie de Nasser Bourrita, le ministre marocain des Affaires étrangères, doit être infiniment triste, car il s'agit bien du géant chinois. Deuxième vérité: la Chine a volontairement choisi de remettre le chèque dans la capitale Alger et plus exactement au boulevard...Mohammed V où existe le siège du Croissant-Rouge algérien. Quelle belle symbolique! Et enfin dernière vérité, ce message chinois intervient le jour de l'ouverture de la Foire internationale d'Alger où la Chine est justement l'invité d'honneur à cette grandiose manifestation économique. Ce message intervient donc au moment opportun pour appuyer la position algérienne dans le dossier sahraoui. Il ne s'agit ni plus ni moins que d'une question de décolonisation qui est reconnue comme telle par les Nations unies. En réalité, les relations entre Alger et Pékin, dépassent ce cadre conjoncturel. Elles remontent officiellement à, il y a 60 ans. L'histoire retient l'accueil présidentiel réservé à la délégation du Gpra conduite à Pékin par Krim Belkacem. La Chine était le premier pays non arabe à avoir reconnu le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) quelques semaines seulement après sa proclamation en septembre 1958. L'histoire retient également que l'Algérie a activement soutenu la légitimité du recouvrement par la République populaire de Chine en 1971, de son siège au sein des Nations unies, et de son statut de Membre permanent au Conseil de sécurité. C'était l'époque où la diplomatie algérienne était dirigée par Abdelaziz Bouteflika qui a été ensuite élu à l'unanimité-président de la 29ème session de l'Assemblée générale des Nations unies en 1974. L'histoire retient également l'engagement solidaire de l'Algérie en réitérant à chaque fois sa position au sujet de la question de Taïwan ainsi que son soutien à l'unité et à l'intégrité territoriale de la République populaire de Chine. Une amitié qui dure depuis 60 ans et qui n'a pas pris une seule ride. «Les relations entre les deux pays, qui remontent à l'année 1958, se caractérisent par un haut niveau de confiance mutuelle, permettant à l'amitié sino-algérienne de résister à tous les aléas de la situation internationale», a indiqué l'ambassadeur de Chine en Algérie, Yang Guangyu. Pour illustrer la qualité des relations sino-algériennes, M.Guangyu a rappelé l' «excellence des liens» bâtis sur les accords de coopération et de partenariat entre les deux pays ainsi que sur les relations diplomatiques, qualifiant le 60eme anniversaire de l'établissement des relations antre Alger et Pékin de «nouveau point de départ» pour leur partenariat.