Le ministre de l'Energie donne la nette impression de n'avoir pas bien potassé son sujet. Contrairement à ce qu'on aurait pu croire, à voir l'absence de toute initiative du gouvernement sur le dossier, le projet de 4 000 MW d'électricité solaire n'est pas abandonné. Il figure toujours sur les tablettes du ministère de l'Energie. «Nous avons décidé d'installer 4 000 MW d'électricité de sources renouvelables, pour 8 milliards de dollars, et ce, avec nos moyens et capacités et non pas avec des équipements importés», a souligné le ministre de l'Energie, en marge d'une journée pour l'incitation à la fabrication en Algérie de matériels électriques et gaziers. Guitouni s'est contenté d'annoncer l'objectif, sans dire comment le gouvernement compte s'y prendre pour l'atteindre. Il faut savoir, qu'initialement, le fameux projet reposait sur un avis d'appel d'offres international pour la réalisation d'une dizaine de centrales électriques, sur la base d'un cahier des charges obligeant les partenaires étrangers à un transfert de technologie et une intégration de la production des composants. Au jour d'aujourd'hui ni l'appel d'offres ni le cahier des charges n'ont été rendus publics. C'est dire que le programme est dans un flou total. Le propos, tout à fait approximatif du ministre, illustre les hésitations du gouvernement sur un sujet, pourtant classé par le président de la République, comme relevant de la priorité nationale. Guitouni qui donne la nette impression de n'avoir pas bien potassé son sujet, s'en tient à des slogans creux en rapport avec «la détermination de l'Algérie d'asseoir une industrie dédiée aux énergies nouvelles et renouvelables», mais ne fournit aucun élément probant annonçant la mise en oeuvre de cette «détermination». Le ministre s'est contenté de souligner qu'«à fin 2017, la production nationale de panneaux photovoltaïques s'est située entre 100 et 150 mégawatts». La question qui se pose a trait à la commercialisation de ces panneaux. En l'absence d'une demande publique identifiée, il y a peu de chance de voir cette production décupler. Pourtant, c'est bien à cette échelle qu'il faut produire ces composants pour être à la hauteur des ambitions affichées par le gouvernement. La «recette» de Guitouni consiste en la poursuite de la fabrication de ces équipements et pour illustrer son propos, il annonce la mise sur le marché de 160 MW d'électricité de sources renouvelables. «Nous allons, dans peu de temps, mettre sur le marché, quelque 160 MW d'électricité d'origine renouvelable dont deux fois 25 MW, au titre du programme de Sonelgaz, pour débrider les centrales du Sud et diminuer la consommation du gasoil, alors que 100 à 120 MW devant être mis aux enchères pour permettre aux investisseurs privés de s'y mettre». Ces propos sont très loin des 4 000 MGW et des ambitions d'une industrie nationale des énergies renouvelables.