Des réactions sans conséquences Le président turc Erdogan a tiré à boulets rouges sur Israël.«Il n'y a pas de différence entre les atrocités subies par le peuple juif en Europe il y a soixante-quinze ans et la brutalité dont souffrent nos frères à Ghaza» a-t-il dit. Tandis que les capitales arabes ont réagi avec une tiédeur illustrée par l'étrange discrétion qui a sanctionné la tenue de la réunion des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe au Caire, jeudi dernier, les pays musulmans ont répondu à l'appel du président turc Recep Tayyip Erdogan, président en exercice de l'Organisation de la Conférence islamique pour agir contre les exactions israéliennes à Ghaza. Aux communiqués timorés, voire même gênés aux entournures des pays arabes se limitant à «condamner le comportement de l'armée israélienne», les pays musulmans ont montré qu'ils étaient sensibles au bain de sang dont se rend régulièrement et méthodiquement coupable l'Etat hébreu, arguant de prétextes usés et abusés contre le Hamas pour justifier ses meurtres injustifiables. C'est ainsi que les représentants des 57 pays membres de l'OCI ont appelé, lors du sommet d'Istanbul, vendredi dernier, à «une protection internationale pour le peuple palestinien, y compris par l'envoi d'une force de protection internationale», dans le communiqué final du sommet. Il fallait au moins cette prise de position, quand bien même symbolique, et qu'importe si elle ne peut se concrétiser du fait du veto systématique des Etats-Unis, pour dire au monde impassible que ce qui se passe à Ghaza relève clairement des crimes de guerre, quels que soient les arguments brandis par l'Etat hébreu. Par-delà les déclarations de pure forme de la plupart des capitales arabes, il y aura eu au moins cet appel de l'OCI qui a condamné «en les termes les plus forts les actions criminelles des forces israéliennes dans les Territoires palestiniens occupés, notamment dans la bande de Ghaza», où près de soixante et un Palestiniens sont morts lundi criblés de balles, en manifestant contre le transfert de l'ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à El Qods occupé. L'Organisation de la coopération islamique a réclamé aux Nations unies la mise sur pied sur pied d'«une commission d'enquête internationale» pour faire la lumière sur le bain de sang de Ghaza. Et elle accuse nommément l'administration américaine «de soutenir les crimes d'Israël, y compris en le protégeant au Conseil de sécurité de l'ONU», tout en dénonçant Washington pour le transfert de son ambassade à Jérusalem, qualifiant la décision unilatérale et illégale du président américain Donald Trump d'«acte de provocation et d'hostilité contre la nation islamique». Fidèle à lui-même dans ses attaques et ses critiques véhémentes du gouvernement Netanyahu, le président turc Erdogan a tiré à boulets rouges sur Israël dans sa déclaration d'ouverture du sommet, rappelant les exactions commises par l'armée israélienne lundi dernier, et comparant le traitement des Palestiniens de Ghaza par l'Etat hébreu à la persécution des juifs par les nazis.«Il n'y a pas de différence entre les atrocités subies par le peuple juif en Europe il y a soixante-quinze ans et la brutalité dont souffrent nos frères à Ghaza.» Auparavant, il s'était adressé aux milliers de manifestants turcs venus apporter leur appui à la Palestine en lutte contre l'oppression et le meurtre impuni, Erdogan avait reconnu dans sa harangue que le monde musulman avait «échoué dans le test de Jérusalem», puisqu'il n'est pas parvenu à empêcher le transfert de l'ambassade américaine de Tel-Aviv dans la ville sainte.«Les violations commises par Israël à Jérusalem et en Palestine s'expliquent par les divisions et les différends entre les musulmans eux-mêmes, a-t-il ajouté. Nous devons nous sacrifier pour défendre nos Lieux saints. Si nous nous unissions, Israël ne pourrait pas poursuivre ses violations.» Le fait est que le sommet d'Istanbul comme la réunion du Caire interviennent dans un contexte de crise profonde du Monde arabe et musulman, miné par des divisions profondes et des conflits larvés ou manifestes qui entravent toute volonté d'agir contre Israël et l'Etat hébreu, puissamment aidé par les Etats-Unis en la matière, tire un profit sur tous les plans. Ainsi, la présence de Adel Al Jubeir, le ministre saoudien des Affaires étrangères, non loin de la délégation iranienne ou même de celle du Qatar, aura constitué une image pathétique de cette situation dont Israël ne pouvait rêvé meilleure condition, surtout quand on sait que les pays du CCG le regardent depuis l'arrivée de Trump avec les yeux de Chimène.