Les Palestiniens pleurent leurs morts et les israélo-américains savourent leur fête Anticipant les débats et les décisions de ce sommet qui interviendra au lendemain de celui de la Ligue arabe, au Caire, la Turquie a déjà pris des mesures en demandant à l'ambassadeur d'Israël puis à son consul général à Istanbul de quitter le pays temporairement. La Turquie accueillera demain à Istanbul une réunion d'urgence de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), après les massacres commis par l'armée israélienne, lundi dernier, à Ghaza et en Cisjordanie, à l'initiative du président turc Recep Tayyip Erdogan. Le Premier ministre turc Binali Yildirim, a invité ses homologues de cinq pays (Algérie, Bangladesh, Maroc, Pakistan et Qatar) à participer à ce sommet, a précisé l'agence de presse officielle Anadolu. Lors d'une réunion du groupe parlementaire du Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir),M.Yildirim a condamné Israël pour avoir tué des dizaines de manifestants palestiniens dans la bande de Ghaza, appelant les pays islamiques à réexaminer leurs relations avec Israël «Le monde islamique devrait afficher son humanité, son unité et sa solidarité devant ces cruautés. Personne ne doit rester silencieux face à une telle persécution», a-t-il tenu à souligner. Plus de 60 Palestiniens ont été tués et plus de 2500 autres blessés lundi dernier, lors des manifestations visées par les tirs meurtriers des forces israéliennes près de la frontière entre Israël et la bande de Ghaza. Les Palestiniens s'étaient rassemblés pour la commémoration annuelle de la Nekba ou Marche du Retour et pour protester contre l'ouverture de l'ambassade des Etats-Unis à Jérusalemn décidée le jour anniversaire de la création de l'Etat sioniste dont la conséquence fut l'expulsion et l'exode de centaines de milliers de Palestiniens. Assurant la présidence tournante de l'OCI, la Turquie a déjà organisé en décembre 2017 un sommet extraordinaire, à Istanbul, pour protester contre la décision américaine de transférer son ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem, en violation des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. Cette réunion avait été initiée en préparation de la Session extraordinaire de la Conférence du sommet islamique de l'OCI tenue le même jour à Istanbul, sur l'invitation du président Recep Tayyip Erdogan, afin d'examiner les développements à la suite de la reconnaissance illégale par le président américain de la ville d'El-Qods en tant que soi-disant capitale d'Israël, la puissance occupante. Dans son discours d'ouverture, le ministre des Affaires étrangères Çavuþoðlu, aux côtés duquel se tenaient le ministre des Affaires étrangères de Jordanie, Ayman Safadi, le ministre des Affaires étrangères de Palestine, Riad Malki, et le secrétaire général de l'OCI, Yousef Al-Othaimeen, avait déjà souligné, en sa qualité de président de la réunion des ministres des Affaires étrangères, que le monde musulman doit se tenir d'une manière ferme et courageuse aux côtés du peuple et de l'Etat de Palestine frère, dans la défense de leur cause légitime. Anticipant les débats et les décisions de ce sommet qui interviendra au lendemain de celui de la Ligue arabe, au Caire, la Turquie a déjà pris des mesures en demandant à l'ambassadeur d'Israël puis à son consul général à Istanbul de quitter le pays temporairement, sur décision du président Erdogan qui avait entre-temps rappelé son ambassadeur à Tel-Aviv pour consultations. Le président Erdogan, issu de la mouvance islamo-conservatrice, a pris la tête de la réprobation d'Israël après le carnage de Ghaza, lundi, accusant Israël de «génocide», jugeant que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu était à la tête d'un «Etat d'apartheid» et avait du «sang des Palestiniens» sur les mains. Netanyahu a, de son côté, affirmé qu'il n'avait pas de «leçons de morale» à recevoir du président turc: «Il ne fait aucun doute qu'il comprend parfaitement le terrorisme et les massacres», a-t-il déclaré dans un communiqué. Ce retour de flammes entre les deux pays intervient en pleine tentative de normalisation de leurs relations, engagée en 2016, pour désamorcer une grave crise diplomatique intervenue à la suite d'un raid israélien contre le navire d'une ONG turque qui tentait de briser le blocus israélien de la bande de Ghaza, en 2010. Mardi dernier, répondant à l'appel de plusieurs organisations turques, des centaines de manifestants ont protesté devant le consulat israélien à Istanbul. Un autre rassemblement, sans doute beaucoup plus imposant, doit avoir lieu aujourd'hui, également à Istanbul, à l'appel du président Erdogan, sous le slogan «Halte à l'oppression». Clôturant son séjour officiel à Londres, le président turc y a rencontré une délégation de juifs ultra-orthodoxes du groupe antisioniste Neturei Karta. Ce groupe dissident, en marge des juifs ultra-orthodoxes, compte de nombreux membres en Israël et dans le monde et il s'oppose à l'existence d'un Etat juif avant la venue du Messie.