Il faut laisser la question aux spécialistes en la matière Cette question risque de réveiller des sensibilités politiques et idéologiques d'où il sera difficile de dégager un consensus politique autour du caractère de transcription de la langue. La polémique risque d'enfler. La question épineuse concernant le caractère de transcription de tamazight sera de nouveau soulevée prochainement. Le projet de loi portant sur le statut de l'académie de la langue amazighe, qui est fin prêt et attend juste son passage en Conseil des ministres, va faire couler beaucoup d'encre. Surtout lorsqu'on sait que cette académie aura comme principale mission de définir le caractère de transcription de la langue. Est-ce le tifinagh, le latin ou l'arabe, lequel des caractères sera retenu? Telle est la vraie problématique à laquelle seront confrontés les membres de l'académie. Cette question risque de réveiller des sensibilités politiques et idéologiques d'où il sera difficile de dégager un consensus politique. La polémique a commencé bien avant. Les spécialistes de la politique et des plateaux n'ont pas attendu le projet de loi ou l'avis des experts en la matière pour anticiper les événements. Les esprits s'échauffent et se manifestent à la moindre occasion. Preuve en est: le projet de loi consacrant Yennayer comme fête nationale officielle à l'APN, a été examiné sur fond de surenchère politique. Le débat a été détourné de la question qui faisait consensus, à savoir la proclamation de Yennayer comme fête nationale officielle. Certes, les députés étaient tous favorables à la décision du président de la République, mais ils étaient partagés sur le caractère de son écriture. Les islamistes ont d'ailleurs sauté sur l'occasion pour imposer sa transcription en arabe. Une proposition qui n'a pas été du goût des autres tendances politiques qui réclament son écriture en tifinagh. Ce qui est certain est le fait que la polémique risque de prendre des tournures houleuses lors du passage de ce projet de loi devant le Parlement prochainement. Pour apaiser les tensions, des responsables appellent les politiques à la sagesse et de laisser la question aux spécialistes en la matière. Le secrétaire général du Haut Commissariat à l'amazighité, Si El Hachemi Assad estime que «c'est aux scientifiques et les spécialistes de trancher cette question». Il y a lieu de rappeler que l'examen du projet de loi portant sur le statut de l'académie vise à renforcer la place de la langue amazighe au sein de la société et des institutions de l'Etat. En plus du caractère d'écriture, la question de la généralisation de l'enseignement de tamazigh a également fait l'objet d'une grande polémique. Alors que les Berbères réclament l'obligation de la généralisation de l'enseignement de la langue, d'autres s'y opposent. Les propos tenus par la députée Naima Salhi ont choqué plus d'un allant jusqu'à créer une bataille par presse interposée. En guise de représailles, des députés qui ont plaidé la cause identitaire ont fait une proposition de loi pour l'obligation et la généralisation de l'enseignement de cette langue, mais en vain. «Aucune suite n'a été donnée à cette proposition», a regretté l'élu de Béjaïa, Benadji. Des rumeurs même ont circulé selon lesquelles il y aurait un référendum sur l'enseignement de la langue amazighe dans les écoles. Une information démentie par le secrétaire général du HCA en précisant que «le débat n'a plus lieu d'être puisque la Constitution l'a consacrée comme langue officielle». Or, la polémique risque d'être relancée à tout moment. Par ailleurs des noms circulent déjà sur la future composante de cette académie. Le secrétaire général du HCA, Si El Hachemi Assad, figure parmi les candidats pressentis pour occuper le poste de président de la future académie aux côtés de Abderezzak Dourari, l'actuel directeur du Centre national pédagogique et linguistique pour l'enseignement de tamazight (Cnplet), et Rabah Kahlouche, professeur de linguistique amazighe et ancien recteur de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. On parle également de Slimane Hachi, actuel directeur général du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (Cnrpah).