Tout porte à croire qu'un terrain d'entente a été trouvé Les élus de l'Assemblée populaire communale de la wilaya de Béjaïa vont se retrouver aujourd'hui pour un autre conclave, 24 heures après celui avorté dimanche dernier autour du même sujet. Alors que l'on est à peine à deux semaines de l'ouverture traditionnelle et officielle de la saison estivale, l'exécutif de la wilaya et les élus de l'APC se distinguent non pas par une accélération de la cadence de la préparation, mais plutôt par des histoires protocolaires et autres accusations, loin d'intéresser le citoyen lambda préoccupé par un quotidien des plus désastreux sur tous les plans. Alors qu'aucune date n'est encore retenue pour la tenue de la plénière programmée sur «Les assises du tourisme» à Béjaïa, ajournée suite à une mésentente autour de sa présidence, voilà qu'une session extraordinaire est convoquée pour débattre des préparatifs de la saison estivale. Le rendez-vous, ajourné avant-hier, devait justement être consacré à la présentation du rapport de la première phase devant les élus APW, les directeurs exécutifs, les P/APC, les professionnels du tourisme et le mouvement associatif. Tout porte à croire qu'un terrain d'entente a été trouvé entre le wali par intérim et le P/APW pour s'engager dans l'organisation d'une session extraordinaire de l'APW avec probablement l'intégration du sujet «sur les assises du tourisme». C'est peut être la fin de l'animosité entre les deux parties. Une animosité née pour l'essentiel de la dégradation des rapports entre les deux institutions au lendemain du fâcheux indicent à l'aéroport de Béjaïa et pour lequel la wilaya est restée bouche cousue. Même si par ailleurs, la majorité FFS n'a pas encore «digéré» l'accusation portée par la wilaya sur la commune concernant le blocage de l'Epic et la dégradation de l'hygiène publique. Le report des assises, une première du genre, initié par l'APW de Béjaïa, était le premier signe d'une neutralisation qui ne dit pas son nom. Ponctuées depuis leur lancement par trois réunions avec les élus, les responsables de l'exécutif, les opérateurs intervenant dans le secteur du tourisme et le mouvement associatif, toutes coiffées par le président de l'APW, ces assises allaient pour le mieux, sauf que lors de la réunion de dimanche dernier un véritable crash s'est produit. Alors que le wali ouvrait la séance devant les élus et en l'absence de ceux du groupe FFS, le P/APW en commun accord avec les chefs de groupes du FFS, FLN, RCD et IND «ensemble construisant l'avenir» décide de la suspendre. Les millions des subventions Le wali par intérim s'invite «à présider unilatéralement cette rencontre contrairement à l'esprit de ses assises», indique une note d'information de l'APW de Béjaïa qui précise qu' «initialement, il est prévu dans le processus de ces assises que les travaux organisés dans ce cadre sont coprésidés par le P/APW et le wali». Un malentendu qui se solde par un report d'une rencontre de laquelle beaucoup est attendu, au vu de la situation dans laquelle baignent les stations balnéaires et leurs plages. Présider seul ou coprésider une réunion serait-il aussi important pour déboucher sur un ajournement d'une rencontre qui intervient à quelques semaines de l'ouverture de la saison estivale? L'égo pèserait-il aussi lourd qu'une économie en souffrance et qui impose l'union des efforts? Des histoires que le commun des mortels n'arrive pas à «gober» tout comme cet autre désaccord entre la wilaya et l'APC autour du blocage de la subvention d'un Epic alors que la ville de Béjaïa croule sous les ordures ménagères. Dans une wilaya sans wali depuis 50 jours, tout peut arriver et on va depuis de surprise en surprise et ce n'est pas près d'en finir. La session d'aujourd'hui s'annonce chaude eu égard aux déclarations des uns et des autres le jour de l'ouverture des «assises sur le tourisme», dimanche dernier. Tirs croisés «Cette action était voulue, dans le but d'écarter les élus et éviter qu'ils ne s'impliquent dans la gestion de la collectivité, surtout qu'ils ne cessent de multiplier les actions concrètes dans le but de parvenir à la réalisation des projets structurants inscrits à l'indicatif de la wilaya et la sortir, enfin, de son sous-développement» dénonçait le président de l'APW, Mehenni Hadadou, dans un point de presse tenu juste après l'ajournement de la plénière. Un quart d'heure avant, Toufik Mezhoud, wali par intérim, poussa un véritable coup de gueule quant à la situation de laisser-aller que vit la wilaya de Béjaïa, en accusant directement les élus communaux d'inertie en déclarant que «rien n'a bougé, malgré tous les moyens mis à disposition, dont des subventions importantes spécialement accordées pour la préparation de la saison estivale». La veille, un communiqué de la wilaya indiquait qu'une «enveloppe financière avoisinant les 89 millions de dinars a été débloquée en faveur des huit communes côtières de la wilaya», lesquelles devraient assurer l'entretien de quelque 34 plages environ qui seront autorisées à la baignade dès le 1er juin prochain. «Une subvention d'un montant de l'ordre de 89 millions de dinars a déjà été accordée auparavant par la Caisse de garantie et de solidarité des collectivités locales, qui a permis l'acquisition du matériel de transport pour l'entretien des plages», indique la wilaya, précisant, par ailleurs «qu'une enveloppe financière de 17,500 millions DA a été mobilisée par la wilaya de Béjaïa au profit de sept communes côtières dans le cadre de la préparation de la saison estivale 2018. Et d'ajouter: «Les communes de Souk El-Tenine, Aokas, Melbou, Boukhelifa, Tichy, Toudja et Béni K'sila ont reçu 2500.000 DA chacune». Ce montant est destiné à l'acquisition de cabines pour les plages (douches et toilettes)», poursuit la même source. Grâce à cet argent, les huit communes côtières de la wilaya de Béjaïa seront dotées respectivement de huit tracteurs et huit remorques d'une capacité de quatre tonnes, six cribleuses de gros modèle, ainsi que deux autres cribleuses de petit modèle, a-t-on précisé. En sus des 38 cabines combinées et de l'outillage, tels que des brouettes, pioches, pelles, râteaux, fourches, qui ont été distribués au profit de ces mêmes communes. Ces tirs croisés entre les deux parties vont-ils s'arrêter aujourd'hui à la faveur de cette session de l'APW? Ou alors assisterons-nous à leur recrudescence? Les conditions sont-elles vraiment réunies pour débattre sereinement d'une saison estivale? Le rapport des assises sera-t-il enfin présenté? L'initiative lancée par l'APW depuis le 24 avril 2018, reposant principalement sur la participation inclusive de tous les acteurs - collectivités locales, pouvoirs publics, professionnels du tourisme et société civile trouvera-t-elle le bout du tunnel? Autant de questions qui auront certainement des réponses aujourd'hui. Si au final, on n'arrive pas à s'entendre sur l'organisation d'une réunion, peut-on espérer une démarche concertée et unifiée pour le déblocage des projets structurants de la wilaya? Là est la question.