Carlo Cottarelli chargé de former le nouveau gouvernement Sortis vainqueurs des élections législatives du 4 mars, la Ligue (extrême droite) et le Mouvement 5 Etoiles (M5S, populiste), qui ont mis deux mois à élaborer un programme de gouvernement tournant le dos à l'austérité, sont vent debout contre l'exécutif de Cottarelli. L'Italie était plongée dans l'incertitude et les marchés financiers tendus hier avant la formation du gouvernement de l'économiste Carlo Cottarelli, qui a peu de chance d'obtenir la confiance du Parlement dominé par les populistes désireux de rendre la parole aux Italiens. Illustration de l'inquiétude concernant la situation politique italienne, le «spread», l'écart entre les taux d'emprunt italien et allemand à dix ans, a dépassé hier matin la barre des 300 points, tandis que la Bourse de Milan perdait près de 3% à la mi-journée. Une réaction des marchés financiers jugée «grave mais injustifiée» pour le gouverneur de la Banque d'Italie, Ignazio Visco. Attendu dans les prochaines heures, le nouveau gouvernement de M. Cottarelli a peu de chance d'obtenir la confiance d'un Parlement dominé par les populistes eurosceptiques. Il devrait en être réduit à expédier les affaires courantes avant des élections, sans doute dès cet automne. M. Cottarelli, 64 ans, est attendu à 16h30 par le président de la République, Sergio Mattarella. Sortis vainqueurs des élections législatives du 4 mars, la Ligue (extrême droite) et le Mouvement 5 Etoiles (M5S, populiste), qui ont mis deux mois à élaborer un programme de gouvernement tournant résolument le dos à l'austérité, sont vent debout contre l'exécutif à venir, avec à sa tête celui qui incarne la rigueur budgétaire qu'ils combattent. Ancien haut responsable du Fonds monétaire international (FMI) Carlo Cottarelli, a été désigné lundi, après un veto spectaculaire du président de la République, Sergio Mattarella, à un exécutif alliant la Ligue et le M5S sans garantie du maintien de l'Italie dans l'euro. Une décision que les chefs de file des deux formations antisystème ont aussitôt dénoncé avec virulence, estimant qu'elle ne respectait pas le vote des Italiens. «Tout ça n'est pas la démocratie, ce n'est pas le respect du vote populaire. C'est seulement le dernier soubresaut des pouvoirs forts qui veulent une Italie esclave, appauvrie et précaire», s'est insurgé Matteo Salvini, le patron de la Ligue, annonçant les futures élections comme «un plébiscite» opposant «le peuple et la vraie vie contre les vieilles castes». Luigi Di Maio, chef de file du M5S, a quant à lui évoqué «la nuit la plus sombre de la démocratie italienne» et appelé ses partisans à se mobiliser en plaçant un drapeau tricolore à leur fenêtre et à se rassembler à Rome samedi 2 juin, jour de fête nationale et de parade militaire dans la capitale. M. Di Maio compte aussi sur le soutien de la Ligue - quii ne s'est pas prononcée - pour obtenir la destitution dee M. Mattarella, une procédure parlementaire possible uniquement en cas de «haute trahison» ou d'»atteinte» à la Constitution de la part du chef de l'Etat. Les réactions sont aussi venues de l'étranger: la présidente française du parti d'extrême droite, Front national, a dénoncé «un coup d'Etat, un braquage du peuple italien par des institutions illégitimes». «Ce qui s'est produit (dimanche) est dégoûtant, l'Italie vit un moment historique car le peuple a voulu récupérer son pays et on lui a enlevé sa souveraineté», a réagi Steve Bannon, l'ancien stratège de Donald Trump, lors d'un débat au centre d'études américaines à Rome. Mais selon Massimo Luciani, président de l'association des constitutionnalistes italiens, «le président Mattarella n'a fait qu'exercer ses pouvoirs constitutionnels». Le président français Emmanuel Macron a lui loué le «courage» et le «grand esprit de responsabilité» de M. Mattarella, tandis que la chancelière allemande Angela Merkel rappelait: «Nous voulons travailler avec chaque gouvernement mais bien sûr, nous avons des principes au sein de la zone euro». Pour l'instant, les sondages évoquent des intentions de vote stables ou en très légère baisse pour le M5S, qui a obtenu plus de 32% des voix en mars, et en nette hausse pour la Ligue, qui dépasse désormais les 20%, parfois largement, après obtenu 17% en mars au sein de la coalition de droite. Après s'être rangé dimanche du côté de M. Mattarella «au nom de la défense des épargnants italiens», son allié Silvio Berlusconi (droite) s'est dit lundi soir favorable au maintien de cette coalition, envisageant de se présenter lui-même maintenant que la justice le lui autorise. Les médias ont en revanche évoqué la possibilité, que M. Salvini n'a pas complètement rejetée, d'un accord électoral entre la Ligue et le M5S susceptible d'offrir une large majorité aux populistes. A moins qu'une réforme électorale n'introduise suffisamment de scrutin majoritaire pour permettre à l'un des deux camps de gouverner seul.