De nouvelles discussions intercoréennes à Panmunjom Les deux Corées qui guettent une paix balbutiante sont convenues de «renouveler, autant que nécessaire, leur tête-à-tête au cours des dix premiers jours du mois de juin», pour «mettre en application les décisions prises lors du sommet d'avril», du moins officiellement. Comme pour conjurer le mauvais sort, les délégations des deux Corées multiplient les rencontres afin de maintenir à vif les braises de la réconciliation annoncée mais guère à l'abri d'un changement d'humeur. C'est ainsi que des délégations de haut niveau des deux Corées se sont retrouvées hier pour «discuter de l'amélioration des relations bilatérales» et cela en prévision du sommet «historique» prévu le 12 juin prochain, à Singapour, entre le président américain Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un. C'est ce qu'ont rapporté des médias sud-coréens qui précisent que ces discussions devaient en fait avoir lieu au tout début du mois de mai mais qu'elles avaient été brusquement annulées par la Corée du Nord mécontente du déroulement des manoeuvres militaires conjointes entre Washington et Séoul. En même temps que cette décision impromptue, Pyongyang avait repris la rhétorique habituelle contre les deux pays alliés qui représentent une «menace pour sa sécurité», jusqu'au moment où le président américain Donald Trump annonça, dans une conférence de presse convoquée à la hâte et de manière théâtrale, comme à son habitude, qu'il venait de décider «l'annulation pure et simple du sommet du 12 juin». Le branle-bas de combat qui s'en est suivi tant à Pékin qu'à Séoul a vu, contre toute attente, dès la fin des exercices militaires conjoints dits «Max Thunder» entre la Corée du Sd et les Etats-Unis, le dirigeant nord-coréen Kim jong-Un solliciter un 25 mai, le président sud-coréen Moon Jae-in pour une rencontre surprise dans le village de Panmunjom, dans la Zone démilitarisée qui divise la péninsule, ce qui fut leur seconde réunion du genre après le premier sommet intercoréen suivi par le monde entier fin avril. On devine sans peine les propos tenus en cette circonstance puisque quelques heures ont suffi pour qu'à l'issue de cette rencontre, le président Trump effectue un «machine arrière toute», en annonçant qu'en fin de compte il est probable et pratiquement certain que le sommet de Singapour aura bel et bien lieu.Au préalable, les deux Corées qui guettent une paix balbutiante sont convenues de renouveler, autant que nécessaire, leur tête-à-tête au cours des dix premiers jours du mois de juin, pour «mettre en application les décisions prises lors du sommet d'avril», du moins officiellement, si l'on en croit un communiqué conjoint publié après les entretiens d'hier. Le 14 juin, les deux parties mèneront des négociations militaires avant une réunion de la Croix-Rouge, le 22 juin, pour convenir des modalités de retrouvailles des familles séparées par la guerre (1950-53). Enfin, cerise sur le gâteau, les deux délégations consacreront la séance du 18 juin à tenter de constituer une équipe commune pour les jeux asiatiques de Jakarta en août. Mais le plus important dans tout cela, on l'imagine sans grande difficulté, aura consisté comme l'a d'ailleurs reconnu le ministre sud-coréen de l'Unification, Cho Myoung-gyon, à réunir toutes les conditions favorables pour «créer une atmosphère positive pour le sommet Washington/ Pyongyang». Et ceci explique cela, la chef de la diplomatie sud-coréenne a eu hier avec son homologue américain, le secrétaire d'Etat Mike Pompeo, un entretien téléphonique sur le dialogue en cours entre la Corée du Nord et les Etats-Unis, selon le communiqué du ministère sud-coréen des Affaires étrangères. La ministre sud-coréenne des Affaires étrangères Kang Kyung-wha a échangé pendant 25 minutes, ses convictions avec Mike Pompeo, selon le ministère qui indique qu'ils ont examiné «en profondeur» les données disponibles au terme des contacts actuels entre Washington et Pyongyang. Traduit en clair, cela signifie qu'ils ont fait le point sur les attentes et les concessions de Pyongyang au moment où le numéro deux du régime nord-coréen, le général et vice-président du Comité central des travailleurs Kim Jong Chol se trouve depuis mercredi aux Etats-Unis pour des entretiens cruciaux avec Mike Pompeo, officiellement consacrés à la préparation du sommet du 12 juin. Cet échange d'information entre la Corée du Sud et les Etats-Unis permet essentiellement aux Américains de sonder la volonté réelle de la Corée du Nord de réaliser au plus tôt une dénucléarisation complète comme n'a cessé de l'exiger le président Trump. A ce stade, rien de ce qui a été décidé ni de ce qui pourrait l'être lors du sommet de Singapour n'a filtré aussi bien à Séoul qu'au village frontalier intercoréen de Panmunjom où vient de se dérouler une réunion entre nord-coréens et américains sur cette question. Est-ce pour cela que Moscou a cru nécessaire d'appeler à un respect des engagements pris envers Pyongyang où s'est rendu pour un voyage surprise le MAE russe Sergueï Lavrov voici trois jours à peine? Sans doute que Moscou comme Pékin tient à une évolution positive des négociations que viendrait «garantir» la communauté internationale. Mais on n'en est pas encore là.