La montée en cadence de la production de carburant, figure de fait, parmi les priorités de Sonatrach. Le cabinet britannique de recherche économique et de conseil Oxford Business Group (OBG) a valorisé, dans un rapport rendu public, hier, les actions entreprises par Sonatrach dans l'amont comme dans l'aval gazier. Enumérant de manière assez exhaustive les projets entrés en activité cette année et ceux projetés dans le courant de l'année prochaine, OBG a mis en exergue une dynamique remarquable de la Compagnie nationale des hydrocarbures, suggérant qu'en matière de management, Sonatrach a atteint un niveau d'efficacité appréciable qui l'amène à annoncer, avec une perspective quasi certaine de réalisation, des investissements de l'ordre de 56 milliards de dollars à l'horizon 2022. Une échéance très rapprochée qui augure d'une intense activité dans un délai très rapproché. Dans son rapport, OBG croit déceler dans les intentions des autorités centrales du pays, une volonté qui va au-delà d'une «augmentation de la production gazière, (les autorités) entendent également développer la transformation en aval et le rôle des énergies renouvelables pour assurer davantage d'efficacité et de rentabilité au secteur énergétique». Retenant que la production de gaz de 2017 avoisinait les 95 milliards de m3, avec un niveau d'exportation de l'ordre de 55%, le rapport d'OBG met en exergue la détermination de Sonatrach de faire de la pétrochimie un axe essentiel de sa stratégie SH2030. «L'aval a toujours été négligé en Algérie et cela devient un important problème stratégique», souligne OGB, reprenant le P-DG de Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour. «Nous importons plus d'un milliard de dollars de carburant par an, ce qui n'a aucun sens. Nous voulons créer de la valeur ajoutée pour notre gaz et la transformation pétrochimique sera le développement le plus important que Sonatrach connaîtra au cours du siècle», avance le même responsable dans l'entretien accordé à OBG. La montée en cadence de la production de carburant, figure de fait, parmi les priorités de Sonatrach, à travers la modernisation de la raffinerie de Sidi R'cine et l'acquisition de la raffinerie Augusta en Italie, en sus de trois terminaux, illustrent le caractère urgent de l'intervention. Cela en plus de la réalisation, dans un second temps, de deux autres raffineries d'ici à 2022. Dans l'aval, OBG cite le contrat signé par Sonatrach et Total pour la construction d'une usine pétrochimique à Arzew. Un investissement de 1,5 milliard de dollars. «Cette unité devra produire 550.000 tonnes/an de polypropylène, avec une partie de la production qui pourra être exportée vers l'Europe, la Turquie et l'Afrique du Nord», lit-on dans le rapport. La révolution, la vraie, que Sonatrach entreprend de réaliser tient dans la déclaration de son P-DG. «Nous envisageons d'utiliser l'énergie solaire dans tous nos champs pétroliers et gaziers. Dans la mesure où chaque installation consomme jusqu'à 20% de la production, l'utilisation de l'énergie solaire pour alimenter les opérations est absolument nécessaire», a noté Ould Kaddour. Il fixe l'échéance de 2030, pour que tous les champs fonctionnent à l'énergie solaire. Une bonne partie de l'ambition de Sonatrach est cependant lié à la modification de la loi sur les hydrocarbures. Objectif de la manoeuvre: attirer des investissements étrangers. «Une hausse des investissements et des projets de diversification devraient soutenir la croissance dans le secteur de l'énergie. Les autorités ont également évoqué des modifications à la législation actuelle dans le cadre d'une stratégie visant à attirer une plus grande participation des acteurs internationaux», souligne OBG. Il faut savoir qu'outre les changements fiscaux, il est prévu que la réforme de la loi aboutisse à la simplification des procédures, actuellement trop bureaucratisées, selon les professionnels. Ces deux freins ne seront pas aisés à lever, pour ce qu'ils recèlent comme fond idéologique, qui risque d'enflammer la scène politique au moment de l'annonce des amendements. Mais OBG qui n'a pas abordé l'aspect politique du projet, affiche un optimisme certain quant à la capacité de Sonatrach de rebondir à court et moyen terme.