Le naufrage d'une embarcation, qui a eu lieu dimanche dernier au large de Sfax, en Tunisie, a provoqué la mort de 55 migrants dont 12 étrangers originaires d'Afrique subsaharienne et 36 Tunisiens. Les recherches menées par les autorités tunisiennes ont permis le repêchage de sept morts noyés ce qui a donné un bilan de 55 victimes, toujours provisoire alors que 68 autres passagers de l'embarcation ont pu être sauvés. Les indications des survivants donnent à croire que 180 personnes au moins étaient à bord au moment du naufrage qui a eu lieu près de l'archipel de Kerkennah (est). C'est la toute dernière illustration du drame des migrants qui tentent au péril de leur vie l'aventure de la traversée de l'océan dans l'espoir de parvenir à un eldorado. Mais ce n'est hélas, pas la dernière car presque en même temps un autre drame s'est joué du côté des côtes turques où les tentatives ne sont pas moindres. Les raisons qui poussent ces vagues de migrants vers les côtes européennes sont connues: elles relèvent de contraintes socio-économiques extrêmes ainsi que d'un état de frustration exacerbé, quand ce n'est pas de désespoir. Le pire, en cela, c'est l'existence de réseaux criminels qui tirent profit sans vergogne de ces errements et mettent en danger la vie des candidats à une aventure improbable. S'il arrive parfois que les «organisateurs» de ces périples vers la mort soient identifiés et arrêtés, nombreux sont ceux qui parviennent, bon an mal an, à échapper aux mailles des filets sécuritaires. Il y a environ trois mois, un autre naufrage avait entraîné la mort de 90 personnes, en majorité des Pakistanais, au large des côtes libyennes. Le bilan, selon l'OIM, pourrait même être supérieur, de quoi «être profondément attristé par cette toute dernière tragédie» comme l'exprime le HCR «préoccupé par le nombre élevé de personnes» qui périssent en cette Méditerranée censée si paisible. Les foyers de guerre en Libye, en Afghanistan, en Irak et en Syrie, notamment ainsi que les nombreux pays en proie à un extrémisme meurtrier qu'incarnent aussi bien Daesh que Boko Haram, pour ne citer que ces deux mouvements terroristes, sont par la force des choses devenus des foyers de migration intense, malgré le fait que les victimes en mer soient de plus en plus nombreuses, plus de 800 morts ayant été recensés depuis début 2018. Les fauteurs de troubles sont connus et les conséquences de leurs agressions caractérisées qui ont beau affecter des dizaines de millions de personnes, poussées sur les routes de l'exil, ne semblent nullement les émouvoir. Au contraire, ils travaillent toujours, dans leurs laboratoires secrets, à préparer les conditions en vue d'étendre leur «printemps arabe» là où il n'a pas encore eu prise. Il est tout de même étrange que les aspects néfastes de ce genre d'interventionnisme armé ne sévissent que dans des zones et des pays bien identifiés, toujours les mêmes et en tout temps. Sans verser dans le syndrome du complot international, on ne peut que s'interroger sur les tenants et les aboutissants du «nouvel ordre international», actuellement imposé, un ordre dont n'ont pas rêvé les peuples qui réclamaient, des décennies auparavant, plus de justice et plus d'équité et qui se réveillent, aujourd'hui, sous le feu des puissances résolues à les opprimer davantage. Le peuple palestinien est le mieux placé pour en juger, lui qui vit une injustice et une tragédie sans nom, depuis plus de sept décennies.