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Rêves et illusions
UN FEUILLETON EN 22 EPISODES DE SID-ALI FETTAR
Publié dans L'Expression le 17 - 09 - 2005

Le metteur en scène et scénariste espère que le produit sera fin prêt pour le Ramadan.
Rêves et illusions (ahlam wa alham) est le feuilleton en 22 épisodes de 30 minutes chacun, dont le réalisateur Sid-Ali Fettar vient d'achever le tournage. Il est passé à la phase de montage, en espérant que le produit sera prêt pour le mois de Ramadan. On peut dire que le metteur en scène et l'équipe de tournage ont été assez rapides, puisque en quelques mois seulement, ils ont pu réussir l'exploit de boucler la fiction. Le premier tour de manivelle a été donné le 29 mai 2005 au Bastion 23 à Alger. Le tournage proprement dit a débuté le 4 juin 2005. La fin de tournage a été sifflée le 4 septembre, alors que le montage avait commencé en parallèle il y a deux mois et demi environ. Synopsis : Rêves et illusions (titre provisoire), dont Sid-Ali Fettar a lui-même signé le scénario, est un film qui a un très fort caractère social. On va voir évoluer trois familles, de condition moyenne ou modeste, et on va y exposer les problèmes des Algériens, dont celui du logement. Mais il y a cette insuffisance de moyens qui permettraient de réaliser ce rêve. A travers la vie des personnages, on va vivre les peurs et les angoisses des , qui ont des enfants à élever, leur avenir à préparer. Il y a toute cette jeunesse désemparée, désorientée, qui n'a pas une vision positive de l'avenir, puisqu'elle aspire à partir ailleurs. Tout le feuilleton est porté par trois ou quatre personnages principaux. Par exemple, Ali, fiancé de Djamila. Nous allons constater un amour beau et sincère, mais surtout perturbé. La période des fiançailles va s'éterniser. Le mariage est reculé par manque de logement, justement. Nous allons vivre à travers l'histoire de ce couple les péripéties et les démarches harassantes auxquelles est soumis l'Algérien, qui malgré ses économies, ne parvient pas à décrocher un appartement. Et pourtant, Ali est un cadre moyen. Normalement, il aurait dû pouvoir se débrouiller, mais il va vivre dans sa chair ce problème crucial. Mourad, le jeune frère d'Ali, est, lui, un recalé du système scolaire. Par la force des choses, c'est un «hittiste» qui ne fait que tourner en rond. C'est donc tout naturellement qu'il rêve de s'expatrier. Ces trois familles ne se distinguent pas de l'ensemble de la société algérienne. C'est un prototype, un échantillon, un miroir de la société, où l'on compte beaucoup de désaxés.
La production: il faut reconnaître, avoue, Sid-Ali Fettar, qu'au moment même où son projet a été accepté, une quinzaine d'autres avaient déjà démarré. Ce qui signifie, dit-il, qu'il y a enfin une politique de production, après un marasme qui a duré des décennies. «J'espère, commente-t-il, que ne sera pas un feu de paille.» En ce qui le concerne, personnellement, Sid-Ali Fettar note qu'après une éclipse qui a duré onze ans, la reprise a été très difficile, pour la raison bien simple, d'après lui, que le personnel technique et tous les cadres de valeur ont plus de soixante ans. Il n'y a pas eu de relève, le démarrage est difficile. «Au niveau du casting, par exemple, c'est le vide sidéral! Nos jeunes premiers sont à l'état de vieillards.» C'est la raison, pour laquelle une démarche de longue haleine est nécessaire pour dénicher «un visage» et tester sa capacité à jouer. Diriger un amateur sur un plateau demande en effet beaucoup de temps et d'effort. «Il faut souhaiter que, dorénavant, il y ait une politique de formation.» Cela veut dire qu'il s'agira de prendre à bras-le-corps le secteur de l'audiovisuel. De former les gens, de donner les moyens permettant d'avoir un fichier et de dégager une qualité artistique. «Ce qui se passe dans le cinéma ressemble à ce qui se passe dans la santé: il faut investir dans la formation et les équipements pour obtenir la qualité du produit. Aussi bien au petit qu'au grand écran, on est envahi par les productions égyptiennes et mexicaines» dont les fictions, remarque Sid-Ali fettar, sont loin de refléter notre image. Les Algériens ont soif de se voir dans leur propre miroir, pour y voir refléter leurs espoirs, leurs rêves, leurs angoisses. L'image de soi est importante. Sur le plan des moyens, l'image audiovisuelle est chère, mais elle est nécessaire. Pourquoi faut-il que notre histoire et notre identité soient filmées par d'autres, et donc fatalement déformées et dénaturées?
Sid-Ali Fettar a eu une formation cinématographique, puisqu'il a fait partie de la première promotion de cinéastes algériens (avec Merbah, Mazif, Allouache, Beloufa) qui sont sortis de l'Institut national du cinéma (1964-1966). Puis il avait commencé sa carrière à la télévision nationale de 1967 à 1972, un établissement où il avait réalisé 400 émissions et 5 téléfilms. Il intégra ensuite le cinéma, où il tourna Raï, en 1984, puis Amour interdit en 1988. Il réalisa ensuite un téléfilm pour l'Enpa Les voisins, en 1994, un téléfilm pour une boite privée en 1989 Le restaurant, en 1988. Quels sont ses thèmes de prédilection? «J'aime raconter une bonne histoire. Qu'elle soit comique ou dramatique importe peu, il faut que ce soit une belle histoire. En fait, je suis curieux de l'homme.»
Pourquoi un silence qui aura duré onze ans? «Je suis cinéaste avant tout. Or, il n'y a plus de sociétés de production de cinéma. Elles ont toutes été dissoutes.» C'est le chômage forcé. Par ailleurs durant cette période, note Sid-Ali Fettar, les réalisateurs qui ont tourné sont ceux qui ont été à l'étranger, où ils ont pu obtenir de l'argent. C'est-à-dire que «ce sont des films qui se font avec de l'argent étranger». Et Sid-Ali Fettar? «Moi je ne suis pas sorti, dit-il. J'avais toujours le secret espoir que la télévision me fasse appel. Il a fallu que ce soit moi-même qui tape à la porte pour voir le projet se réaliser. Mais je considère que si j'ai eu cette chance, il y a beaucoup de cinéastes de talent qui attendent et qu'on ne sollicite pas. Sans doute parce qu'ils ont un ego.» Oui, à un moment ou un autre, il faut faire le premier pas. Le plus important, n'est-ce pas le projet lui-même?
Tout de même on a été surpris de rencontrer un cinéaste très curieux et complet, qui aime se perfectionner tout le temps. Ainsi, à côté de sa formation de cinéaste, il a aussi fait des études de journalisme, un DES en sociologie et un diplôme supérieur en management.
Fiche technique
Titre: Ahlam oua awham (rêves et illusions).
Réalisation et scénario: Sid-Ali Fettar.
Directeurs photo: Mustapha Benmihoub et Mourad Merazi.
Ingénieurs du son: Rachid Bouafia et Salhan Yazid
Montage: Mustapha Hank
Assistants-réalisateurs: Yakoubi Souhila et Brahim Chergui Fiche artistique
Bahia Rachedi, Abdelkader Tadjer, Mustapha Preur, Youcef Meziani, Ouarda, Fatiha Nesrine
Il y a aussi des professionnels du théâtre et des comédiens qui apparaissent pour la première fois.


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