Le ministre de l'Agriculture, n'y va pas par quatre chemins. Il parle carrément de complot! Cela tient-il vraiment la route? La polémique ne cesse d'enfler et le ministre sort enfin de son silence! En effet, Abdelkader Bouazghi a réagi, jeudi dernier, aux informations faisant état du refoulement des produits agricoles algériens par la Russie et le Canada. Le ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, n'y va pas par quatre chemins. Il parle carrément de complot! Rien que cela! Par qui ce complot a été fomenté et pourquoi? Bouazghi va dans une explication des plus réductrices: «Le fait que les produits agricoles algériens aient trouvé leur place sur le marché mondial au point où certaines parties ont provoqué cette polémique.» Après ces explications, le ministre s'est interrogé sur les motifs de ce «tollé» autour de l'utilisation de pesticides et du lien fait avec le refoulement des produits agricoles? Il justifie ces interrogations par le fait que les exportations algériennes ont bondi cette année par rapport aux années précédentes. «L'exportation de ces produits connaît un développement d'année en année, alors que lorsque l'Algérie importait tous les fruits et légumes personne n'a abordé une telle question», a-t-il soutenu. Une réponse qui peut effectivement justifier le fait que ce «refoulement» soit un cas isolé, mais ne peut en aucun cas expliquer une campagne contre l'Algérie. Car, il le révèle lui-même le «volume des exportations en fruits et légumes a atteint l'année dernière 34.000 tonnes contre 20.000 tonnes en 2016 et moins que ça les années précédentes». Une goutte d'eau dans l'océan qu'est le marché mondial agricole. L'Algérie n'est pas un acteur majeur de ce marché et ne menace nullement les mastodontes du secteur. Cela même si le ministre de l'Agriculture estime que les prévisions de cette année sont énormes. «Les cinq premiers mois de l'année en cours ont vu l'exportation de plus de 44.000 tonnes de fruits et légumes, cette quantité est appelée à augmenter fin 2018», a-t-il mis en avant. Qu'est-ce que cela représente devant les 1,5 million de tonnes annuels du voisin marocain? Les explications du ministre de l'Agriculture tiennent-ils la route? En tout cas, moins que celles de son directeur de la protection des végétaux et des contrôles techniques, Khaled Moumen. Ce dernier avait affirmé, quelques jours avant son ministre que le refoulement de ces dattes et de la pomme de terre exportées par l'Algérie vers le Canada et la Russie était dû au non-respect de la chaîne de froid par l'exportateur. «Selon les dernières investigations, il s'agit d'un exportateur privé qui n'a pas respecté la chaîne de froid en n'ayant pas utilisé le conteneur frigorifique. Ce qui a provoqué la multiplication de nombre d'insectes dans les dattes exportées», avait-il indiqué en soulignant que la quantité de la marchandise refoulée était de 18 tonnes. «Cela date de septembre et octobre 2017», a-t-il indiqué. Ce responsable garantit que «des procédures de contrôle ont été effectuées au préalable par des laboratoires nationaux qui ont démontré que les normes phytosanitaires avaient été respectées». On est donc loin d'imaginer qu'un abus de pesticide aurait pu passer entre les mailles de ce filet qui semble bien tissé. Surtout que comme, l'affirme le ministre, l'Algérie «figure parmi les pays qui recourent le moins aux pesticides, avec une utilisation ne dépassant pas 0,05 kg/ha, alors que dans d'autres pays, notamment européens, ce taux oscille entre 2 et 4kg/ha». L'agriculture algérienne est réputée pour être «bio». Il existe sûrement des agriculteurs qui refusent d'utiliser les pesticides ou d'autres qui en abusent. Mais ceux-là sont certainement des cas isolés. Bouazghi aurait mieux fait de «consolider» la version de son directeur de la protection des végétaux et des contrôles techniques. Car, là il sème le doute...