Et si l'identité du champion du monde dans cette 21e édition sort de l'«habituel»? Cette hypothèse n'est pas à écarter, selon les avis unanimes, au vu des prestations de certaines sélections depuis le lever de rideau du Mondial russe. L'on pense, surtout, à la Croatie, qui a défrayé les chroniques en écrasant tout sur son passage. Et, à un degré moindre le pays hôte, la Russie, auteur de deux éclatantes victoires en autant de rencontres face à l'Arabie saoudite (5-0) et contre l'Egypte (3-1). Face à des Argentins qui font pitié, sans idée et avec un Messi inhibé, les Croates ont tiré trois balles dans les pieds de leurs vis-à-vis pour l'emporter avec l'art et la manière (3-0), après une première victoire, aussi spectaculaire, face au Nigeria (2-0) pour leur baptême du feu dans cette compétition. Certes, c'est la victoire de tout un groupe, d'une «nation du football», mais c'est surtout cet apport du duo de choc Luca Modric - Ivan Rakitic que tout le monde soulève. La Croatie peut se targuer de disposer de l'une des meilleures paires de milieux de ce Mondial... du monde même. Le Madrilène a illuminé la partie de jeudi soir - et ce Mondial - de sa classe, en s'offrant même un but sensationnel. Le Barcelonais, quant à lui, s'est illustré par ce nombre incalculable de balles récupérées constituant une muraille face à toutes les offensives de ses adversaires. Preuve en est, si Messi a réussi, face à l'Islande, à tirer 11 fois vers le but, il ne l'a fait jeudi soir... qu'une seule fois. Mais cela n'enlèvera en rien du mérite des Subasic, Lovren, Strinic, ou encore Mandzukic, pour ne citer que ceux-là. Modeste, le capitaine Modric refuse de s'enflammer, appelant à chacune de ses déclarations, ses coéquipiers à garder les pieds sur terre. Et il l'a encore fait après le match face aux Argentins. Pour lui, le premier objectif, qui est la qualification au second tour, est atteint, «et c'est le plus important». «Nous n'allons pas verser dans l'euphorie. On peut réaliser de grandes choses mais gardons les pieds sur terre», persiste-t-il tout en remettant chacun à sa place pour dire que la victoire face à l'Argentine n'a pas été facile comme peuvent le penser certains. Dans l'euphorie de la victoire, Modric n'a pas oublié de prendre la défense de Messi, indiquant que c'est un joueur «incroyable» mais qu'«il ne pourra pas tout faire seul». Modestie quand tu nous tiens!... Si Pogba, le milieu de terrain français, a encensé son partenaire, N'Golo Kanté, indiquant qu'il a «15 poumons» - allusion faite aux efforts que fournit le joueur de Chelsea sur le terrain - que dire, alors, de Luka Modric? Qu'il en a 30? «C'est peu», diriez-vous? L'aveu de faiblesse du sélectionneur de l'Argentine, Sampaoli, à la fin de la rencontre de jeudi, prouve que la Croatie n'a pas volé sa victoire et qu'il faudra, désormais, bien compter sur elle dans ce tournoi.Alors qu'elle a laissé un goût d'inachevé ces dernières années, la génération dorée du football croate tient l'occasion ou jamais de briller dans ce Mondial. Ses joueurs ont à coeur de faire comme leurs aînés en 1998, menés par le buteur Davor Suker, lorsqu'ils avaient atteint le dernier carré avant de se faire éliminer par le France (2-1), devenue championne du monde quelques jours plus tard... Et ils ont largement les moyens de faire encore mieux.