Héritier surdoué, Isco espère être le meneur qui permettra à l'Espagne d'allier deux ambitions: perpétuer son séduisant jeu de passes et continuer sa route au Mondial-2018. Un nul aujourd'hui contre le Maroc, déjà éliminé, sera synonyme de 8es. Si la Roja est proche de la qualification dans le groupe B, c'est parce qu'elle a ravivé son style de jeu si caractéristique. Un tourbillon de passes baptisé «toque», ou «tiki-taka», qui avait conduit l'Espagne vers un triplé historique Euro-Mondial-Euro entre 2008 et 2012. Et la relève est incarnée par un petit milieu barbu aux jambes arquées: Francisco Alarcon, dit Isco, nouveau maître à jouer de la «Seleccion». L'Andalou sera très attendu face aux Marocains à Kaliningrad, enclave russe des rives de la Baltique, pour un duel de voisinage entre deux pays liés par l'histoire... et par des frontières communes autour des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. En dépit d'un retentissant changement de sélectionneur avant le Mondial, l'Espagne a été impressionnante et mal récompensée face au Portugal (3-3) puis ultra-dominatrice contre l'Iran malgré quelques frayeurs (1-0). Biberonné aux redoublements de passes depuis les catégories de jeunes, Isco symbolise une Roja en plein rajeunissement dans l'entrejeu, avec Koke, Thiago Alcantara, Saul... ou encore Marco Asensio, son complice du Real, avec qui il enregistre des petites vidéos devenues virales où ils s'appellent l'un l'autre «bro» (de «brother», frère). En Russie, Isco a rapidement fait parler de lui: ses dribbles courts, ses passes précises et son souci permanent de faire vivre le ballon ont confirmé sa nouvelle envergure en sélection, lui qui traînait une réputation de dilettante à son arrivée au Real en 2013. Déjà, en septembre dernier, celui que ses partenaires surnomment «Magie» avait survolé le choc contre l'Italie en qualifications (3-0 avec deux buts inscrits). En mars, il a donné le tournis à l'Argentine (6-1), inscrivant un triplé. Et ses débuts au Mondial ont été du même acabit, avec notamment un missile sur la transversale portugaise et une activité inlassable contre l'Iran. Positionné comme électron libre, Isco dézone, appelle le ballon, apporte le surnombre et combine avec David Silva (32 ans) ou l'icône Iniesta (34 ans), auquel il est souvent comparé. D'ailleurs, le nouveau sélectionneur Fernando Hierro a maintenu dans le onze titulaire ce joueur considéré comme le «chouchou» du précédent technicien Julen Lopetegui, avec lequel il a été sacré champion d'Europe des moins de 21 ans en 2013 et qu'il retrouvera la saison prochaine sur le banc du Real. Avec Hierro, le courant passe également puisque le nouveau sélectionneur, Andalou lui aussi, était directeur sportif de Malaga (2011-2012) quand le milieu s'est révélé au plus haut niveau. «Fernando est quelqu'un qui sait ce qu'il fait. Il n'a pas tout bouleversé», se réjouit Isco. En nommant le directeur sportif Hierro comme sélectionneur au pied levé, la Fédération espagnole a fait le choix de la continuité. Et sur le terrain, c'est Isco qui se charge de perpétuer l'héritage espagnol.