Israël se serait-il mis à l'heure du réalisme ? Encore faudrait-il savoir de quel réalisme il s'agit. On se prendrait en effet à rêver en entendant le chef de la diplomatie israélienne souligner avec beaucoup d'insistance que le prochain sommet entre le Premier ministre israélien Ariel Sharon et le président palestinien Mahmoud Abbas doit permettre de relancer la feuille de route, ce fameux plan de règlement international. Est-ce que c'est la version israélienne, car il y en a une qui ne contient pas le moindre engagement, et qui n'a rien à voir avec le texte original ? On se rappelle que ce dernier stipulait la création d'un Etat palestinien en 2005, avec au départ ce que ses initiateurs (Etats-Unis, Europe, Russie et ONU) appelaient les mesures de confiance (gel de la colonisation et arrêt de la violence notamment), mais Israël a refusé d'y souscrire, lui substituant au contraire son plan de retrait de Ghaza. Qu'à cela ne tienne, puisque cette fois, c'est le ministre israélien des Affaires étrangères qui le dit, et cela va dans le sens des demandes palestiniennes. « Ce sommet n'est pas une rencontre banale. Nous faisons tout notre possible pour qu'il soit un succès et conduise à la relance des négociations en vue de l'application de la feuille de route », a déclaré M. Shalom à la radio publique. Là s'arrêtent les déclarations d'intention, et commencent les exigences. « Nous ne renoncerons cependant pas à la première phase de ce plan, qui exige le démantèlement des organisations terroristes palestiniennes, y compris le Hamas » islamiste radical, a ajouté M. Shalom. Cela est faux. « Pour nous, il est clair que cette organisation ne peut pas participer aux élections législatives palestiniennes » du 25 janvier, a-t-il répété.