Le financement non conventionnel a généré un excédent de liquidité important de 1 500 milliards de DA. En raison du recours au financement non conventionnel afin d'éviter à l'Algérie l'endettement extérieur en cette période de crise économique, le pays se trouve en situation d'excès de liquidité. Un excès important, selon Mohamed Loukal, le gouverneur de la Banque d'Algérie qui lors de son exposé aux P-dg des banques portant sur les lignes directrices de la politique monétaire, a signalé, cité par l'APS, que depuis la mi-novembre 2017 «les facteurs autonomes ont généré, de nouveau, un excédent de liquidité important qui s'est élevé à environ 1 500 milliards de DA dans les premiers mois de 2018». Cependant, la situation reste maîtrisable pour le gouverneur qui a affirmé que «le principal défi est de continuer à assurer la stabilité des prix dans un environnement de surplus de liquidités substantiels et persistants (...). La Banque d'Algérie dispose des instruments adéquats pour la gestion de la liquidité et est prête à les utiliser dans la mesure nécessaire». Autrement dit, le gouvernement est en mesure de prévenir l'inflation. C'est du moins ce qu'a déclaré le premier responsable de la Banque d'Algérie et bien avant lui, le Premier ministre. Ahmed Ouyahia, faut-il le rappeler, avait souligné que toutes les prévisions sur le risque d'une explosion de l'inflation en raison du financement non conventionnel, se sont avérées fausses car l'inflation en Algérie est en courbe descendante. «Elle est passée de 6,4% en 2016, à 5,5% en 2017, pour atteindre en février 2018, 4,9%» avait assuré le premier ministre lors de la présentation d'un bilan des réalisations du gouvernement durant l'année 2017. Pour revenir aux assurances émises par Mohamed Loukal, il y a lieu de préciser que le gouverneur a expliqué encore qu'en janvier dernier «les opérations de reprise de liquidité ont débuté». Ces opérations s'effectuent sous forme de dépôts à terme à 7 jours sachant que les montants à absorber sont décidés par la Banque d'Algérie et adjugés à travers des enchères à taux variable avec un taux maximum proche du taux directeur. «De plus, au 15 janvier 2018, au début de la première période de constitution de la réserve obligatoire, la Banque d'Algérie a augmenté le taux de cette dernière passant de 4% à 8%». L'augmentation de la réserve obligatoire des banques vise bien évidemment à contrôler la liquidité en circulation et pour M. Loukal, l'utilisation appropriée de cet instrument et bien d'autres qui sont en réserve, devrait permettre de «stériliser l'excédent de liquidité induit par le programme de financement monétaire». Il a précisé que «le taux pratiqué sur le marché interbancaire à 7 jours, a oscillé autour de 2,5%, un peu en dessous du taux directeur, comme on pouvait s'y attendre dans un environnement d'excédent de liquidité important». Logiquement et même si cela dépend de plusieurs autres facteurs, le taux interbancaire ne devrait pas être inférieur au taux directeur, car une hausse du taux directeur ne permet pas de diminuer le coût du crédit, et donc elle n'est pas en faveur de la relance de l'investissement et de la consommation. C'est exactement ce que veut éviter l'Algérie qui a recouru au financement non conventionnel pour booster justement l'investissement. Pour le gouverneur, le taux directeur continue de «signaler l'orientation de la politique monétaire en ligne avec ce que la Banque d'Algérie considère comme le maintien de la stabilité des prix.» De surcroît, M. Loukal a fait savoir que le Comité des opérations de politique monétaire a décidé, en mai dernier, de nouvelles mesures: Une augmentation du taux de la réserve obligatoire le portant de 8% à 10% et une opération de «cantonnement» partiel de la liquidité. Au cours des prochains mois, a-t-il tenu à préciser, la Banque d'Algérie «continuera à suivre de près tous les développements macroéconomiques et monétaires et ajustera, si nécessaire, les paramètres de l'ensemble des instruments à sa disposition pour assurer la stabilité des prix».