Pour permettre aux banques de bénéficier d'un apport additionnel de trésorerie et de participer davantage au financement de l'économie, la Banque d'Algérie vient de promulguer une instruction 04-2017 par laquelle elle réduit le taux des réserves obligatoires de 8 à 4%. L'instruction prend effet à compter du 15 août 2017. La Banque d'Algérie relève qu'"avec la baisse des recettes d'exportations et de la fiscalité pétrolière en raison de la baisse des prix du pétrole sur le marché international, le secteur bancaire a connu, depuis la fin 2015, un début d'assèchement de la liquidité bancaire". La contraction de la liquidité de certaines banques intervient après une longue période d'excès de liquidité (une décennie), durant laquelle la Banque d'Algérie a mis en œuvre tous les instruments d'absorption de la liquidité en sa possession pour neutraliser l'effet de cet excès de liquidité, tel que les reprises de liquidités à 7 jours, 3 et 6 mois et la facilité de dépôt rémunérée. Lors de son intervention devant le Conseil de la nation, en avril dernier, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Loukal, a relevé que la liquidité des banques a diminué, progressivement, tout au long de l'année 2015 et de l'année 2016. Elle est passée de 2 731 milliards de dinars à fin décembre 2014 à 1 833 milliards à fin décembre 2015, pour atteindre 821 milliards à fin décembre 2016, soit une baisse de 69,9% sur l'ensemble de la période, induisant un relatif regain d'activité sur le marché monétaire interbancaire, jusque-là atone. Mohamed Loukal avait signalé que, mis à part l'impact du choc externe sur leur liquidité, les banques restent bien capitalisées, rentables et ne présentent qu'une faible asymétrie d'échéances. Cependant, a-t-il souligné, les risques liés à la concentration du crédit, principalement dans les banques publiques, engagées dans le financement de grands projets, demeurent importants. À partir de 2016, la Banque d'Algérie, en prévision de cette situation d'assèchement de la liquidité bancaire, a pris certaines mesures. Afin de permettre aux banques de disposer de plus de ressources prêtables et d'accompagner la dynamique de croissance des crédits à l'économie, la Banque d'Algérie a baissé le taux de réserves obligatoires, qui est passé de 12 à 8% en mai 2016. Elle a également réduit graduellement les reprises de liquidité et les a totalement interrompues, à partir du mois d'octobre de la même année. De plus, en prévision de la poursuite de la contraction de la liquidité bancaire, notamment des banques publiques, le Conseil de la monnaie et du crédit a approuvé, au mois de juillet 2016, des dispositions complétant celles du règlement n°15-01 du 19 février 2015 relatif aux opérations d'escompte d'effets publics, de réescompte d'effets privés, d'avances et crédits aux banques et établissements financiers. Ces dispositions complémentaires autorisent le refinancement de certains segments des crédits à long terme, eu égard à la prépondérance de leur encours dans les portefeuilles des banques (plus de 54% des crédits). Parallèlement, le taux de réescompte a été ramené de 4 à 3,5%, à compter du 2 octobre 2016. En outre, et pour asseoir une plus grande efficience dans la conduite de la politique monétaire et améliorer ses mécanismes de transmission, dans ce nouveau contexte de besoin de liquidité, qui s'annonce structurel, la Banque d'Algérie a précisé, par voie d'instructions datées du 1er septembre 2016, les modalités de mise en œuvre de l'instrument "opérations d'open-market" et de l'instrument "facilité de prêt marginal". Le premier instrument permet à la Banque d'Algérie de piloter ses taux d'intérêt directeurs et d'agir sur la liquidité des banques, en fonction des besoins de financement sain de l'économie et de l'objectif d'inflation. Le second instrument, pour sa part, permet aux banques de couvrir leurs besoins ponctuels de trésorerie, auprès de la Banque d'Algérie. En mars dernier, la Banque d'Algérie a publié les éléments constitutifs de l'assiette de calcul de la réserve obligatoire. Toutes ces mesures prises par la Banque d'Algérie concourent à libérer des marges supplémentaires de liquidité aux banques et à les doter de capacités et moyens additionnels d'appui au financement de l'économie. Meziane Rabhi