Certes, le match d'hier entre l'Egypte et l'Arabie saoudite était sans enjeu pour les deux sélections, déjà éliminées et qui ont plié bagage au coup de sifflet final pour rentrer chez elles. Cependant, un fait historique a marqué cette empoignade: à 45 ans, 5 mois et 10 jours, le mythique gardien des Pharaons, Issam El-Hadary est devenu le joueur le plus âgé à disputer une phase finale de Coupe du monde, effaçant la marque détenue par le gardien colombien Faryd Mondragon (43 ans) depuis 2014. Original lorsqu'on sait que ce Mondial est aussi le premier d'El-Hadary. Car malgré quatre CAN à son palmarès (1998, 2006, 2008, 2010) et d'autres trophées à la pelle décrochés, il n'avait jamais pu disputer jusqu'à présent, ce tournoi planétaire, qui se refusait à l'Egypte depuis 1990. Pendant longtemps, ce record d'âge a été détenu par le Camerounais Roger Milla, qui était entré en jeu face à la Russie (défaite 6-1) lors du Mondial 1994 aux Etats-Unis, alors qu'il avait 42 ans. Il était l'auteur de l'unique but des siens ce jour-là, et reste, à ce jour, le plus vieux joueur de champ à avoir disputé un match dans une phase finale de Coupe du monde. «C'est un peu triste pour moi, mais s'il le fait, il faudra lui tirer notre chapeau parce que arriver à disputer une Coupe du Monde à 45 ans, c'est vraiment une valeur ajoutée», avait rendu hommage Mondragon à El-Haday. Son sélectionneur chez les Pharaons, l'Argentin Hecto Cuper, s'est plié à la demande de l'ensemble de ses joueurs pour aligner son «légendaire doyen», revenu au-devant de la scène ces derniers temps, lui dont la carrière était au bord des oubliettes après le dernier sacre continental de 2010 et la descente aux enfers du football égyptien. Et ce retour du charismatique portier aux cheveux gominés est à mettre à l'actif de Cuper justement. Ce dernier a décidé, un certain 4 juin 2016, de lui refaire appel en sélection, défiant tous ses détracteurs. Un pari gagné puisque le «Buffon égyptien» a été titularisé face à la Tanzanie - gagné 2 buts à 0 -, dans une rencontre qui a validé le ticket égyptien pour la CAN 2017 au Gabon, et où il mènera son équipe jusqu'en finale, perdue face au Cameroun 2-1 au terme d'un match plein de caractère. Légendaire sur le continent africain, ce vieux briscard a été meilleur gardien de but d'Afrique à trois reprises (2006, 2008 et 2010) et a un palmarès long comme le bras, avec 37 trophées. Mais au fond de lui, il sentait toujours ce goût d'inachevé de ne pouvoir disputer une Coupe du monde... jusqu'à ce que vienne cette date «historique» du 25 juin 2018 à l'«Arena Volgograd». Une date dont il s'en souviendra pour le reste de ses jours. Dans son pays, où il jouit d'une immense popularité, qui le place au même niveau que les frères Hossam et Ahmed Hassan ou Mohamed Salah, plusieurs voix se sont élevées pour réclamer qu'il soit aligné hier. Barré par le jeune Ahmed El-Shenawy face à l'Uruguay (1-0) et contre la Russie (3-1), le quadragénaire a fini par se voir offrir une belle porte de sortie. Il a su, malgré un mondial complètement raté pour sa sélection, à sauver la face et marquer cette participation de son empreinte. Chapeau...