Le ministre entend inciter les responsables de clubs à prendre conscience du phénomène. Dans une note adressée aux présidents des clubs de football et aux responsables des comités de supporters, le ministre de la Jeunesse et des Sports, M.Yahia Guidoum, met l'accent sur les conditions d'accueil dans les stades des milliers de supporters, des conditions qui, hélas, sont loin d'être satisfaisantes. Le ministre indique que «à l'entame de la saison footballistique 2005-2006, dont l'objectif principal demeure la redynamisation et le renouveau, avec votre soutien, de la discipline sportive la plus populaire et la plus appréciée par notre jeunesse, je vous informe que des instructions ont été données en direction des DJS et des gestionnaires des infrastructures sportives à l'effet de valoriser les conditions d'accueil et d'organisation générale des compétitions sportives». M.Guidoum ajoute que «ces mesures visent principalement à assurer un minimum de confort et de sécurité aux spectateurs ainsi qu'à l'ensemble des acteurs gravitant autour des matches y compris les représentants de la presse sportive nationale». Il est un fait évident que nos stades de football ne répondent pas à de tels critères en dehors, peut-être, du stade olympique du 5-Juillet d'Alger. Le phénomène de la violence dans les enceintes sportives est accentué par l'accueil qui est fait aux milliers de spectateurs privés qu'ils sont, dans de tels endroits, du strict minimum en matière d'hygiène. Excédé par une mal vie chronique dans la ville et ses cités, le supporter de football transforme le stade en exutoire, un endroit où il se défoule mais pas dans le sens où l'entend le véritable sportif. Il devient un individu chez qui le désir de tout casser s'assimile à un besoin essentiel. Le drame est que l'on ne fait rien pour amener une telle personne à faire preuve de plus de modération dans ses actes. Pour entrer dans un stade elle doit se présenter aux guichets plusieurs heures avant que ne commence le match. Cela parce que le stade est petit et ne peut contenir tous ceux qui veulent voir la rencontre. Parce que, aussi, les responsables du stade n'ouvrent qu'un seul guichet et occasionnent des files d'attente interminables. Une fois dans le stade, le supporter est soumis à la diète. Très souvent les stades sont dépourvus de buvettes où il peut se restaurer. Très souvent, également, ce supporter ne trouve pas de robinet pour se désaltérer comme il ne peut pas, faute de toilettes propres, satisfaire certains besoins. En outre, rien n'est prévu pour le faire patienter en attendant le début du match pour lequel il s'est déplacé. Dans les grands stades du monde, il y a toute une activité d'animation qui est organisée avant le grand match. Chez nous, une telle pratique ne se fait pas mais dans le temps, on prévoyait de programmer un match en lever de rideau. Cela ne se fait plus. Les dirigeants des clubs ne semblent, pour leur part, pas concernés par ce qu'endure ce supporter. Ils prennent, eux, tout leur temps pour venir au stade après avoir mangé copieusement. Dans le stade, ils occupent les meilleures places en tribune officielle sans débourser le moindre centime, sans faire la moindre queue. Et au lieu de faire preuve de sportivité, ce sont eux qui se montrent les plus violents sur le plan verbal, se donnant en spectacle à des supporters déjà fortement conditionnés et qui ne demandent qu'à «exploser». Le ministre de la Jeunesse et des Sports insiste dans sa missive sur la «pratique sportive qui doit devenir un élément essentiel de la cohésion nationale». Le risque est de voir sa demande non satisfaite. Car des actions de ce genre il y en a déjà eu et les ministres ont toujours été «trahis» tant par les DJS , que par les responsables des infrastructures sportives ou les dirigeants de clubs. Ces gens-là donnent, au départ, l'impression d'avoir de la volonté mais finissent, à la longue, par oublier tout ce qu'on leur a recommandé. Comme, en plus, le spectacle offert par les joueurs sur le terrain ressemble à de la négation du football, on a peu de chances de voir le phénomène de la violence s'estomper. Il reste que le ministre a raison de secouer le cocotier et de tenter de sensibiliser cette catégorie d'acteurs du football national. Il lui faut, simplement, être tenace et se dire qu'avec de telles personnes, le meilleur rôle à jouer est celui de l'entêté qui veut voir ses recommandations appliquées sur le terrain.