Le ministre de la Jeunesse et des Sports estime que nos stades ne sont pas accueillants. Le ministre de la Jeunesse et des Sports, M.Yahia Guidoum était hier l'invité de l'émission «Question de l'heure » de la Chaîne III, une émission au cours de laquelle il est revenu sur les grandes lignes de son programme de l'année 2006 et qu'il avait développées lundi dernier lors de la réunion qu'il avait tenue avec les responsables des fédérations sportives. Le gros de son intervention a tourné autour du sport bien que pour le ministre ce secteur et celui de la jeunesse sont «intimement liés puisque s'adressant essentiellement à la même population». Grosso modo, le ministre ne nous a pas appris plus que ce qu'il a dit récemment. Il est vrai que lorsqu'on en vient à débattre sur un sujet dans une période très courte on est forcé de répéter les mêmes choses. C'est ainsi qu'il a été amené à parler de la violence dans les stades, un thème abordé lors de sa visite à Sétif jeudi dernier. Cette violence transférée dans les stades par des jeunes à partir des cités-ghettos où ils vivent et où ils ne trouvent aucun loisir. «Comment voulez-vous que ces jeunes là qui sont obligés d'arriver tôt au stade pour avoir une place, qui une fois dans le stade ne trouvent pas de quoi apaiser leur faim ou leur soif et qui en plus ont droit à un match très moyen n'en arrivent pas à laisser éclater leur colère?» dira M.Guidoum qui entend responsabiliser les DJS. «Ces DJS restent chez eux bien au chaud les jours de match alors que leur rôle est d'être présents pour se soucier des commodités offertes aux jeunes. Cela va changer. Ils doivent s'impliquer et faire en sorte que les structures d'accueil, c'est-à-dire les stades oeuvrent dans le bon sens. Quand on ouvre une seule porte alors qu'il y en a plusieurs, quand la musique d'ambiance est inexistante on conditionne le jeune et on le transforme en celui que la société rejette, celui qui casse tout ce qu'il trouve sous sa main». Dans cette dérive que connaît la jeunesse algérienne, le ministre n'a pas manqué de porter un jugement critique sur les maisons de jeunes qui selon lui «ne jouent pas le rôle associatif et éducatif que l'on attend d'elles». Comme il a pointé un doigt accusateur sur les collectivités locales «qui ne font rien pour les infrastructures sportives dont elles ont la charge». A ce propos le ministre fera part de « son regret de voir des stades homologués pour la pratique sportive alors qu'ils sont, en réalité, dangereux pour une telle pratique. On met la santé de l'athlète en danger en lui permettant de jouer dessus. Celui qui refusera de se plier aux règles ou de se conformer aux normes qui veulent qu'un stade soit humanisé, sera écarté et n'aura plus droit à des compétitions sportives chez lui». M.Guidoum indiquera que «ce n'est pas le nombre d'infrastructures sportives qui pose problème mais plutôt celui de leur maintenance. L'Etat a investi énormément dans la construction des ces enceintes, il est regrettable qu'elles ne soient pas maintenues dans un état convenable». Le ministre a bien sur eu droit à des questions sur le décret exécutif sur les fédérations sportives. Ses réponses n'ont pas varié d'un iota par rapport à lundi dernier: «ce n'est pas le décret de Guidoum mais du gouvernement. Il sera appliqué par toutes les fédérations sportives dans un délai d'un an et dans son intégralité». Concernant le volet des 30% d'experts qui seront intégrés dans les assemblées générales des fédérations, il a confirmé que «ces experts seront désignés par son département sur la base d'une liste proposée par les fédérations sportives». Et le ministre d'ajouter qu'il trouvait anormal qu'il y ait 2700 cadres du secteur qui ne font rien. «Ce sont toujours les mêmes, au nombre de 4 ou 5 que l'on trouve partout et qui passent de wilaya en wilaya». M.Guidoum a, d'autre part, été interrogé sur le problème de la corruption dans le football. «C'est l'argent qui corrompt et il n'y a pas suffisamment de contrôle pour juguler le phénomène. Il faut que cela cesse. Les clubs font ce qu'ils veulent alors qu'ils disposent de l'argent de l'Etat. On dépense un milliard pour enrôler un joueur alors qu'on ne daigne même pas songer à rénover les vestiaires de l'équipe. Les bilans financiers sont adoptés à main levée au bout d'une à deux minutes. Il y a une espèce d'anarchie qui s'est instaurée et à laquelle il faudra mettre un terme. Le bénévolat n'est plus ce qu'il était. On ne respecte plus cette éthique. Le dirigeant doit changer de cap. Il se doit de jouer son rôle d'éducateur et de faire en sorte de pratiquer une véritable politique de formation». Sur ce dernier point, il réaffirmera que «l'Etat jouera pleinement son rôle et dotera les clubs des infrastructures dont ils ont besoin pour leur développement». En guise de conclusion, le ministre a donné rendez-vous aux journalistes qui l'ont interviewé à fin décembre 2006. «Attendez vous à de grands bouleversements en faveur de la jeunesse d'ici cette échéance» a-t-il dit.