«Je suis venue à l'écriture poussée par le désir de redevenir sujet, et pourquoi pas, de remettre en cause frontalement, toutes les visions d'un monde fait par et pour les hommes essentiellement» Ces mots lui appartiennent. Elle, c'est une femme de lettres. Elle est plus connue par son nom de plume, Maïssa Bey. Les intimes le savent, son vrai nom est Soumia Benameur. Elle a 55 ans et quatre livres. Voilà pour ce qui est de sa «biographie». C'est à elle que revient, cette année, le Prix des libraires algériens dans sa 3e édition. Il lui a été attribué avant-hier, lundi, en marge de la dixième édition du Salon international du Livre d'Alger, au titre d'un«Ecrivain qui aurait marqué les lecteurs ces dernières années»et dont l'éditeur principal sont les éditions Barzakh. Ce prix a été attribué à Maïssa Bey pour «son style sobre beau et profond, une langue maîtrise et une vision psychologique exceptionnelle», a tenu à préciser M.Boucenna, directeur de la Safex et du Comité d'organisation de ce prix lors de la cérémonie d'attribution organisée à la maison El-Djazaïr au Palais des expositions, en marge du 10e SILA. Le représentant des éditions Barzakh a, de son côté, exprimé «l'énorme plaisir d'accompagner un écrivain sur plusieurs livres» considérant que «le meilleur est à venir de la part de Maïssa Bey qui va maintenant vers «des chemins plus complexes après avoir fait le deuil de tout ce qui l'a peinée», tout comme la présidente de l'association des libraires algériens, Fatiha Soual qui a tenu à relever «le courage et l'engagement de l'écrivaine. Certes, le reste est à venir. Car, Maïssa Bey aura certainement beaucoup de choses à nous dire, autant d'histoires à nous raconter. Oui, des histoires au temps où l'on assiste «au traficotage de l'histoire» pour reprendre Djilali Liabès. En outre, un texte témoignage «Maïssa Bey, un espace de création» de Christine Cholet-Achour a été lu lors de cette cérémonie à laquelle ont pris part bon nombre d'intellectuels et écrivains dont notamment Malika Mokadem. Pour sa part, Maïssa Bey n'a pas caché son émotion face à cette «reconnaissance qui vient des miens». L'écrivaine, est née en 1950 à Ksar El Boukhari est installée actuellement à Sidi-Bel-Abbès où elle est conseillère pédagogique. Licenciée en lettres françaises de l'Ecole normale supérieure d'Alger. Elle entre en littérature en 1996 avec Au commencement était la mer (Edi.Marsa). En quelques années Maïssa Bey a été propulsée sur la scène littéraire devenant incontournable dans les débats autour de la littérature algérienne contemporaine avec quatre titres Entendez-vous dans les montagnes, Sous le jasmin de minuit, Surtout ne te retourne pas et son premier roman Cette fille-là. Un roman qui lui vaudra, en 2001, le prix Marguerite-Audoux. Par ailleurs, dans un entretien accordé à Facila, une publication spéciale Sila des éditions Chihab, Maïssa Bey disait de son choix d'écrire sous un pseudonyme : «Je n'ai pas vraiment le choix, j'ai commencé à être publiée au moment où l'on voulait faire toutes les voix qui s'élevaient pour dire non à la régression, pour dénoncer les dérives dramatiques auxquelles nous assistons quotidiennement et que nous étions censés subir en silence...dans le meilleur cas». «Prendre un pseudonyme, poursuit-elle, pour pouvoir écrire était un moyen de se protéger, dérisoire, je le sais, mais qui me donnais un pouvoir, illusoire certes, j'en suis consciente, mais renforcée par la volonté de ne pas me cantonner dans la posture de témoin passif d'une histoire écrite dans le sang et les larmes».