Le chef du MSP Abderezzak Makri Makri fait mine de n'avoir rien vu ces dernières années et engage son parti dans un processus plus régressif qu'autre chose. Le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderezzak Makri, a sollicité l'institution militaire afin d'accompagner «la transition politique à travers un consensus national où toutes les forces nationales y adhèrent pour asseoir une situation politique qui coupe court avec toute ambiguïté», a attesté le chef du MSP lors de sa conférence de presse qu'il a animée, hier, à son siège national. Makri a expliqué cette démarche en se référant à la situation actuelle qui évolue de jour en jour en raison de la prochaine élection présidentielle. Le président du MSP a expliqué la situation sur la base des derniers changements intervenus à la tête de deux grandes institutions sécuritaires, à savoir la Sûreté et la Gendarmerie nationales. Makri qui croit voir dans l'institution militaire, un éventuel acteur politique, espère en «des conditions sociales en dégradation», ce qui «engendrera des conséquences néfastes». Le leader du MSP veut faire intervenir l'armée avant que pareil scénario ne se concrétise. Makri qui a toujours misé sur pareil perspective néfaste pour l'Algérie, fait une analyse tout à fait incongrue: «La lutte pour le pouvoir qui a caractérisé le sommet de l'Etat depuis l'indépendance a été toujours résolue et réglée par l'institution militaire.» Pour lui, il faut poursuivre sur cette même voie. En d'autres termes, il veut faire revenir l'armée sur sa décision de quitter le champ politique. Il en veut pour preuve que «c'est toujours l'armée qui a mis en place un président de la République». Et Makri ne veut pas que cela change, mais à condition que ce soit par l'intervention de l'armée qu'il souhaite et qui l'arrange. «Il ne faut pas se voiler la face, la solution de la crise politique ne se fait jamais sans l'institution militaire», dira le président du MSP qui avoue ouvertement l'échec de sa formation politique à convaincre les citoyens. Il en vient à une évidence qui fait ressortir son incompétence politique. «Les choses telles qu'elles sont, dans tous les pays qui ont connu des crises politiques et de pouvoir.» Ce constat fait, le leader islamiste croit que lesdits pays «ont résolu cette question par une transition politique menée par l'institution militaire et les forces vives de la nation pour mettre en place des institutions stables et un processus démocratique transparent qui assurent l'alternance au pouvoir». Sauf que ce processus a déjà été mené et a abouti en 1999 et confirmé avec la Constitution de 2016 qui limite les mandats présidentiels et consacre l'alternance au pouvoir. Mais Makri fait mine de n'avoir rien vu, ces dernières années et engage son parti dans un processus plus régressif qu'autre chose. Il s'est mis à la disposition d'un rêve inutile en soulignant: «Nous sommes prêts à être parmi les forces nationales qui participeront dans cette transition politique où l'armée est une partie déterminante.» Une offre stupide émanant d'une formation politique minoritaire et qui ne saura jamais assumer la moindre dérive ni la réparer. Visiblement naïf, Makri conditionne «cette transition politique» par la délimitation «à travers un mandat qui va permettre au pays de sortir de cette crise politique et économique et sociale des plus graves». Une approche sortie d'un livre de poche qui ignore totalement les réalités politiques nationales et le processus déjà réalisé par le pays. Makri a justifié son offre d'allégeance à l'institution militaire qui ne l'a d'ailleurs jamais réclamée, par une phrase tirée du lexique de Mafhoud Nahnah, fondateur de son parti, à savoir que «l'Algérie a été libérée par tous, et elle sera construite par tous». Une évidence que Makri a ignorée lorsque l'offre politique lui avait été faite de participer à la décision politique. Mais il semble que le politique ne l'intéresse pas et son «opération de charme» à l'endroit de l'armée est présentée «comme un message patriotique, et de considération et d'entraide entre toutes les forces patriotiques du pays». Le président du Mouvement de la société pour la paix a également évoqué, dans sa conférence de presse, l'affaire des 701 kilos de cocaïne en soulignant que «cette affaire est une expression de la crise politique actuelle.» Se hasardant dans une analyse aux conséquences dangereuses, il affirme que «les interférences entre les narcotrafiquants et les narcoterroristes sont établies, c'est ce qui explique l'enjeu et la crise profonde que vit le pays à cause de cette affaire». L'accusation est infamante à l'endroit des institutions de la République, mais montre surtout une forme d'amateurisme dans le traitement d'informations censées appeler de la part d'un homme politique, un plus profond niveau d'analyse. Le président du MSP a fait allusion, enfin, à l'incohérence qui s'exprime à travers le ministre des Finances et son Premier ministre dans l'affaire des subventions que l'Etat ne va plus assurer à partir de 2019. Dans ce sens, Makri a indiqué que «cette incohérence est de nature politique, le Premier ministre a réagi dans la perspective de la présidentielle de 2019, mais la réalité est autre, la crise financière est là, elle parle d'elle-même. C'est ce qui explique les contradictions au sein du même Exécutif et au sein du même système».