Pour le président du MSP, toutes ces turbulences politiques que vit le pays, et qui sont loin de le servir, font qu'il est difficile, même pour les plus avertis, "de prédire ce que pourra devenir l'Algérie même dans une année". "Le pays entier est prisonnier, et pris en otage, dans la perspective de l'élection présidentielle de 2019. Le pays est bloqué et mis sous tension plus d'un an et demi avant l'élection présidentielle", a déclaré, hier à Tizi Ouzou, le président du MSP, Abderrezak Makri, soulignant que les élections précédentes n'étaient déjà qu'un théâtre d'affrontements autour de cette présidentielle à venir. Pour clarifier davantage sa déclaration, M. Makri, qui intervenait lors d'une rencontre organisée à la maison de la culture Mouloud-Mammeri, avec les nouveaux élus du parti, issus des élections locales du 23 novembre dernier, a expliqué que "cette lutte autour de la désignation du futur président oppose des parties qui sont au sein même du pouvoir". "Le pouvoir refuse toute alternance et toute compétition sur la base des programmes, et pour se maintenir, il nous fait même voir les choses les plus inimaginables qui, en même temps, ne font que nous discréditer aux yeux de l'extérieur", a-t-il analysé, non sans citer, dans le sillage de ces pratiques qui discréditent l'Algérie, l'organisation de deux tripartites à la fois. "Organiser deux tripartites dont la première par le gouvernement et la seconde par le secrétaire général du parti qui détient la majorité, fait de nous la risée du monde entier", a déploré le président du MSP, soulignant que le bon sens aurait voulu que le parti qui détient la majorité fasse valoir ses prérogatives au sein même du gouvernement en privilégiant le dialogue. Mais pis encore, a estimé Abderrezak Makri qui s'interroge : comment deux personnages organisent-ils séparément deux tripartites, puis se revendiquent, chacun de son côté, du programme du président de la République ? "Dites-nous donc lequel des deux s'inscrit dans le programme du Président !", a-t-il interpellé, non sans affirmer sa conviction qu'"il n y a pas du tout de programme présidentiel". Pour Makri, toutes ces turbulences politiques, que vit le pays et qui sont loin de le servir, font qu'il est très difficile, même pour les plus avertis, "de prédire ce que pourra devenir l'Algérie même dans une année". Et le seul responsable de cette situation n'est, à ses yeux, que "le pouvoir qui ne gère qu'avec l'autoritarisme et ne se maintient en place que grâce à la patience des Algériens". "Il faut arrêter d'abuser de la patience des Algériens", a-t-il préconisé, notamment, a-t-il ajouté, "dans le contexte actuel de crise économique et sociale". Plus tôt, dans la matinée, le président du MSP a estimé, à Blida, que la tripartite initiée par le FLN n'a rien à voir avec une tripartite, mais qu'il s'agit, dit-il, "d'une rencontre unique qui avait pour objectif de préserver les intérêts de certains hommes d'affaires sous la nouvelle politique de la privatisation". Lors d'une journée d'étude et de formation organisée au profit des élus de son parti dans la wilaya de Blida, le responsable explique aussi que la tripartite doit être organisée avec une vision économique, et non à travers une minorité qui se serre les coudes pour préserver des intérêts personnels et non pour l'intérêt du pays. "C'est une rencontre unique, plutôt qu'une tripartite qui a regroupé une seule organisation qui est incapable de gérer l'économie nationale. L'Algérie a besoin, en urgence, de 2 millions de PME spécialisées dans l'industrie, la marchandise et les services, et cela ne peut se réaliser qu'avec une ouverture de l'économie nationale basée sur l'équité, la transparence, la concurrence et surtout l'égalité", a lancé Makri, estimant que "l'Algérie a une économie gérée par des mafiosi qui tirent les ficelles et qui ne prennent aucun risque pour s'identifier sur le marché, mais en revanche, ils bénéficient des crédits et des marchés". Evoquant toujours la tripartite, Makri se demande comment un chef de parti provoque-t-il une tripartite, tout en estimant que cela n'arrive qu'en Algérie ? "Pourquoi n'a-t-il pas traité cette affaire avec le gouvernement ou avec le Parlement puisqu'il possède la majorité parlementaire ? Cela démontre que nous vivons une confrontation qui ne dit pas son nom et en dehors des règles politiques possibles", a-t-il estimé. À une question sur une éventuelle tentative de la part du SG du FLN de faire tomber le Premier ministre, Makri explique que le chef du FLN n'a pas la carrure pour pouvoir oser une telle chose car lui-même a été désigné par ceux qui ont désigné le Premier ministre. "Il est tout à fait clair qu'il y a un bras de fer entre les partis politiques du pouvoir. Le FLN dit qu'il adopte le programme du gouvernement et le gouvernement dit que moi j'applique le programme du gouvernement, alors qu'au fond, il n'y a pas du tout de programme politique ou économique. C'est juste la gestion des intérêts des uns et des autres", fait remarquer Abderrezak Makri. S. LESLOUS/K. FAWZI