Un geste en hommage à un Mondial somptueux Toujours est-il qu'au terme de deux heures d'un tête-à-tête qui n'avait plus rien à voir avec le face-à-face prédit, les deux dirigeants ont convenu d'écrire un nouveau chapitre dans les relations tumultueuses entre Washington et Moscou. Frustrant, décevant, déplorable, les qualificatifs les plus acerbes n'ont pas manqué dans les pays occidentaux pour commenter le sommet d'Helsinki qui a vu les deux présidents américain et russe afficher leur satisfaction quant à sa réussite et à sa qualité pleine de promesse. Aux Etats-Unis, ce n'était guère une surprise que de voir les démocrates tirer à boulets rouges sur Donald Trump qui a «obstinément refusé», lundi, de condamner Moscou pour l'ingérence (supposée) dans la campagne présidentielle américaine de 2016. Quelques voix connues pour leur hostilité au milliardaire installé à la Maison- Blanche dans les rangs républicains ont abondé dans le même sens, comme Paul Ryan, chef de file du parti conservateur au Congrès et le sénateur, «gravement malade», John Mac Cain. Le tollé aura été d'autant plus grand que Trump a usé durant toute la rencontre, et même auparavant, d'un ton jugé «résolument conciliant» avec l'homme fort du Kremlin. Toujours est-il qu'au terme de deux heures d'un tête-à-tête qui n'avait plus rien à voir avec le face- à-face prédit, les deux dirigeants ont convenu d'écrire un nouveau chapitre dans les relations tumultueuses entre Washington et Moscou. Qualifiée de «très utile» par le président russe, cette rencontre très attendue aura tenu en partie ses promesses, mais il faudra attendre quelques semaines, voire quelques mois, pour pouvoir en apprécier toutes les conséquences. En attendant, Vladimir Poutine a livré son sentiment sur son interlocuteur, un homme «compétent» et «intéressant». «Il connaît les dossiers, il écoute et prend note des arguments», a ainsi déclaré le président russe dans une interview accordée à la première chaîne publique russe, aussitôt après une conférence de presse conjointe avec M. Trump. «Sur certaines questions, il s'en tient à ses opinions», a-t-il ajouté, faisant allusion à la décision du président américain de quitter unilatéralement l'accord sur le nucléaire iranien. Comme en écho, celui-ci s'est félicité de la «qualité» de la rencontre, affirmant hier avoir eu des entretiens avec son homologue russe «bien meilleurs» qu'avec ses partenaires de l'Otan, critiquant au passage la couverture médiatique de sa tournée en Europe durant la semaine. «Bien que j'ai eu une excellente rencontre avec l'Otan, levant d'importantes sommes d'argent, j'ai eu des entretiens bien meilleurs avec Vladimir Poutine de Russie. Malheureusement, les médias n'en font pas état - les médias Fake News sont déchaînés», a tweeté le bouillant président des Etats-Unis, sans cesse harponné par ses adversaires sur le sujet de l'ingérence russe supposée dans la campagne électorale qu'il a emportée contre sa rivale démocrate Hillary Clinton. Des accusations que Vladimir Poutine a encore balayées d'un revers de la main excédé, intervant sur la chaîne américaine Fox News, la préférée de Donald Trump, pour dire que les relations américano-russes ne doivent pas être «prises en otage» par cette enquête, opération née, selon lui, d'une «lutte politique interne aux Etats-Unis». Il a ainsi conforté Donald Trump qui, peu avant la première poignée de main, avait surpris son monde par un tweet dans lequel il explique les mauvaises relations entre Washington et Moscou par...une «chasse aux sorcières» exécutée par le FBI. «J'espère que nous avons commencé à mieux nous comprendre», a affirmé M.Poutine, arguant de pourparlers «très réussis et très utiles», quand M. Trump louait de son côté un dialogue «direct, ouvert et très productif». Car le président russe a été catégorique en ce qui concerne les rumeurs sur des dossiers compromettants détenus par Moscou contre Donald Trump. «Il serait difficile d'imaginer une plus grande absurdité! Sortez-vous ces idioties de la tête», a-t-il sermonné les journalistes chargés de ces questions subsidiaires. De la Syrie à la Crimée, ceux qui alertaient sur les «probables concessions» que Donald Trump allait faire face au «maître du Kremlin» en seront restés pour leurs frais. Les staffs des deux dirigeants sont restés avares de détails sur la teneur des discussions. Toujours est-il que le président Poutine, à peine débarqué de Moscou où il assistait à la finale de la Coupe du monde, a offert un ballon de football à son homologue américain, fort ravi. «Maintenant la balle est dans votre camp», s'est ainsi amusé Vladimir Poutine, suscitant les rires de Donald Trump. Jadis, il y eut la diplomatie du tennis de table, mais désormais, le sport-roi règne sur le toit du monde.