«La spécificité du sommet» de Johannesburg, c'est «le contexte» dans lequel il se tient, a expliqué la semaine dernière le ministre russe de l'Economie, Maxime Orechkine. «Nous sommes à un moment où les Etats-Unis et la Chine annoncent presque chaque semaine de nouvelles mesures. Les dirigeants des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) se retrouvent aujourd'hui et jusqu'à vendredi pour un sommet annuel à Johannesburg, où la «guerre commerciale» engagée par Donald Trump devrait monopoliser les débats. En amont de cette réunion, les puissances émergentes avaient donné le ton en dénonçant en juin le «protectionnisme» des Etats-Unis qui «mine la croissance mondiale». Officiellement, ce 10e sommet - en présence des présidents russe Vladimir Poutine, chinois Xi Jinping, brésilien Michel Temer, sud-africain Cyril Ramaphosa et du Premier ministre indien Narendra Modi - doit débattre de la «Collaboration en vue d'une croissance inclusive et d'une prospérité partagée». Mais «la spécificité du sommet» de Johannesburg, c'est «le contexte» dans lequel il se tient, a expliqué la semaine dernière le ministre russe de l'Economie, Maxime Orechkine. «Nous sommes à un moment où les Etats-Unis et la Chine annoncent presque chaque semaine de nouvelles mesures. C'est une guerre commerciale», a-t-il ajouté. «Les discussions entre dirigeants sur le commerce sont particulièrement importantes pour coordonner nos positions.» Ces derniers mois, le président américain Donald Trump a déclaré la guerre à ses principaux rivaux commerciaux, Pékin, Bruxelles et Moscou en tête, dont il a fait des «ennemis». Après les taxes douanières sur l'acier et l'aluminium visant surtout la Chine, les Etats-Unis menacent désormais de surtaxer les importations automobiles européennes, de sanctionner les pays qui commercent avec l'Iran et de taxer de façon punitive la totalité des importations chinoises. Les Etats-Unis ont accusé en 2017 un déficit commercial de 376 milliards de dollars avec Pékin. La Chine a dénoncé en retour la volonté de Washington de déclencher «la pire guerre commerciale de l'histoire» et riposté en taxant de nouveaux produits américains. Dans ce contexte, la Chine a récemment plaidé pour renforcer la coopération au sein des Brics. Lancé en 2009, ce forum, qui réunit plus de 40% de la population mondiale, tente de contrebalancer des règles du jeu économique écrites par les Occidentaux. Cette stratégie doit permettre de répondre aux «défis posés par le changement de politique de certains pays développés», a expliqué le ministre adjoint chinois des Affaires étrangères Zhang Jun, en visant sans les nommer les Etats-Unis. Le conflit commercial entre les Etats-Unis et leurs partenaires menace «à court terme» la croissance mondiale, a prévenu la semaine dernière le Fonds monétaire international (FMI). Il nuit notamment «à tous les membres des Brics», qui ont du coup «un intérêt collectif à promouvoir le commerce» entre eux, confirme Sreeram Chaulia, doyen de l'école des relations internationales de Jinda en Inde. Cet expert cite en exemple la réponse de l'Union européenne (UE) qui a signé, en représailles à la politique américaine, un accord de libre-échange préférentiel avec le Japon.»Les accords commerciaux plurilatéraux dans le cadre d'associations de pays comme les Brics sont devenus de plus en plus importants compte tenu des barrières commerciales égoïstes, et au final à court terme, mises en place par les Etats-Unis», estime lui aussi Kenneth Creamer, économiste à l'université sud-africaine du Witwatersrand. De son côté, la Russie voit dans cette guerre commerciale une bonne raison de développer le commerce en devises nationales entre les pays des Brics. «Dans tous les pays des Brics, on comprend de plus en plus qu'il faut s'orienter activement» vers des échanges hors dollar, a relevé Maxime Orechkine. Le président turc Recep Tayyip Erdogan est aussi attendu cette semaine en Afrique du Sud. La Turquie ne fait pas partie des cinq pays émergents des Brics, mais est invitée au sommet de Johannesburg en tant que présidente de l'Organisation de coopération islamique (OCI). M. Erdogan, soutien des rebelles syriens, devrait en profiter pour rencontrer M. Poutine, allié du régime de Bachar al-Assad. Quant au président chinois Xi, en pleine tournée africaine, il a rencontré son hôte sud-africain Ramaphosa hier dans le cadre d'une visite bilatérale d'Etat.