Le président chinois, Xi Jinping, accueillait hier le premier sommet des Nouvelles routes de la soie La Chine a lancé en grande pompe hier son premier sommet international sur les Nouvelles routes de la soie, un rendez-vous perturbé par un nouveau tir de missile nord-coréen, en dépit des mises en garde de Pékin. Le président chinois Xi Jinping reçoit jusqu'à aujourd'hui une trentaine de dirigeants mondiaux, du Russe Vladimir Poutine au Turc Recep Tayyip Erdogan, pour cette initiative visant à ressusciter l'antique route commerciale qui assurait les échanges entre l'Europe et l'Extrême-Orient. Les chefs d'Etat et de gouvernement des principales puissances occidentales (France, Royaume-Uni, Allemagne) n'ont cependant pas fait le déplacement. Quelques heures avant le début du sommet, la Corée du Nord a tiré un missile balistique qui a parcouru environ 700 km avant de s'abîmer en mer du Japon, a annoncé l'armée sud-coréenne. «La Chine s'oppose aux violations par la Corée du Nord des résolutions du Conseil de sécurité», a réagi le ministère chinois des Affaires étrangères, alors que Pékin n'a cessé de mettre Pyongyang en garde ces derniers mois contre de nouveaux essais de missiles ou de charges nucléaires. Lors d'un tête-à-tête, Xi Jinping et Vladimir Poutine «ont exprimé leur préoccupation concernant l'escalade des tensions», a fait savoir le porte-parole du Kremlin. Depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, la tension est montée d'un cran dans la péninsule coréenne,'administration américaine avertissant que l'option militaire était «sur la table» pour contraindre le régime de Kim Jong-Un d'abandonner son programme nucléaire. Washington compte sur Pékin pour convaincre son voisin. Mais la Chine met en garde contre tout recours à la force et redoute le chaos à sa frontière que pourrait entraîner un conflit dans la péninsule. Le dossier coréen a pollué la première journée du sommet auquel se sont côtoyées des délégations américaine et nord-coréenne de rang inférieur. Xi Jinping a lancé l'initiative des nouvelles routes de la soie en 2013 peu après son arrivée au pouvoir, relayé par l'énorme appareil de communication chinois. La version 2017 des Routes de la soie, une «ceinture» terrestre qui se double d'une «route» maritime, consiste en une série d'investissements dans des projets ferroviaires, autoroutiers, portuaires ou énergétiques, englobant l'Asie centrale, l'Europe centrale, le Moyen-Orient et l'Afrique. L'initiative, qui regroupe 65 pays, a le soutien apparemment illimité de Pékin: la Banque de développement de Chine a prévu, à elle seule, de débloquer plus de 800 milliards d'euros d'investissements sur 900 projets. La deuxième économie mondiale cherche entre autres à sécuriser son approvisionnement en matières premières ainsi que l'acheminement de ses produits vers ses principaux marchés, particulièrement l'Europe. Au passage, la Chine tente de cimenter sa stature au sommet de la géopolitique mondiale, face aux velléités isolationnistes d'un Donald Trump. «L'isolement conduit à l'arriération. L'ouverture est comme le combat d'une chrysalide qui sort de son cocon. Cela s'accompagne de souffrance, mais cette souffrance crée une vie nouvelle», a lancé Xi Jinping dans son discours d'ouverture. «Les idées de l'ouverture et de la liberté du commerce sont de plus en plus rejetées, très souvent par ceux qui étaient leurs partisans il n'y a pas bien longtemps», a observé Vladimir Poutine. Du côté des Occidentaux, certains observateurs soupçonnent la Chine de vouloir renforcer son influence sur le commerce international par des investissements qui lieront à elle les pays concernés, particulièrement en Asie centrale. La ministre allemande de l'Economie, Brigitte Zypries, a insisté pour que les routes de la soie soient à double sens et pas seulement dans le sens des exportations chinoises. «Il est très important pour nous et nos entreprises que les appels à projet (...) soient transparents, qu'il n'y ait pas de discrimination et qu'ils respectent les normes internationales. Je pense qu'il y a de la marge de progrès à cet égard», a-t-elle lancé devant les délégués. Le représentant de Donald Trump, Matt Pottinger, a assuré que les entreprises américaines étaient prêtes à participer à l'initiative, mais en insistant également sur la transparence nécessaire des appels d'offre.