Le musicien et compositeur peine aujourd'hui à boucler le budget de son projet qui pourtant, promettait de la belle qualité artistique. Fêter ses 25 ans de musique est le projet sur lequel n'a cessé de travailler le musicien et compositeur Safy Boutella. Cela devait se tenir cet été, les 20 et 21 juillet. Or, faute de boucler à temps le budget, il a été contraint de reporter ce méga-concert à une date ultérieure. Mais jusqu'à quand? semble se demander Safy Boutella. «Je n'ai cessé de frapper à toutes les portes. Ce sont ces mêmes personnes à qui j'ai envoyé mon dossier et que je rencontrais dehors, me faisant de larges sourires, après, ils n'osent même pas répondre à mon courrier», confie avec dépit Safy Boutella. Aujourd'hui, ce musicien dont le talent n'est plus à prouver ou à remettre en cause, peine à trouver des partenaires qui fédèrent son projet. Pourquoi se détourne-t-on aujourd'hui de cet artiste à la valeur internationale, qui a tant donné pour son pays. Un homme qui se dit sérieux, qui croit réellement en la relève et au potentiel de notre jeunesse. Lui, qui ne souhaite qu'une chose: «Hisser son pays vers le haut». Serait-il victime d'une image trop sérieuse justement, qui effraie les tenants de la médiocrité en Algérie? Seule la crainte d'un artiste peut justifier un tel silence à son égard. Cela nous renvoie à la situation de l'artiste qui est marginalisé en Algérie et à la culture qui n'a pas droit de cité ni à la place qu'elle mérite comme dans tout le reste du monde. Safy Boutella se voit ainsi boycotté lui, un «exemple» de témérité et de créativité. Cela en dit long sur le manque de considération que voue l'Etat à nos artistes en général. Pourtant, le concert qu'il devait animer cette fin septembre devrait nécessiter pas moins de 34 musiciens sur scène, une logistique énorme, des artistes de renom (Khaled, Djamel Allam...) en somme un événement de qualité, censé être présenté aux Algériens. Alors, pourquoi les en priver et surtout, priver un artiste de venir jouer dans son pays et jouir de son art? Cela équivaut à briser la volonté et les compétences en les empêchant de s'épanouir! Déçu, Safy Boutella continue à y croire quand même, nonobstant le fait qu'il a dû baisser le coût du budget à maintes reprises car il refuse de décevoir son équipe technique et artistique qui espère toujours concrétiser ce beau projet. Alors, pourquoi une telle indifférence et se mépris affiché? Pourquoi s'acharne-t-on à briser les passions? Enfin, ne se départissant pas de son optimisme mais tout de même amer, Safy espère réaliser son oeuvre, témoin d'un investissement qui mérite d'être célébré. Un concert exceptionnel qui mérite d'être vu par le public. Cela devrait être une occasion de découvrir ou redécouvrir ses belles compositions de films qui témoignent de la variété de l'inspiration de cet artiste qui mêle le traditionnel au contemporain ainsi que les compositions originales et spectacles chorégraphiques et musicaux qu'il a donnés au cours de sa carrière. Faire la sourde oreille à cet artiste est la preuve qu'on laisse échapper nos énergies pour qu'elles partent se développer sous d'autres cieux où la reconnaissance est là. Aujourd'hui, Safy Boutella bute, nous l'avons dit plus haut, sur le manque de financement à même de boucler le budget technique de ce spectacle. Quand on sait qu'un Adel Imam et autres stars orientales sont payées rubis sur l'ongle, on peut se poser des questions. Un état de fait qui en dit long sur les conditions qui prévalent dans la gestion culturelle de notre pays.