Ce haïk est très souvent perçu comme habit laissant sentir la joie de vivre, la belle vie Sa porteuse, la femme, voile sa coquetterie sans pour autant cacher son niveau social. Le haïk, ce patrimoine vestimentaire national ne tombe pas de sitôt en désuétude tant qu'il continue à trouver aussi bien des preneurs que des défenseurs acharnés, des femmes et des hommes obnubilés par la nécessité de sa préservation. Pour les habitants de l'Oranie, «le mrema» est une affaire d'honneur. Car, il est aussi symbole, à la fois, de pudeur et d'élégance féminine. En fait, il représente une partie prenante de l'identité nationale et un facteur de promotion touristique. A Tlemcen tout comme à Oran ou encore à Relizane, Mascara et Tiaret, à Aïn Témouchent, sinon à Sidi Bel Abbès, le haïk «mrema» demeure cet habit authentique, le porter est synonyme, outre d'élégance, de notabilité et de décence. Sa porteuse, la femme, voile sa coquetterie sans pour autant cacher son niveau social. Ce voile, tout blanc cousu, très souvent en pure soie, est propre à la femme maghrébine. Il fait toujours bon de vivre dans la ville des sept portes, Tlemcen. Cette ville, prospère et très fréquentée, était le lieu de prédilection des commerçants venant de toutes parts. Dans cette cité, le haïk a un aspect pratique non négligeable, défendant sa porteuse contre des regards indiscrets et désobligeants. Seuls les yeux «mbalguines» ou encore séducteurs sont apparents, scrutant le chemin à prendre lorsque la femme est en déplacement dans le cadre de l'accomplissement de ses obligations. Le haïk «m'rema» est fait à partir de la pure soie. Il est porté à l'occasion des sorties ou encore lors des grandes occasions. Autrefois, ce type de haïk a constitué une tenue emblématique de sortie devançant de loin l'avènement de la «djellaba» et du hidjab. Peu de femmes expérimentées détiennent le secret et la maîtrise de l'ajuster et de le porter majestueusement. Dans l'Oranie, plusieurs qualités de haïk «mrema» sont en vogue. Le haïk «mrema» haut de gamme était réservé aux soirées de mariage et autres cérémonies importantes comme la célébration des mariages, fiançailles, circoncisions etc. Sa porteuse est cette femme-oiseau souvent aux formes canons, débordant d'élégance, ne se cachant pas, comme un oiseau, pour mourir. Mais bien au contraire, ce haïk est très souvent perçu comme habit laissant sentir la joie de vivre, la belle vie. C'est d'ailleurs comme la tenue traditionnelle algérienne, plus précisément de la ville de Tlemcen, la Chedda. Cet habit est porté à Tlemcen, Mascara, Oran et Mostaganem. Pur produit de l'artisanat tlemcénien, elle était portée par les princesses tlemcéniennes d'antan. Cette tenue comporte un caftan traditionnel en velours cousu aux fils d'or, orné de perles de culture, de colliers, de la «meskia» et du «graffache» (cravache). Des «khorsa» (espèce de boucles d'oreille) qui tombent des tempes et d'énormes boucles d'oreille sont suspendues à une calotte conique brodée au fil d'or et déposée comme une couronne sur la tête. A Tlemcen, tout comme à Oran ainsi qu'un peu partout dans le pays, une telle tenue coûte les yeux de la tête. La mariée a l'embarras du choix en portant le haïk «mrema» ou bien la Chedda le jour de ses noces, mais également les autres femmes lors des mariages. Les deux habits, intimement liés, sont fusionnés par d'autres bijoux comme les perles de culture «djouhar», les colliers suspendus «meskia», et «el-kholkhal» qui se mettent autour de la cheville, en plus des bracelets alors que la tête est coiffée d'une chechia conique brodée de fils d'or sur laquelle est noué le «mendil» de mensoudj, genre de foulard ou sont posés le «zerrouf» (la zrouf) comprenant le «djébin» (sorte de perles) et autres ornements. Depuis 2012, la Chedda est inscrite au patrimoine culturel immatériel de l'humanité, en tant que costume nuptial de Tlemcen.