Ces deux athlètes ont eu le mérite d'arracher leur qualification sur le terrain. L'Algérie aux Jeux olympiques d'hiver, cela a été possible en 1992 à Albertville en France. Cette année-là, 4 skieurs algériens s'étaient retrouvés dans le plus grand rassemblement d'athlètes de sports d'hiver de la planète. Quatre skieurs qui avaient été engagés sur invitation du CIO qui perpétuait la devise du baron Pierre de Coubertin, père fondateur des Jeux olympiques modernes pour lequel «l'essentiel était de participer». C'est ainsi que des pays n'ayant pas des athlètes de qualité capables d'engranger des points dans les plus grands circuits internationaux en vue d'obtenir une qualification, pouvaient en engager sur simple invitation de l'instance olympique internationale. Au mois de février prochain, les Jeux olympiques d'hiver se dérouleront à Turin, une ville italienne. A cette occasion, l'Algérie y déléguera deux représentants (trois peut-être car il se pourrait qu'une spécialiste du patinage artistique venant de Belgique soit prise): une fille et un garçon. A la différence des quatre skieurs des Jeux de 1992, ces deux athlètes devront leur participation au fait d'avoir décroché leur qualification sur le terrain, c'est-à-dire sur les pistes enneigées du circuit international de la Fédération internationale de ski (FIS). Le CIO n'a rien à voir dans cette histoire d'où le mérite de Christelle Douibi et de Noureddine Bentoumi, ces deux sportifs qui auront l'honneur de défendre les couleurs algériennes lors de cet événement de dimension planétaire. Christelle et Noureddine ont la même histoire: celle d'être nés en France, d'y avoir vécu et un beau jour d'avoir opté pour le pays de leur origine, celui de leurs parents : l'Algérie. L'histoire est plus prenante pour Christelle, encore junior, qui, jusqu'à récemment, faisait partie de l'équipe de France de ski alpin, de sa catégorie. «Trop souvent lorsqu'on m'engageait dans une compétition, nous a-t-elle dit, on me faisait remarquer que mon nom n'avait pas une consonance française. Etant gamine, je n'y prenais pas attention, mais avec l'âge j'ai fini par prendre conscience que j'avais des racines algériennes. Puis le temps passant, je me suis dit qu'il serait bien que je défende les couleurs de ce pays que je ne connaissais pas, mais d'où venait toute ma famille. Je me suis alors adressée au consulat d'Algérie à Grenoble à qui j'ai fait part de mon souhait. Grâce à ce consulat, les liens avec la Fédération algérienne de ski ont pu se nouer». Mais pour qualifier Christelle au sein de l'équipe d'Algérie, cela n'a pas été facile, car elle avait déjà concouru pour l'équipe de France et les règlements sportifs internationaux interdisent ce genre de transfert. C'est grâce au Comité olympique algérien qui a demandé une dérogation au CIO que Christelle a pu rejoindre les rangs de l'équipe d'Algérie. Une fois l'accord du CIO obtenu, la Fédération française de ski n'a fait aucune opposition à la demande que lui avait adressée en ce sens son homologue d'Algérie. D'autant que les relations entre les deux fédérations sont très bonnes. Pour ce qui est de Noureddine Bentoumi, cela a été plus simple pour le qualifier au sein de l'équipe d'Algérie n'ayant pas concouru auparavant pour les couleurs de la France. Mais lui aussi s'était adressé au consulat d'Algérie de Grenoble pour se faire connaître et faire valoir son désir de concourir pour le pays de ses origines. Noureddine est un spécialiste du ski de fond et on croit savoir qu'il est le meilleur athlète du monde arabe et même africain dans cette spécialité. A Turin, ce ne sera pas la première fois qu'il représentera l'Algérie à une grande compétition internationale puisque l'hiver dernier en Allemagne, il avait pris part au championnat du monde. Christelle et Noureddine étaient en Algérie la semaine dernière pour une prise de contact avec les responsables de leur nouvelle fédération, celle de l'Algérie, au premier desquels son président M.Ali Guerri ainsi qu'avec le président du Comité olympique algérien, M.Mustapha Berraf. Ils ont, par ailleurs, passé une visite médicale et perçu leur bourse de préparation au même titre que tous les athlètes algériens engagés dans une échéance olympique. Après quelques jours, ils ont regagné la France et leur club, le GUC (Grenoble Université Club). Chacun de son côté va, donc, se mettre à préparer Turin. Christelle avec ses équipières de club (l'une d'elles est Carole Montillet , la championne olympique). «Mes dirigeants et mes camarades de club ont tous été épatés de me voir concourir pour l'Algérie. Ils ne cessent de m'encourager pour les Jeux», nous dira Christelle. En ce qui concerne Noureddine, il aura le privilège de s'entraîner avec l'équipe de France de ski de fond. «C'est sur demande de son homologue d'Algérie, que la Fédération française de ski a accepté que je m'entraîne avec ses meilleurs athlètes. Elle nommera même un entraîneur spécialement pour moi», nous indique Noureddine. A Turin, nos deux sportifs rencontreront la crème des athlètes des sports d'hiver. Ils n'en font pas une montagne. «Noureddine et moi avons l'habitude des grandes compétitions organisées par la FIS. Nous avons d'ailleurs acquis notre qualification pour les JO de Turin dans des compétitions de haut niveau en Europe. C'est là que nous avons pu obtenir les points nécessaires pour participer aux JO. On a préféré cela pour montrer que l'on méritait notre qualification alors qu'on aurait pu aller concourir en Argentine, comme l'ont fait les Marocains par exemple, dans des courses de moindre niveau pour gagner notre place pour Turin», nous ont-ils dit. Turin où justement ils attireront l'attention des Algériens en février prochain même s'ils ne passent pas pour être des favoris en puissance. Sur ce point, Christelle soulignera: «Nous savons que pour être sur le podium, cela va être difficile car nous aurons affaire aux meilleurs spécialistes de la planète. Pour nous, il y a déjà un objectif d'atteint, c'est celui d'être là et de pouvoir concourir. Le second consistera à montrer que nous n'irons pas en Italie pour faire de la figuration. Quant au troisième objectif, chacun de nous l'a bien dans sa tête et chacun de nous pense que tout peut être possible en sport».