Les prix du pétrole s'affichaient à la hausse, hier, en cours d'échanges européens alors que l'Arabie saoudite reprenait ses exportations par le détroit de Bab el-Mandeb. Le baril est apparemment blindé. Le contexte géopolitique n'agit pas sur lui au point de le déstabiliser. Les dégringolades ne seraient donc qu'un mauvais souvenir? Il est certainement impératif de se poser une telle question car l'or noir nous a habitués à des réactions plutôt intempestives qui ont quelquefois défié toutes les prévisions. Pour le moment on peut toutefois affirmer que les cours de l'or noir tiennent bon avec comme principal atout une situation qui jouerait plutôt en sa faveur. Il y a d'abord cette menace des sanctions américaines contre l'Iran qui priverait le marché de 1 million de barils par jour. Une mesure dont l'effet doit être atténué par une probable augmentation de la production saoudienne qui, selon de nombreux spécialistes, ne serait pas suffisante pour faire baisser les prix. Comme l'aurait souhaité le président américain dont les déclarations et les intentions belliqueuses produiraient plutôt l'effet contraire de celui escompté. «Les facteurs de hausse n'ont pas changé», ont estimé les analystes de Société Générale. «les sanctions (américaines) contre l'Iran vont faire disparaître un million de barils par jour du marché» alors que «les capacités de hausse de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) s'amenuisent» ont-ils souligné. Les premières sanctions américaines contre l'Iran entreront en vigueur aujourd'hui, elles seront suivies d'une autre vague qui visera les exportations de pétrole iranien, qui prendra effet en octobre prochain. Washington a menacé de sanctions les pays qui persisteraient à importer du pétrole de la République islamique d'Iran. Pékin a déjà averti qu'elle n'obtempérera pas. «Les autorités chinoises, citées par plusieurs sources de presse, conserveront leurs liens avec le producteur de pétrole», ont indiqué les analystes de JBC Energy. Des informations qui ne semblent pas perturber outre mesure les prix qui restent bien calés dans une fourchette entre 70 et 75 dollars. Hier vers 12h 00, heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre valait 74,07 dollars sur l'Intercontinental Exchange de Londres, en hausse de 86 cents par rapport à la clôture de vendredi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange, le baril de «light sweet crude» pour le contrat de septembre prenait 99 cents pour se négocier à 69,48 dollars. Ce qui n'est pas fait pour déplaire aux pays producteurs (Opep-non Opep) dont l'Algérie qui a joué un rôle central dans le rebond des prix du pétrole. Grace à l'accord historique d'Alger qui s'est avéré être une digue qui est parvenue à enrayer les assauts répétés de la déferlante du pétrole américain. Scellé le 28 septembre 2016 en marge du 15ème Forum international de l'Energie, il s'est traduit par une baisse de l'offre des pays Opep et non-Opep de près de 1,8 million de barils par jour décidée le 10 décembre à Vienne, en Autriche. Depuis, les prix du pétrole ont cessé de piquer du nez. Mieux encore. Ils se maintiennent largement au-dessus de la barre des 70 dollars. Un prix qui a permis à l'Algérie de confectionner depuis 2017 une loi de finances sur la base d'un baril à 50 dollars, de diminuer son déficit commercial de près de moitié et de maintenir ses réserves de changes à un niveau appréciable. Autour des 94 milliards de dollars fin mars 2018. Les prix actuels de l'or noir devraient contribuer à ne pas trop les éroder et permettre au pays de juguler la crise financière qui a mis à mal sa trésorerie.