L'Opep produit trop de pétrole Après l'euphorie provoquée par les déclarations du ministre russe du Pétrole qui avait annoncé que son pays et l'Arabie saoudite étaient prêts à réduire leur production de 5%, les prix du pétrole ont marqué une pause. Le baril attend des actes. Les effets d'annonces...sans lendemain ne peuvent que l'inciter à reprendre sa descente aux enfers. C'est le message clair qu'il vient d'envoyer hier. Après l'euphorie provoquée par les déclarations du ministre russe du Pétrole qui avait annoncé que son pays et l'Arabie saoudite étaient prêts à réduire leur production, les prix du pétrole ont marqué une pause. Les cours de l'or noir continuent de souffrir sous la pression d'une offre pléthorique. En plus du pétrole de schiste américain qui a saturé le marché les experts jugent que l'organisation des pays producteurs de pétrole pompe de plus en plus d'or noir. «En effet, il semble que l'Opep produit toujours trop de pétrole, du fait notamment de l'augmentation de la production en Iran après la levée en janvier des sanctions économiques qui frappaient le pays», indiquaient les analystes de Commerzbank. Le baril a-t-il été influencé par les annonces successives qui ont fait état d'une réunion imminente entre pays producteurs (membres et non-membres de l'Opep) qui serait inévitablement sanctionnée par une réduction de la production mondiale? Les observateurs ne sont pas loin de le penser. «Les cours du pétrole ont fini vendredi la semaine d'échanges sur d'importants gains du fait des spéculations qui animent le marché depuis le milieu de la semaine dernière sur une baisse de production coordonnée entre la Russie et l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole)», poursuivaient les analystes du second groupe bancaire allemand. La Russie a-t-elle bluffé le baril? La reculade des prix du pétrole répond de manière explicite à la question. Leur redressement ne se concrétisera que lorsque l'excédent d'or noir qui noie le marché sera épongé. Ce que les experts confirment. «Si une réduction de production était effectivement décidée par les deux pays, la Russie et l'Arabie saoudite combinées produiraient alors déjà 1 million de barils par jour en moins. Si elles devaient être rejointes par d'autres producteurs, l'excès d'offre pourrait être entièrement éradiqué du marché», soulignaient les analystes de Commerzbank. Une initiative qui se profilait. Le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak, qui a annoncé le 28 janvier que son pays était disposé à collaborer avec l'Opep afin de diminuer l'offre. Il avait explicitement évoqué le chiffre de 5%. Les pays de l'Opep (comme le Venezuela, l'Arabie saoudite...) et les pays producteurs de pétrole non membres de cette organisation (comme la Russie) sont «proches» d'un accord visant à stabiliser les prix du pétrole... avait renchéri, deux jours plus tard le président vénézuélien Nicolas Maduro dont le pays figure parmi les plus affectés par la dégringolade des prix du pétrole. Le baril qui a réagi favorablement à ces sorties médiatiques tonitruantes a été freiné dans son élan. Hier, vers 12h45 heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril, dont c'est le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, se négociait à 35,96 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, un recul de 3 cents par rapport à la clôture de vendredi. Il a grimpé à 36,25 dollars, en cours d'échanges, son niveau le plus élevé en près de quatre semaines, sur le marché asiatique. La perte est plus marquée à New York. Vers 15h15, le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mars cédait 1,14 dollar pour afficher 32,48 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), alors qu'il avait engrangé plus de trois dollars de gain lors des quatre séances précédentes. En attendant une hypothétique décision des pays producteurs (Opep et hors Opep), le baril se contente de coups d'artifice pour entretenir l'espoir d'une remontée durable des prix du pétrole...