Les forces syriennes bombardaient intensivement depuis dimanche soir une zone désertique où sont installés des groupes armés de Daesh, près de la province de Souaïda, dans le sud de la Syrie. Les autorités syriennes ont approuvé la création d'un comité chargé d'organiser le retour de plus de cinq millions de réfugiés établis hors du pays en guerre, une décision qui fait suite à une initiative russe. Selon un communiqué publié hier par l'agence de presse officielle Sana, le gouvernement a approuvé lors de sa dernière réunion «la création d'un comité de coordination pour le retour des déplacés (établis) à l'étranger». Il sera chargé, entre autres, «d'intensifier les contacts avec les pays amis dans le but de faciliter le retour» des réfugiés syriens qui sont environ 5,6 millions selon l'ONU. La Russie, alliée de Damas, avait appelé le mois dernier la communauté internationale à aider au retour en Syrie des réfugiés chassés par le conflit même si ce dernier se poursuit. Le comité, présidé par le ministre de l'Administration locale et de l'Environnement, Hussein Makhlouf, sera formé de représentants de plusieurs ministères et d'autres organes étatiques, a rapporté Sana. Par ailleurs, les forces syriennes bombardaient intensivement dimanche soir une zone désertique sous le contrôle du groupe Etat islamique (EI) près de la province de Souaïda, dans le sud de la Syrie. «Les bombardements et les combats entre les forces du régime et l'EI se sont intensifiées au cours de la soirée et se poursuivent à l'heure actuelle», a indiqué le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.»Le régime avance aux abords nord et nord-est de Souaïda» adjacents à la partie désertique de la province méridionale, a-t-il ajouté. Cette opération militaire serait «le début d'une offensive du régime pour déloger l'EI de cette poche» dans la Badiya (désert) de Soueida, a poursuivi M. Abdel Rahmane, selon lequel»d'importants renforts militaires ont été amassés» par les forces loyalistes. Ces combats et bombardements interviennent alors que la Russie a échoué dans ses négociations pour faire libérer une trentaine d'otages civils enlevés par l'EI le mois dernier, au terme d'une série d'attaques coordonnées contre la province de Souaïda, ayant fait plus de 250 morts. Dimanche, l'OSDH et le média en ligne Soueida24 ont annoncé la décapitation d'un des otages de l'EI, un étudiant de 19 ans. Cette exécution, la première depuis les enlèvements, est intervenue «après l'échec des négociations avec les forces du régime», selon l'OSDH. Les Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition arabo-kurde qui a lutté contre l'EI avec le soutien des Etats-Unis, ont indiqué dimanche être prêtes à procéder à un échange avec l'EI pour sauver la vie des otages. Cette initiative «ne remplace pas la médiation russe», ont-elles indiqué. L'EI, qui n'a pas revendiqué cette exécution ni les enlèvements, a été laminé par de multiples offensives en Syrie, et contrôle aujourd'hui moins de 3% du territoire. Il parvient toutefois à frapper comme l'ont montré les attaques sanglantes contre Souaïda et les enlèvements. Les FDS ont en outre nié avoir recruté des enfants dans ses milices, réfutant les accusations de Human Rights Watch et s'engageant à faire rendre des comptes aux éventuels d'»abus individuels». L'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) avait accusé vendredi la milice kurde des Unités de protection du Peuple (YPG) de recruter des enfants dans les camps de déplacés du nord-est syrien. Cette milice est la colonne vertébrale des Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition kurdo-arabe engagée dans la lutte anti terroristes. Le Conseil démocratique syrien, bras politique des FDS, a réagi dimanche aux accusations de HRW, réfutant l'existence d'une telle politique au sein des forces kurdes, et dénonçant de possibles «abus individuels irresponsables». «Ce qui a été évoqué dans le communiqué de HRW, ce ne sont que des abus individuels irresponsables, qui ne représentent pas la méthode ou la stratégie générale du Conseil démocratique syrien», poursuit-il. Le Conseil promet d'étudier les «allégations» et «si les faits sont avérés, de restituer aux familles les enfants qui ont été enrôlés (...) et de faire rendre des comptes aux responsables de ces abus». Le droit international interdit aux factions armées non étatiques de recruter des combattants de moins de 18 ans, et l'enrôlement d'enfants de moins de 15 ans est considéré comme un crime de guerre. Huit familles dans trois camps de déplacés dans le nord de la Syrie ont affirmé à HRW que les miliciens et forces de sécurité kurdes avaient encouragé leurs enfants à rejoindre les rangs des combattants. La plus jeune recrue était une fille de 13 ans. Des milliers de personnes vivent dans des camps dispersés sur les zones contrôlées par les YPG, alliées des Etats-Unis dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI).