Les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants arabo-kurdes soutenus par Washington, ont lancé un assaut pour prendre le contrôle de Raqqa, fief du groupe terroriste autoproclamé Etat islamique en Syrie. L'information a été révélée hier par le Premier ministre turc, Binali Yildirim. L'annonce de M. Yildirim contredit les déclarations des FDS qui ont affirmé samedi que l'assaut serait lancé «dans quelques jours». «L'opération de Raqqa, prévue longtemps à l'avance, a commencé tard le 2 juin. Les Etats-Unis ont donné (à la Turquie) les informations nécessaires sur cette question avant l'opération», a précisé M. Yildirim aux médias locaux, dont l'agence Anadolu. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait averti les Etats-Unis que la Turquie ne prendrait pas part à une opération pour reprendre Raqqa au groupe terroriste Daech en Syrie, aux côtés des milices kurdes. Or, Washington soutient les milices kurdes des YPG (Unités de protection du peuple kurde) qui sont la principale composante des FDS. La Turquie considère les YPG comme l'extension en Syrie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit), qui livre une sanglante lutte armée depuis 1984, et qui est classé «terroriste» par la Turquie et ses alliés occidentaux. Les Etats-Unis ont commencé à livrer des armes aux YPG, mais cette décision a provoqué la colère d'Ankara. Le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu, a appelé, mercredi, Washington à «revenir sur cette erreur», estimant que la livraison d'armes aux YPG était «extrêmement dangereuse». La Turquie redoute la création d'une zone contrôlée par les Kurdes dans le nord de la Syrie, à la frontière turque. De son côté, l'armée syrienne a repris hier Maskana à Daech, une localité stratégique de l'est de la province d'Alep. La prise de Maskana, située sur la rive ouest du lac Assad, s'inscrit dans le cadre de la vaste opération militaire lancée par le régime à la mi-janvier, avec le soutien des Russes, pour vaincre l'EI dans la province d'Alep. «Des unités de l'armée et des forces combattantes poursuivent leur avancée dans la province est d'Alep et traquent des groupes de l'organisation terroriste Daech», a indiqué une source militaire citée par les médias d'Etat syriens. «Elles rétablissent la sécurité et la stabilité dans la commune stratégique de Maskana et dans plusieurs villages et lieux importants», a ajouté cette source. Depuis le lancement de son opération, l'armée syrienne est parvenue à prendre le contrôle de plus de 200 localités et villages. L'EI n'a plus que «quelques villages dans le désert, dont il est facile de prendre le contrôle, disséminés dans l'est et le sud-est de la province d'Alep», selon Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Maskana est située à 15 km de la frontière administrative avec la province de Raqqa. Selon une source militaire interrogée par la presse, «la localité de Maskana est la dernière agglomération importante de la province est d'Alep avant celle de Raqqa». «Celui qui contrôle Maskana contrôle l'axe reliant Alep à Raqqa», a ajouté cette source. La présence de l'EI dans l'est de la province d'Alep «touche à sa fin», selon elle.