Cette éventualité a toujours été catégoriquement exclue par les autorités européennes qui considèrent que la Libye n'offre pas de port «sûr». Le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, a menacé hier de renvoyer vers la Libye les quelque 180 migrants bloqués depuis trois jours au large de l'île de Lampedusa, si aucune solution européenne n'était trouvée. Cette éventualité a toujours été catégoriquement exclue par les autorités européennes qui considèrent que la Libye n'offre pas de port «sûr», une condition requise par le droit maritime international. «Ou l'Europe décide sérieusement d'aider l'Italie concrètement, à partir par exemple des 180 migrants à bord du navire Diciotti, ou nous serons contraints de (...) raccompagner dans un port libyen les personnes secourues en mer», a déclaré hier M. Salvini qui est aussi le chef de la Ligue (extrême droite) et vice-Premier ministre. Ce navire des garde-côtes italiens est bloqué depuis jeudi devant l'île italienne de Lampedusa, faute d'autorisation pour accoster, le gouvernement populiste italien réclamant de Malte qu'elle prenne en charge ces migrants. Le gouvernement maltais, qui avait laissé mercredi accoster L'Aquarius avec 141 migrants à bord, après un accord pour les répartir dans plusieurs pays européens, a répliqué en affirmantque les migrants avaient refusé l'aide d'une vedette maltaise parce qu'ils voulaient gagner l'île italienne de Lampedusa. L'intervention du Diciotti n'avait rien d'un sauvetage mais visait plutôt à empêcher l'embarcation transportant ces migrants de parvenir aux eaux italiennes, a affirmé le ministre maltais de l'Intérieur, Michael Farrugia, sur Twitter. «L'interception d'un navire qui exerce son droit à la liberté de navigation en haute mer n'est pas considérée comme un sauvetage», a souligné le ministre maltais. La réaction maltaise a rendu furieuses les autorités italiennes, déjà très irritées par l'opération lancée par les garde-côtes italiens, sans l'aval de Rome, selon M. Salvini. «Le comportement de Malte est encore une fois inadmissible et mérite des sanctions», a affirmé hier sur Twitter le ministre italien des Transports, Danilo Toninelli. En juillet, des garde-côtes italiens envoyés surveiller de loin des dizaines de migrants entassés sur une barque de pêche avaient déjà commencé à les secourir sans attendre le feu vert de Rome où le gouvernement leur demandait d'attendre que Malte s'en charge. «Tous les bateaux utilisés par les migrants quittant la Libye ne sont pas adaptés pour ce voyage et sont automatiquement considérés comme en détresse, même s'ils ne sont pas en train de couler au moment du sauvetage», a fait valoir jeudi Flavio Di Giacomo, porte-parole en Italie de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). En juillet, ces migrants étaient restés trois jours à bord du Diciotti, le même navire qui est intervenu cette semaine, jusqu'à ce que l'Italie accepte leur arrivée après avoir obtenu que d'autres Etats européens en accueillent une partie.